ÉDITION: DE “NOIR SUR BLANC” À “BLEU AUTOUR”, UNE AVENTURE QUI A DÉBUTÉ EN BOURBONNAIS DANS LES ANNÉES 1980… ET QUI DURE ENCORE

 

Jean-Paul PERRIN

allier-infos@sfr.fr

• Si le Bourbonnais a su rester une terre d’écrivains, comme en atteste notamment l’association Cheminements littéraires en Bourbonnais, il n’en est pas de même pour les maisons d’édition. Après le foisonnement, certes relatif, des années 1970-1990, nombreuses sont celles qui ont disparu, à l’image des  Marmousets et d’Ipomée, à Moulins, de Des figures et des Lieux, à Dompierre-sur-Besbre, ou encore des Cahiers bourbonnais, à Charroux…Pour ne citer que celles-ci.

• Au milieu de ce  cimetière éditorial, rares sont celles qui, non seulement, ont survécu, mais qui ont su  ou pu se développer, en sortant du strict cadre du régionalisme, tout en conservant leur indépendance financière et éditoriale. C’est le cas des éditions Bleu Autour, fondées par Patrice Rötig, à Saint-Pourçain-sur-Sioule, il y a un quart de siècle. Si la maison d’édition est officiellement née en 1997, les aventures journalistiques et éditoriales  de leur fondateur en territoire bourbonnais ont débuté il y a plus de 40 ans, via la publication de L’Almanach nouveau du Bourbonnais, de  La Lettre de l’Allier et de plusieurs journaux “de pays”. Retour sur les temps forts de ce parcours, du journalisme à l’édition

DE L’ALMANACH NOUVEAU DU BOURBONNAIS

À LA LETTRE DE L’ALLIER

Patrice Rötig (2016) (Photo S. Trémodeux – La Montagne)

• Né à Paris en 1953, Patrice Rötig  a grandi dans un milieu familial aux règles plutôt  strictes. Il a  passé quatre années  à Istanbul entre 1956 et l’été 1960, lorsque son père y a été envoyé pour une mission professionnelle auprès de la banque ottomane et c’est là, chez les Sœurs, qu’il dit avoir appris à lire et à écrire. De retour à Paris, il poursuit ses études, chez les jésuites. À dix-sept ans, vient pour lui le moment de la rupture avec un carcan familial devenu désormais insupportable. D’abord étudiant en histoire , il bifurque ensuite vers le journalisme en entrant au Centre de formation des journalistes, qu’il quittera au bout de quelques mois. 

• En 1976, nanti de ce début de formation, il décide de tourner le dos à Paris et de mettre le cap sur la province. Son choix se porte sur le département de l’Allier, où il pose ses valises, d’abord dans les locaux de l’école de Contigny puis, quelques années plus tard, au 13 rue Pasteur,  à Saint-Pourçain-sur-Sioule: “J’avais la volonté de m’approprier un territoire, expliquait-il en 2015 dans les colonnes de la revue professionnelle Livres Hebdo. Être à un endroit veut dire y travailler, s’y construire, et réfléchir à partir de là. J’ai eu l’impression que je ne comprendrais rien à la France si je ne comprenais pas cette région”. Un demi-siècle plus tard, il y vit toujours et l’Allier constitue le  point d’ancrage de ses activités professionnelles.  Parce qu’il faut bien  vivre, il a d’abord fait le choix de se lancer dans la publication de journaux, en “léger” décalage avec la presse régionale et départementale.

François Colcombet

• En même temps qu’il débute dans la presse, il croise en 1977 un certain François Colcombet qui entame une carrière  en politique  : “Au milieu des années 1970, lorsque m’évadant du Paris Ouest de ma jeunesse, j’ai débarqué à 22 ans dans l’Allier, (François Colcombet) commençait à peine à se manifester sur la scène publique locale, d’abord celle de sa cité natale, Dompierre-sur-Besbre”, écrit Patrice Rötig dans l’introduction  au Journal intime de l’Allier. Entre celui qui passe pour “un juge rouge”, pour avoir cofondé le syndicat de la magistrature, et le jeune journaliste que la vieille classe politique bourbonnaise observe avec une certaine méfiance,  naît alors une amitié solide,  doublée d’une collaboration, que les années ne démentiront pas. Une des premières interviews de François Colcombet  paraîtra dans l’éphémère Feuille  de Moulins et de sa région, dans laquelle le jeune journaliste n’hésitait pas à “défier” Hector Rolland,  alias Spartacus, maire de Moulins et député RPR, cultivant volontiers l’image du député à la fois “de base” et  “godillot”. 

La Lettre de l’Allier (n° 0 – juin 1985)

• Une des premières  expériences de presse marquantes sera, à l’aube des années 1980, le lancement de la Lettre de l’Allier. D’une présentation austère, à l’origine, jouant un peu sur l’image des lettres confidentielles, elle entendait porter un regard neuf sur l’actualité bourbonnaise, qu’elle soit politique, sociale, économique ou culturelle. Le tout mâtiné d’une certaine liberté de ton qui avait alors quelque peu  surpris le personnel politique local. Des articles de fond y cohabitaient avec d’autres articles et des  brèves  aux allures  de “poil à gratter”, ce qui avait parfois  le don d’agacer certains élus et décideurs. D’une périodicité parfois un peu chaotique, et malgré un changement de présentation, la Lettre de l’Allier qui avait évolué vers un aspect davantage magazine, n’avait finalement vécu que cinq ans, entre son lancement en juin 1985 et sa disparition en décembre 1990, au terme de 41 numéros.

Le dernier n° de la Lettre de l’Allier (décembre 1990)

• À la une du n° 0 (juin 1985), après voir rappelé la filiation avec l’Almanach nouveau du Bourbonnais, Patrice Rötig présentait la nouvelle publication comme  “ totalement indépendante, condition indispensable  pour faire du journalisme en toute liberté”, tout en reconnaissant que “sans doute, la subjectivité  des artisans transparaîtra(it)-elle”, dans la mesure où “on ne peut que tendre vers l’objectivité”. Autre but  affiché, celui de  “contribuer à décloisonner ce département écartelé entre les trois pôles de Moulins, Montluçon et Vichy”. Concrètement, étaient annoncés des informations exclusivesdes synthèses sur les questions d’actualité,  des papiersoù l’on dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas”, ce qui devait faire de La lettreUn outil pour être bien informé, et souvent avant les autres sur ce qui fait la vie de ce département”. Rendez-vous avait alors été donné aux futurs lecteurs pour le n° 1, annoncé pour septembre.

• Quelques années plus tard, dans le centième numéro d’Action 13, le magazine des 13 communes du pays de Marcillat, en évoquant cette période de sa vie professionnelle, Patrice Rötig définissait La lettre de l’Allier qui avait, depuis,  rendu les armes comme “une feuille départementale iconoclaste qui réussissait plus souvent qu’à son tour,  sinon à propos de Mitterrand et de Jean Cluzel, du moins sur bien des sujets locaux ou non (…) à faire l’unanimité contre lui lors des discussions homériques qui suivaient”. Et d’expliquer en forme de mea culpa :“J’étais un peu jeune, un peu vif, un peu gauchiste, je voyais beaucoup trop de choses  à travers le prisme de la politique, en méconnaissant que les différences pouvaient être transcendantes, en l’occurrence par la volonté de développer un pays (…). Je sentais un peu le soufre mais Bernard Barraux (maire de Marcillat, conseiller général et futur sénateur, ndlr), qui n’était pas encore convenable, n’en avait cure”…

ACTION 13, INFO 30, INTERVAL

LA GRANDE ÉPOQUE DES JOURNAUX DE PAYS

La Lettre de l’Allier, pour marquante qu’elle ait été,  n’était pas la première incursion de Patrice Rötig dans la presse. En 1982 et 1983, la petite structure éditoriale nichée dans l’association  Éditer en Bourbonnais, s’était déjà fait la main en  ressuscitant la tradition de l’almanach, avec la parution de   L’Almanach nouveau du Bourbonnais, riche de 180 pages pour la première édition et de 190 pages pour la seconde. Par son titre, il entendait s’inscrire dans la tradition de  L’armania nouviau des pesans, qui avait connu les foudres de la censure et de la justice en 1872. Malgré la variété des thèmes et des auteurs sollicités (parmi lesquels figurait François Colcombet), avec des angles d’approche originaux, une  liberté de ton, saupoudrée d’un brin d’impertinence, l’Almanach n’avait pas connu de troisième édition.

• Avec  son complice de l’époque, Didier Arrachart, Patrice Rötig avait aussi lancé Noir sur Blanc, l’équivalent d’une agence de presse qui apportait son savoir-faire rédactionnel et technique dans la réalisation de  plusieurs journaux de Pays comme Action 13, pour le Pays de Marcillat. Une bonne dose de professionnalisme indispensable pour   des équipes souvent composées de bénévoles, côté rédaction.  On retrouvera  la touche de Noir sur Blanc dans La Quinaude, publiée en Montagne bourbonnaise, et dans  Info 30, journal des Pays de Lapalisse, Le Donjon, Jaligny, lancé à l’hiver 1989. L’expérience durera jusqu’à l’Automne 2003. Le titre sera alors fondu  dans  Interval, trimestriel déjà publié depuis 2001 par  Noir sur Blanc, qui rayonnait sur la Sologne Bourbonnaise et la région de Moulins. L’ambition de l’équipe qui comptait alors 5 journalistes était toujours “d’user d’une grande liberté de ton  pour rendre compte de la vie de la région, sous toutes ses formes et de favoriser le débat démocratique et le développement local”.

• Dans l’édition de 1983 de L’Almanach nouveau du Bourbonnais,  dans un article consacré à “l’hécatombe des mensuels différents ” Patrice Rötig  avait déjà expliqué  que “au centre de ces difficultés (figurait) l’amateurisme  des artisans de cette presse différente  qui étaient tous des bénévoles, si l’on excepte les deux permanents  (lui-même et Didier Arrachart) à la tête respectivement de Val d’Allier Actualité et La Feuille de Moulins et de sa région”. Ce qui n’avait pas empêché le premier titre de succomber au terme de seulement  deux numéros, le second   parvenant à en sortir quatre. Et d’ajouter : “Deux permanents  qui trop seuls et (encore) insuffisamment professionnels, durent rapidement abandonner et devaient plus tard  être à l’origine de l’Almanach nouveau du Bourbonnais”.

• Au-delà des journaux de pays, Noir sur blanc devait aussi intervenir dans la conception d’un magazine consulaire (Moulins – Vichy économique, magazine de la CCI de Moulins-Vichy), voire dans la réalisation de  journaux d’entreprise, comme le Rechampi publié par l’entreprise Sogeb-Mazet à Montluçon.

2010 :  LE RECENTRAGE DE BLEU AUTOUR

 SUR L’ÉDITION DE LIVRES

• En 2010, fin de l’aventure journalistique. Patrice Rötig  choisit cette année-là de mettre un terme à  trois décennies passées dans la presse, en cédant sa société, alors qu’elle lui apportait, bon an, mal an, la moitié de son chiffre d’affaires: “ C’était passionnant, expliquera-t-il en 2015, mais  la presse a un côté qui n’en finit pas. J’en avais marre, j’avais envie d’entrer dans du texte qui ne soit pas éphémère.” Objectif : se recentrer totalement sur l’édition de livres. Ce qui ne l’empêchera pas de publier encore ponctuellement  des articles sous son  nom ou sous le pseudonyme de Pierre Vincent, dans différents titres comme Esprit ou Le Monde. C’est ainsi que dans l’édition datée du 13 avril 2023, il a signé un article en hommage à François Colcombet, l’ami fidèle et le compagnon de route depuis les années 1980, dont l’ultime livre, Journal intime de l’Allier,  venait de sortir chez Bleu Autour.

• Cet univers du livre, il y était entré de plain-pied  dès  1997, en fondant les éditions Bleu Autour, deux ans après qu’il eut renoué lors d’un voyage avec l’Istanbul de son enfance : “Ce retour en Turquie (…) m’a(vait) littéralement bouleversé. Je me suis replongé dans mes souvenirs, dans une enfance cadenassée, avait-il expliqué en 2012 au journaliste Hervé Moisan (La Montagne – 29 mars 2012). En revenant en France, je me suis dit qu’il fallait que je fasse des livres. Cette idée a cheminé doucement, je me suis petit à petit séparé de mes activités « presse », pour me consacrer à l’édition”.

• La toute première collection, baptisée  D’un lieu l’autre, avait pour vocation de publier des essais et des ouvrages de littérature, y compris  étrangère. Les deux premiers titres seront Le village et enfin de Luc Baptiste et Vichy-Tombouctou dans la tête de Jean-Michel Belorgey, deux auteurs du crû. Le premier est un spécialiste des sciences de l’éducation, doublé d’un photographe de talent, tandis que le second, ancien  énarque,  avait été élu député socialiste de la IVè circonscription de l’Allier en juin 1981, avant d’être réélu en 1986 et en 1988. 

ÉDITEUR INSTALLÉ EN RÉGION,

MAIS  PAS ÉDITEUR RÉGIONALISTE…

• Pour Bleu Autour et son fondateur, être installé en région ne voulait toutefois pas dire verser dans le régionalisme, en s’en tenant à un vivier d’auteurs du crû, tous “bourbonno-centrés”,   visant une aire de diffusion  restreinte, qui  ne dépasserait guère les limites de la région : “ Je me refuse à publier des ouvrages régionalistes”, expliquait-il en 2012, ajoutant que les seuls titres édités ayant  un ancrage local étaient ceux qui, par leurs thèmes, dépassent justement le cadre local.

• C’est ce que confirme aujourd’hui encore  le  site de Bleu Autour : “L’inscription de Bleu Autour à Saint-Pourçain-sur-Sioule, au nord de l’Auvergne, se traduit par la présence, dans son catalogue, d’ouvrages littéraires d’auteurs issus de la région, de beaux livres nés ici mais de portée extrarégionale“. Il s’agit avant tout de “ Jeter des ponts entre les lieux, les langues et les temps”.  

• Pendant quelques années, les livres ont été accompagnés par la publication d’une revue thématique de qualité, dans le fond et dans la forme, Jim ou le Journal intime du Massif Central. Une publication hybride, entre livre et revue,  aussi coûteuse à produire qu’à diffuser, chroniquement déficitaire, au point qu’elle aurait pu mettre à mal le fragile équilibre financier de Bleu Autour. Ajoutons-y une périodicité pas toujours régulière et un lectorat à géométrie variable, en fonction des thèmes traités… Autant d’éléments qui n’ont pas permis à Jim de s’inscrire dans la durée. 

• Un des principaux problèmes à surmonter, pour un petit éditeur installé en région, étant celui de la diffusion à l’échelle nationale, Patrice Rötig  avait décidé de prendre langue avec   un de ses confrères,  Jean-François Manier, le fondateur avec Martine Mélinette de Cheyne éditions, installé au Chambon-sur-Lignon.  Le diagnostic avait été  sans appel:  « Diffusez-vous et distribuez-vous, vous-même, sinon vous allez mourir vite. » Pendant des années, on allait donc  pouvoir croiser le patron de Bleu Autour, sillonnant les routes de France et de Navarre, au volant de sa camionnette, chargée de livres à faire découvrir aux libraires. Si la tâche est immense  et chronophage, elle a un aspect largement positif:  « Tout un réseau à la fois professionnel et amical s’est créé. Des libraires nous ont ouvert leurs portes, certains nous défendent au-delà du raisonnable, ce qui est très réconfortant et incite à prendre des risques”, expliquait-il en 2015, année où il avait décidé de confier cette lourde mission au diffuseur Harmonia Mundi…sans pour autant renoncer au contact direct avec le monde des libraires.

• Un quart de siècle après leur fondation, les éditions Bleu Autour sont  toujours là, avec plus de 160 titres à leur catalogue. Dans certains articles, on évoque même le nombre de 200. Chemin faisant, l’éditeur a su attirer  et fidéliser des auteurs (mais aussi des traducteurs), devenus de véritables “compagnons de route”,   tels que Luc Baptiste,  Enis Batur, Jean-Michel Belorgey, Jean-Marie Borzeix, Marie-Paule Caire-Jabinet, Agnès Chevallier, François Colcombet, Jean-François Heintzen, François Graveline, Martine Mathieu-Job, Rosie Pinhas-Delpuech, Alain Quella-Villéger, Leïla Sebbar, Elif Deniz Ünal…et bien d’autres. Certains ont même pu jouer et jouent encore  un rôle de conseiller éditorial ou de lecteur, auprès de Patrice Rötig et  d’Emmanuelle Boucaud qui se partagent aujourd’hui le pilotage de la maison d’édition. Au premier, la direction éditoriale, à la seconde, la direction commerciale et administrative. Parmi les titres publiés, René Fallet voisine avec Émile Guillaumin  qui se retrouve en bonne compagnie avec Daniel Halévy, le  visiteur des Paysans du Centre, mais aussi avec Valery Larbaud ou Pierre Loti.

UN CATALOGUE DE PLUS 160 TITRES

RÉPARTIS DANS 6 COLLECTIONS…

• Bleu Autour, qui reste une structure fragile, comme nombre de maisons d’édition indépendantes,  entend conserver son aspect “artisanal d’origine”, avec seulement une douzaine de titres publiés par an. L’article qui est consacré à Bleu Autour, sur le site L’autre Livre, mentionne des tirages moyens autour de 1 500 exemplaires, tandis que Livres Hebdo dans son Annuaire 2020 des éditeurs avançait un chiffre d’affaires de 160 000 €. Comme l’écrivait en septembre  2015 la journaliste Catherine Andreucci, dans la même revue professionnelle, “Le catalogue de Bleu autour ressemble à son fondateur, curieux de tout et surtout des gens, pour peu qu’ils s’interrogent ”. On y trouve  des ouvrages à vocation littéraires, tels que récits, nouvelles, romans, poésie étrangère, mais aussi  des essais, “souvent construits autour de corpus d’images, notamment de cartes postales de la fin du XIXe et du début du XXe siècle”, ainsi que des beaux livres comme ceux centrés sur l’œuvre dessinée et photographique de Pierre Loti, voire de somptueux catalogues d’expositions présentées au Centre national du costume et de la scène de Moulins ou du Musée de l’Opéra de Vichy. 

• L’ensemble est structuré autour de 6 grandes collections. D’un lieu l’autre, la collection d’origine, recèle des textes littéraires (récits, nouvelles, romans), pour moitié traduits de langues étrangères. On y trouve une série de recueils de récits d’enfance initiés par Leïla Sebbar, avec des titres tels que À l’école en Algérie des années 1930 à l’Indépendance, Une enfance corse ou encore Une enfance turque. Avec D’un regard l’autre, textes et images se croisent  pour donner naissance à des essais et à un ensemble de beaux livres.  La petite collection de Bleu autour propose des  essais, des ouvrages de fictions de langue française ou traduits de langues étrangères. S’y ajoutent aussi  des rééditions de textes parus précédemment dans la collection D’un lieu l’autre, ainsi que des ouvrages classiques présentés par des auteurs d’aujourd’hui. Poésie étrangère comme son nom l’indique présente  des traductions d’œuvres poétiques d’auteurs majeurs. La collection Classiques est consacrée à des textes classiques commentés et illustrés, mais pas seulement.

• On y croise aussi bien René Fallet et son Braconnier de Dieu, que Pierre Loti, avec Mon frère Yves ou Octave Mirbeau, avec Sébastien Roch. Louise Michel est aussi de la partie, avec Claude Retat qui rappelle dans La révolution en contant que la “Vierge Rouge” a aussi écrit des contes et légendes. D’autres Classiques renvoient à l’histoire,  qu’elle ait une portée  régionale (Moulins, une ville sous l’Occupation de Julien Bouchet, La fabrique du Bourbonnais d’Antoine Paillet, Le monde de l’Angle: quatre générations de paysans témoignent, de Corinne Legoy…), nationale (Chanter le crime, de Jean-François Heintzen), voire plus lointaine avec L’Égypte de Marcelle Baud: l’archéologie au fémininEnfin, Céladon, la plus récente des collections lancée en 2018,  publie “des formes littéraires courtes de langue française et, pour leurs auteurs, expérimentales”. Si la plupart de ces titres ont eu les honneurs de la presse départementale ou régionale, certains peuvent s’enorgueillir d’avoir su attirer par leur contenu  l’attention de grands Médias nationaux (presse et radio). Ce fut le cas par exemple avec la sortie du livre événement de Jean-François Heintzen, alias Maxou, sur les complaintes criminelles qui suscita, il y a quelques mois une très longue analyse dans le journal Le Monde.

• Finalement, 26 ans après leur fondation, Patrice Rötig peut se monter satisfait d’avoir su asseoir le nom de Bleu Autour au plan national, dans un contexte de plus en plus difficile, et même si le modèle de l’indépendance intellectuelle et économique  revendiqué haut et fort, induit une certaine fragilité. D’où l’importance cruciale des choix éditoriaux passés (pour entretenir le fonds) et à venir (pour pérenniser l’entreprise)… Avec une autre question qui va finir par se poser, celle de la succession de Patrice Rötig à la tête de Bleu Autour. Même s’il n’est encore qu’un tout jeune septuagénaire, il n’est pas impossible  qu’il y ait sans doute déjà (un peu ) songé…

 

Un commentaire

  1. On regrette que l’Histoire de Saint-Pourçain (336 p.) rédigée par Ernest Bouchard (1832-1905) ne soit connue que de quelques initiés de la SEB !

    F.-X. Duchon.

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