IL Y A QUARANTE ANS, DISPARAISSAIT CAMILLE GAGNON (1893-1983): LE MAGISTRAT, L’ÉRUDIT, LE FOLKLORISTE ET L’HISTORIEN.

MISE À JOUR: 14 DÉCEMBRE 2023

Jean-Paul PERRIN

allier-infos@sfr.fr

Il y a quarante ans, le 6 novembre 1983, disparaissait dans sa maison d’Ygrande, Camille Gagnon,  magistrat, historien et  folkloriste émérite. Il  laissait derrière lui une œuvre écrite particulièrement riche, entre ses livres et ses très nombreux articles publiés dans différentes  revues de sociétés savantes, ainsi que trois volumes de mémoires, dans lesquels il avait retracé sa vie et sa carrière. À un moment où ceux qui l’ont connu ou simplement approché se font de moins en moins nombreux, Vu du Bourbonnais a choisi de  revenir sur  son parcours personnel et professionnel.

Ygrande, au début du XXè siècle

-I-

CAMILLE GAGNON, MAGISTRAT

• DE L’ÉCOLE PUBLIQUE D’YGRANDE

À LA FACULTÉ DE DROIT DE PARIS

Le Chat-Pendu, vers 1900

• Camille Gagnon avait vu le jour 1er juin 1893, chez ses grands-parents maternels, au lieudit Le Chat-Pendu, à Hérisson. Il était le fils de Charles-Octave Gagnon, notaire à Ygrande, et de  Madeleine Godignon, décédée prématurément, alors qu’il n’avait que 18 mois.  De ce père, il héritera du “souci des dossiers bien classés et le désir de faire l’inventaire de nos us et coutumes”, écrit Jean-Charles Varennes (1). C’est également lui, “savant humaniste  se passionnant pour la lecture des textes grecs”,  qui se chargera de son éducation. Charles Octave Gagnon était aussi propriétaire de deux domaines à Viplaix, dans le canton d’Huriel, patrie d’Étienne et de Lucien Lamoureux, futur ministre.

L’école de garçons, à Ygrande

• À l’issue des ses études primaires à l’école publique d’Ygrande, Camille Gagnon  devient interne  au Sacré-Cœur de Moulins. On est alors en 1904 et pour l’enfant de  onze ans le trajet qu’il doit accomplir entre Ygrande et Moulins relèverait presque de l’aventure : “Trente kilomètres à vol d’oiseau (…).  Petite distance aujourd’hui, séparation sérieuse jadis, écrivait-il quelques mois avant sa disparition. Si l’on voulait aller à Moulins,  il fallait partir d’Ygrande avant l’aube, en voiture à cheval, prendre la grande route tracée en 1930, traverser la station thermale de Bourbon, pousser jusqu’à Saint-Menoux, y bifurquer à droite sur une voie secondaire, plus ou moins défoncée menant à Souvigny où restait à prendre un train vous déposant enfin, au bout d’un quart d’heure à Moulins(2)

L’institution du Sacré-Cœur de Moulins

• Au Sacré-Cœur, il côtoie  le futur professeur Théophile Alajouanine (1890-1980)  en même temps que Marcel Génermont (1891-1983), futur architecte, chantre de l’Espéranto, fondateur des Cahiers Bourbonnais,  un demi siècle plus tard,  et président  de la Société d’émulation du Bourbonnais, entre 1945 et 1975. Il y reçoit une formation classique, qui va faire  de lui un  fin connaisseur de la langue française, en même temps qu’il pratique le  latin et le  grec.  Il montre aussi un réel enthousiasme pour la botanique que lui ont transmis les cours de l’abbé Michel (3).

• Sa carrière semble donc toute tracée: reprendre l’étude notariale de son père. Après avoir décroché le baccalauréat, il  s’inscrit à la faculté de Droit de Paris. Une partie de son temps libre est alors consacré à la fréquentation assidue des libraires du Quartier Latin et des bouquinistes des quais de Seine, auprès desquels il peut acquérir des ouvrages anciens et des gravures qui vont constituer les bases de sa bibliothèque personnelle et qui viendront s’ajouter au trésor de  à la bibliothèque paternelle.

• En 1913, à l’issue du Conseil de  révision qu’il passe comme tout jeune Français âgé de 20 ans,  il est exempté du service militaire pour “faiblesse générale”. Lorsque la Grande guerre éclate, cette exemption est confirmée le 8 octobre 1914 et elle le sera,  à nouveau,  le 23 mars 1917.

• Une fois sa licence en droit obtenue, Camille Gagnon envisage de poursuivre ses études par un doctorat en droit. Pour définir les contours de sa future thèse, qui sera finalement consacrée au métayage en Bourbonnais, depuis 1789, il s’immerge d’abord  dans les archives notariales de l’étude paternelle. C’est à cette époque qu’il  entre à l’étude moulinoise de  Maître Sabatier, en tant que  clerc. Alors qu’il était appelé à reprendre l’étude notariale de son père, décédé le 20 décembre 1918, il y renonce : celle-ci ne s’avérant guère  rentable, Camille Gagnon décide   de la céder au notaire de Bourbon-l’Archambault,  avant de bifurquer vers la magistrature, nanti de son doctorat en droit.  

• LES DÉBUTS DANS LA MAGISTRATURE

(1924-1936)

Un début de carrière au ministère de la Justice

• André Guy, lui-même magistrat, a minutieusement retracé son parcours professionnel  dans un article d’hommage,  Camille Gagnon, magistrat (4). Après avoir été brillamment reçu au concours,  Camille Gagnon occupe, dès 1924,  un premier poste d’attaché au ministère de la Justice. Sa présence dans la capitale lui permet d’explorer les fonds de la Bibliothèque nationale et des Archives nationale. Il  y glane des informations qui, quelques décennies plus tard, viendront nourrir ses ouvrages sur le folklore bourbonnais et sur l’histoire de sa commune d’Ygrande.  C’est à sa  demande qu’il entame une carrière de juge, d’abord en tant que suppléant dans le ressort de la Cour d’appel de Paris.  Brièvement juge d’instruction à Fontainebleau (1926), il  poursuit sa carrière à Reims (1927) puis à Melun. Il est ensuite nommé substitut du procureur  dans les parquets de  Pontoise (1929), de Chartres  et de Meaux (1930).  

Charles Donat-Guigue

• À ce stade de sa carrière, il semble appelé aux plus hautes fonctions. C’est ainsi que le procureur général de Paris, Charles Donat-Guigue (1879-1948), qui a remarqué ses qualités professionnelles, le reçoit dans son bureau, pour lui proposer d’occuper le poste de secrétaire. Afin d’accéder à la première classe, sésame indispensable pour assumer cette fonction, il accepte pour quelque temps “la lourde tâche de substitut au tribunal de Lille”, écrit André Guy (5). 

• Pourtant, sa santé chancelante va venir briser cette trajectoire : à peine installé à Lille, il souffre d’une hémoptysie, ce qui va le contraindre à observer un repos complet, en  prenant un long congé de trois ans qui le ramène à Ygrande. Il se retrouve cloué sur une chaise longue, installé sous les arbres de son jardin: “Au séjour dans un sanatorium, il préfère celui d’Ygrande, sous les chênes du pré  qui s’étendait derrière la maison paternelle”.  Entre temps, Camille  Gagnon a fondé un foyer en épousant, à Paris,  en décembre 1926,  Georgette Mathieu qu’il avait rencontrée lors d’une soirée littéraire parisienne.  Leur union durera 32 ans, jusqu’à la disparition de cette dernière,  survenue à Riom, en  mars 1958, “des suites d’une longue maladie”. Le couple n’aura pas d’enfant. 

• SAINT-AMAND MONTROND

(1936-1940)

Le Tribunal de Saint-Amand

• Ayant repris du service, après avoir dû  renoncer aux horizons parisiens, toute sa carrière va désormais se dérouler entre trois départements voisins : le Cher, l’Allier et le Puy-de-Dôme. Le 1er octobre  1936, il est nommé président du tribunal de Saint-Amand-Montrond, ce qui lui permet de fréquents  retours à Ygrande. C’est à ce poste qu’il assistera à l’arrivée des troupes allemandes, lors de la débâcle de mai-juin 1940.

• MONTLUÇON

(1940-1950)

Le Tribunal de Montluçon

• Sur sa demande, il obtient en décembre 1940 la présidence du tribunal  de première instance de  Montluçon qu’il occupera jusqu’en juin 1950. Sous l’Occupation, il va devoir composer, après novembre 1942 et l’invasion de la zone sud, avec  la surveillance de certaines audiences par la gestapo et la mise en place de juridictions d’exception ordonnée depuis Vichy par l’État Français : “Si nous avions pu, en zone libre  agir de façon humaine,  notre situation devint beaucoup plus délicate lorsque notre zone libre se trouva  occupée à son tour”, constatait-il dans le tome III de ses  mémoires (6).

• Autre temps fort de cette période, la présidence de la cour de justice de l’Allier qui lui est confiée. Mise en place à  la Libération et siégeant à Moulins, elle a en charge une grande partie de l’Épuration dans le département de l’Allier , dans un contexte forcément passionnel. Selon André Guy, ce  fut dans sa carrière  “le moment le plus pénible(7). Jean Charles Varennes parle d’une “ carrière de magistrat exemplaire, même dans les moments difficiles où, avec courage il présida la Cour de justice, à la Libération : il eut toujours le sens de la valeur humaine, de la rigueur de la justice  mais aussi du respect et de la dignité  humaine. Il s’imposait par sa loyauté et une lucidité qui  n’excluait pas une bonté fondamentale” . (8)

• RIOM ET LA COUR D’APPEL

(1950-1958)

La Cour d’appel de Riom

• Après une décennie montluçonnaise, Camille Gagnon quitte l’Allier pour le Puy-de-Dôme : le 7 juin 1950, il est nommé à la présidence de l’une des  Chambres  de  la Cour d’Appel de Riom. C’est à lui qu’échoit, le 2 octobre 1951, la tâche de prononcer  le discours d’usage, lors de l’audience de rentrée. Le magistrat se mue alors en historien pour présenter l’affaire dite de La Brande des Mottes : une brève émeute qui avait secoué le  canton d’Huriel, en juin 1849, et qui avait connu son dénouement, pour ceux qui étaient considérés comme les instigateurs, devant la cour d’assises  du Puy-de-Dôme.

• Cette affaire, il la connaissait sur le bout des doigts, puisqu’il en avait minutieusement épluché les dossiers conservés dans les archives judiciaires riomoises. Dans  son nouveau poste, même si Camille Gagnon disait se sentir  davantage attiré par les dossiers civils, le “roulement” en place à la cour d’appel l‘oblige  aussi à présider la chambre d’accusation et à inspecter les cabinets des juges d’instruction de son ressort, entre Bourbonnais, Auvergne et Velay.

• LA DERNIÈRE ÉTAPE 

LA COUR D’APPEL DE BOURGES

(1960-1962)

La Cour d’appel de Bourges

• Ayant perdu son épouse en 1958, à un moment où sa future nomination en tant que chef de cour ne fait aucun doute, Camille Gagnon choisit de ne pas poser sa candidature. Ce poste prestigieux l’aurait probablement contraint à s’éloigner du Bourbonnais, ce qu’il ne pouvait envisager. Parce qu’il souhaite ardemment revenir le plus souvent possible “en sa retirance d’Ygrande”, il opte pour le poste vacant  de premier président de la Cour d’appel de Bourges, où il est officiellement nommé par décret,  le 21 juin 1960. Il semble bien que la maison d’Ygrande, n’ait pas été qu’un havre de paix et un lieu de ressourcement, entre deux semaines d’audiences. C’est du moins ce que suggère André Guy : “Tout au long de sa vie, écrit-il, c’est à Ygrande qu’il tenait à revenir, dès que ses activités professionnelles le lui permettaient. Il reconnaissait que dans la paix de cette campagne,  au milieu de ses beaux parterres, de ses fleurs, il avait souvent trouvé la solution  à un problème de droit qu’un délibéré laborieux  n’avait pas permis de résoudre rapidement.” (9)

• La Cour d’appel de Bourges sera son ultime affectation et c’est  le 1er septembre 1962, à 69 ans,   qu’il achève son parcours professionnel, au terme de quatre décennies passées au service de la justice. Les détails de cette très riche carrière, on pourra les retrouver au fil des 770 pages de  ses trois volumes de mémoires, publiés par les éditions des Cahiers Bourbonnais, entre 1978 et 1980, sous le titre générique  De l’étoile matutine à l’étoile vespérale.  Peu de temps après sa disparition,  Gérard Amathieu, lui-même magistrat  qui l’avait côtoyé à Montluçon, écrira : “Aucune qualité ne lui manquait, la science du droit, l’érudition et une culture saturée d’humanisme classique. Je ne puis oublier avec quelle plume alerte, il rédigeait ses jugements d’un seul trait, sans la moindre rature,  en faisant des chefs d’œuvre de style”.

• LE TEMPS DE “LA RETIRANCE”

À YGRANDE  (1962-1983)

Ygrande, au début des années 1930

• C’est dans la maison paternelle d’Ygrande, devenue une sorte de nouvelle Thébaïde, ouverte à tous, que vont désormais s’écouler les deux dernières décennies de sa vie. Entre  le temps des recherches et l’écriture de ses livres et articles, “il recevait toujours avec bienveillance ceux qui venaient le voir. Il leur montrait avec une légitime fierté son jardin, son parc, où il avait réuni des espèces rares de lys et de colchiques” (10), se rappelait Jean-Charles Varennes, qui fut lui-même un de ses visiteurs réguliers. Et le même de préciser qu’il se montrait “homme de pensée et de cœur, accueillant et fraternel. Quel que soit l’âge de son visiteur, il était toujours de plain-pied avec lui”.

• Parallèlement à sa carrière, Camille Gagnon a été aussi un historien érudit et un spécialiste du folklore bourbonnais : “ Nous connaissons tous  ses talents d’écrivain, d’historien, le travail qu’il accomplit toute sa vie en se levant très tôt chaque jour”, écrit André Guy, qui se plait à saluer  “la perfection de sa langue et la distinction de son style, celui de ses lettres en particulier(11). Jean-Charles Varennes insiste sur “sa grande sagesse, à la fois humaniste et paysanne qui assurait son rayonnement” avant de rappeler qu’il “lisait le latin et le grec dans le texte…et comprenait le patois”(12).

– II –

CAMILLE GAGNON, HISTORIEN,

 FOLKLORISTE ET MÉMORIALISTE

• TROIS POINTES SÈCHES DE TENDRE AMOUR (1919)

Couverture de Llano  Florez

• Ce solide bagage culturel, ajouté à la rigueur dans ses démarches, vont accompagner toute son œuvre historique et mémorielle, avec la volonté du partage et de l’ouverture aux autres. Un cheminement qui avait  qui avait débuté dès la fin de la Grande Guerre. Pour retrouver le tout premier écrit de Camille Gagnon qui ait été publié, il faut remonter à 1919. Cette année-là,  il  se lance dans l’écriture, avec la parution aux  éditions Picard de  Trois pointes sèches de tendre amour,  petit recueil de 66 pages devenu  quasi introuvable aujourd’hui,. Tiré à seulement 250 exemplaires, tous numérotés, et imprimé par l’imprimerie Protat (Mâcon), c’est selon Jean-Luc Devaux, libraire et  spécialiste du livre ancien  “ un petit joyau de la bibliophilie bourbonnaise, délicatement souligné par une composition de couverture de Llano Florez coloriée au pochoir et par des bois gravés à pleine page de Sauvage (…) Ces trois histoires constituent une sorte de triptyque dont le panneau central est une histoire moderne, et les deux volets sont des contes à la manière antique.”

Un des bois gravés de Sauvage

• Dans un article publié en 1984 dans les Cahiers Bourbonnais (n°108), Jean Simon en revenant sur ce premier opus  parlait d’un “charmant bibelot” non sans ajouter immédiatement que “le texte est vraiment à la hauteur de la présentation matérielle”. À ses yeux, il s’agit d’un  “petit chef-d’œuvre d’humanisme et de psychologie (qui) nous aide à mettre l’auteur à sa juste place dans notre vingtième siècle bourbonnais”. Après avoir défini ce qu’est la pointe sèche dans les arts graphiques et les qualités qu’elle exige (un trait sûr, un dessin impeccable, le tout “ne souffrant pas la médiocrité”), il ajoutait : “La pointe sèche  comprise comme un travail de l’esprit obéit aux mêmes lois. Dans la prose de ses œuvres courtes,  la pensée doit être condensée, la langue est  nécessairement à l’école des grands classiques anciens et modernes”. Pour lui, il ne fait guère de doute que le jeune étudiant en droit avait alors toutes les qualités requises pour  envisager une carrière littéraire : “La pureté du langage, le choix des épigraphes sont d’un écrivain chevronné”. Face  à un texte dans lequel Camille Gagnon avait usé de quelques mots rares, Jean Simon reconnaissait même avoir dû recourir au Littré, en précisant toutefois  que ces utilisations étaient restées rares et qu’il fallait les considérer  comme “des curiosités et des preuves de virtuosité de l’auteur”.

• Ces Trois pointes sèches resteront toutefois sans lendemain, ce que déplore Jean Simon : “À ce moment de sa carrière, Camille Gagnon changea de voie et abandonna la littérature générale pour le régionalisme, l’histoire, le folklore où il devait se distinguer, comme on sait”.  Ce choix, le même Jean Simon l’explique ainsi : “Ses premières recherches pour sa thèse sur le métayage furent certainement pour beaucoup dans l’orientation nouvelle de l’auteur de  Trois pointes sèches de tendre amour”. Cette thèse de droit, intitulée  L’histoire du métayage en Bourbonnais,  depuis 1789, sera elle aussi publiée par les éditions Picard, en  1919. Dans la nécrologie que lui consacra Le Journal du Centre (9 novembre 1983), on pouvait lire: “Son Histoire du métayage en bourbonnais est un ouvrage recherché. Il s’agit d’une étude précieuse pour qui veut  approfondir ce que fut la vie rurale (…) dans le département de l’Allier”.

• LA SOCIÉTÉ D’ÉMULATION DU BOURBONNAIS

• Ce goût prononcé pour l’histoire  du Bourbonnais explique que, à partir des années 1920,  on retrouve Camille Gagnon au sein de plusieurs sociétés savantes, littéraires  ou  historiques, dans lesquelles il assume souvent de hautes responsabilités. Dès 1919, il s’est abonné au Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais et deux ans plus tard,  le 4 juillet 1921, il en est devenu membre à part entière.  Il le restera sans interruption jusqu’à son décès, soit 64 années passées au sein de la docte assemblée, après en avoir été vice-président de 1945 à 1975: ” En consultant la Table Fayet, on se rend compte de l’abondance de ses communications et de ses bibliographies. L’attachement qu’il portait à notre compagnie était à toute épreuve”. écrit  Gérard Picaud dans le Bulletin de l’Émulation qui lui rend hommage. Cette fidélité et cet investissement constant dans la vie de la société savante lui vaudront d’être honoré du titre de “membre à vie” en  1975. Cette même année, il avait décidé de léguer par anticipation sa bibliothèque. On pourra consulter, en fin d’article, la liste de ses articles publiés dans le Bulletin, en y ajoutant les nombreux comptes-rendus de lecture qu’il a également donnés. 

Camille Gagnon (au centre, avec chapeau) lors du centenaire de l’Émulation (1946)

• LES AMIS DE MONTLUÇON

• Autre Société culturelle à laquelle il était également très attaché,  Les Amis de Montluçon qu’il présidera de 1948 à 1950, tout en leur donnant une réelle impulsion. C’est lui, notamment,  qui poussera la Société des Amis de Montluçon, fondée en 1911, à fusionner avec la Société des historiens locaux, qui avait été créée à l’initiative de Maurice Duportet.

Georges Piquand, vu par Florane

•  Il est vrai que sa décennie passée à la tête du tribunal  de Montluçon lui avait permis quelques belles rencontres déterminantes. D’abord  celles du Docteur Georges Piquand (1876-1955), chirurgien, historien et folkloriste, fondateur des Maîtres Sonneurs du Bourbonnais. Les deux hommes  partagent le même goût pour le travail de recherches, d’écriture et de partage. En témoignent  ses  articles dans le Bulletin  des Amis de Montluçon, dont il fut élu président en 1938. En attestent aussi ses  Légendes bourbonnaises dont la publication en plusieurs fascicules, illustrés par des bois de Ferdinand Dubreuil, s’étala entre  1936 et 1953, ainsi que son livre sur Le parler bourbonnais (1953).

la bibliothèque municipale

• En fréquentant assidument la bibliothèque municipale, que Marx Dormoy avait fait installer dans l’ancien hôtel Guilhomet, Camille Gagnon  a pu également nouer des liens étroits avec le bibliothécaire Maurice Duportet (1899-1962). Loin de se contenter de la conservation des livres, ce dernier s’est lancé dans un projet démesuré : dépouiller systématiquement tous les articles des revues spécialisées et pour chaque département. Son but : publier  une topo-bibliographie qui couvrirait l’ensemble de la France. Après celle consacrée à L’Allier (1937), deux autres volumes suivront (La Creuse en1937 et L’Indre  en1938), avant que la guerre ne vienne y mettre un terme.

André Guy

•  C’est aussi à Montluçon que Camille Gagnon a repéré André Guy (1913-2008), un jeune étudiant en droit, lui aussi curieux d’histoire et d’archéologie. À plusieurs reprises les deux hommes se sont rencontrés, échangeant aussi bien sur l’histoire que sur le métier de magistrat. Après  les cinq années de captivité d’André Guy en Allemagne, leurs échanges reprendront. Lorsque Camille Gagnon quittera Montluçon pour Riom, c’est à celui qu’il avait qualifié en 1948 de “remarquable mainteneur de notre érudition bourbonnaise” qu’il  transmettra la présidence des Amis de Montluçon.

• LES AMIS DE LA FORÊT DE TRONÇAIS

• Autres présidences qu’assume Camille Gagnon, celle des Amis de la Forêt de Tronçais (de 1954 à 1970) qu’il contribuera, là aussi,  à relancer et  celle de l’association internationale des Amis de Charles-Louis Philippe.  Au sortir de la deuxième guerre mondiale,  l’avenir de cette dernière  pouvait paraître incertain, après la disparition brutale d’Henri Buriot-Darsiles (1875-1944) qui en avait été la cheville ouvrière.

• Loin de s’en tenir à une simple fonction administrative au sein d’un bureau associatif, Camille Gagnon publie des  dizaines d’articles historiques, littéraires, artistiques ou folkloriques dans les bulletins de ces sociétés. Il a par ailleurs contribué à diverses autres publications telles que  les Annales bourbonnaises, le Bourbonnais littéraire de l’audacieux Marcel Contier (1913-1996),  Notre Bourbonnais, l’organe de la Société bourbonnaise des études locales ou encore Allier Magazine.

• LES CAHIERS BOURBONNAIS

Marcel Génermont en compagnie de Camille Gagnon, à Charroux  (1974)

• Lorsque Marcel Génermont décide de lancer au début de 1957 les Cahiers Bourbonnais, il fait tout naturellement appel à son ancien condisciple pour prendre en charge la rubrique Poésie. Sa collaboration ira bien au-delà. En trente-cinq ans, il publiera une vingtaine d’articles dans la revue trimestrielle, notamment des hommages : en 1961, à  Émile Guillaumin, à l‘occasion du Xè anniversaire de sa disparition, puis  en 1962, à Jacques Chevalier  et,  en 1963, pour saluer la mémoire et l’œuvre de Marguerite Audoux. Enfin en 1993, il contribuera au numéro spécial  de la revue, dédié à Marcel Génermont. Entre temps, il aura relaté le parcours du professeur Théophile Alajouanine, lui aussi ancien du Sacré-Cœur de Moulins, ainsi que celui d’Albert Fleury, “un original poète bourbonnais”, tout en exhumant “Un oublié : Herbert Wild (1880-1935)”.

 • Le seul point de désaccord entre Marcel Génermont et Camille Gagnon, portera sur le devenir de la revue que son fondateur, plus que nonagénaire, s’acharnait à maintenir, “malgré les ans pesant lourdement, malgré la maladie épuisante”. Et Camille Gagnon d’expliquer : “Il est un âge où il ne faut plus tirer de chèques sur l’avenir” (13). Sur ce point, au moins, il se sera trompé puisque la revue, relancée en 1984 par Jean-Pierre Petit, put à nouveau paraître au premier trimestre 1984, point de départ d’une nouvelle aventure qui allait durer jusqu’en 2016, le temps de publier 128 livraisons. Dans le numéro 107 (1er trimestre 1984), celui de la renaissance, on trouvera   trois articles saluant la mémoire de Camille Gagnon : le premier (Au revoir M. Gagnon) signé par Jacques Lougnon, président de la Société d’émulation du Bourbonnais, le deuxième (Camille Gagnon, magistrat) par André Guy, président des Amis de Montluçon, et le troisième (Camille Gagnon, ou le notaire d’un moment de notre civilisation) par Jean-Charles Varennes.

• D’AUTRES COLLABORATIONS

À DIVERSES PUBLICATIONS 

• Tout au long de sa vie professionnelle, Camille Gagnon, dans le strict respect de l’obligation de réserve que lui imposait sa fonction de magistrat, a également publié des chroniques et des critiques littéraires, dans la presse  bourbonnaise. Dès les années 1920, il s’était lié d’amitié avec Marcellin Crépin-Leblond (1867-1927), féru d’histoire bourbonnaise, qui dirigeait le journal Le Courrier de l’Allier, en même temps que les éditions Crépin-Leblond. Membre de la Société d’émulation,  fondateur de la Quinzaine Bourbonnaise (1892-1898), il avait même  épaulé et conseillé Émile Guillaumin, lors de ses premières incursions  en littérature.  Un an avant sa mort, il avait rassemblé ses chroniques historiques dans un livre intitulé  Miettes d’histoire localeÉphémérides Moulinoises. Lors de son séjour  parisien, Camille Gagnon avait pu “ s’entretenir avec des Bourbonnais de Paris : Émile Mâle, Valery Larbaud, Augustin Bernard, André Messager, écrit Gérard Picaud. Les visites qu’il fit chez Daniel Halévy lui permirent d’approcher les plus fameux représentants de la littérature française du moment” (14). Autant de rencontres qui devaient donner lieu à des articles dans les colonnes du Courrier de l’Allier.

• À ses écrits, il faut ajouter les nombreuses conférences qu’il a données, sans oublier sa participation, aux côtés d’Augustin Bernard, géographe et académicien,  à la création en juin  1937  du Musée du Vieux Bourbon, à Bourbon-l’Archambault : “Il avait sauvé de la destruction de nombreux meubles, outils, ustensiles bourbonnais qu’il avait entreposés dans son grenier d’Ygrande. Ces objets devinrent une partie des collections du musée“, rappelle Gérard Picaud (15). 

• Pour André Guy, lui-même magistrat, qui lui avait succédé à la tête des Amis de Montluçon,  Camille Gagnon “apparaît (…) comme le parfait  “honnête homme” plein de science et de sagesse qui, tout au long du XXè siècle aura été l’éminent mainteneur des traditions et des l’histoire de la province”. (16) À cette activité débordante, Jean-Charles Varennes avançait une explication : “ La vie de Camille Gagnon s’identifie à notre XXè siècle : elle est à la charnière d’un monde où l’on s’éclairait encore à la bougie et d’un univers qu’illumine la lueur de l’atome. Il a su résister à toutes les accélérations pour fixer le passé qui s’estompait (…). Il s’est livré à ces investigations  pour saisir l’humanité dans sa recherche de la communication, mais aussi le sens que nos anciens donnaient à leur vie (…). Oui, il fut à l’écoute  de la montée de notre civilisation, interrogeant les derniers témoins d’hier en érudit passionné et passionnant”. (17)

• Enfin, on peut rappeler qu’il fut à l’initiative, avec Joseph Voisin, du lancement d’une souscription en vue de l’édification d’un monument dédié à Émile Guillaumin. Lors de son inauguration, le 12 juillet 1953, deux ans après la mort du ”Sage d’Ygrande”, c’est lui qui prononça le discours d’hommage.

• LE BOURBONNAIS ET SON FOLKLORE

• Au-delà  de ses articles et des préfaces pour lesquelles on n’hésitait pas à le solliciter,  la bibliographie recensant les ouvrages de Camille Gagnon se révèle, elle aussi, particulièrement riche. Après ses Trois pointes sèches et son Histoire du métayage en Bourbonnais depuis 1789, il faudra attendre 1945 pour qu’il publie son troisième livre Dans le  bref manuel historique et géographique que constituait Le Bourbonnais, terre unie aux aspects divers, publié par les éditions moulinoise Crépin-Leblond, dans leur collection du Livre régional, il se  propose d’accomplir en Bourbonnais  un “voyage pittoresque à travers le temps et l’espace”, puis  de partir “à  la recherche des hommes et de leurs us”,  avant de repérer “les  innovations et les survivances”

• Deux ans plus tard, il se lance dans ce qui constituera une de ses œuvres majeures en publiant, chez le même éditeur,  le premier volume de son  Folklore bourbonnaisUn travail titanesque entre la quête des sources orales et des sources écrites, fruit d’un collectage intense. La matière est tellement riche que la publication en quatre volumes thématiques va  s’étaler sur une trentaine d’années. Le premier  tome   (1947) est consacré  à La vie matérielle.  Il offre une description de tout ce qui faisait autrefois le quotidien des habitants du Bourbonnais: l’habitation, le  mobilier, l‘outillage, le costume, la cuisine, les  travaux, les métiers disparus et  l’art populaire.

• Dans le deuxième tome, Les croyances et les coutumes, (1949), il passe en revue, de la naissance à la mort,  les coutumes pieuses,  les pèlerinages, le culte des fontaines, des  pierres et des arbres, ainsi que  les êtres fantastiques peuplant le folklore de la Province, la sorcellerie et les présages, la  médecine  et  le droit populaires. Suivent des chapitres dédiés à  l’ astronomie et à la météorologie, avant de passer aux  rapports sociaux, aux  fêtes calendaires, aux  vieux usages  et, enfin, aux   types populaires.

• Les éditions Crépin-Leblond ayant fermé leurs portes au milieu des années 1950, le troisième volume intitulé Les dits, les chants et les jeux ne sortira des presses de l’imprimerie Pottier, à Moulins, qu’en 1968. On y trouve un inventaire détaillé des prières, des contes, des légendes et  des  chansons. il y est aussi question de  la musique et du théâtre populaires, des proverbes et dictons, des devinettes et des calembours, des blasons populaires, ainsi que des jeux, et des danses. L’ouvrage est accompagné d’une bibliographie, d’une discographie et d’une filmographie.

• Enfin, c’est en 1972 que sortira le quatrième volume sur Les parlers.   Si l’essentiel est constitué par un recueil de textes en parlers bourbonnais, on y trouve également un  Inventaire des études et des documents concernant ces parlers. Il  est   suivi par une développement sur les caractères généraux des parlers bourbonnais, avec leur phonétique, leur grammaire et leur étymologie. S’y ajoutent des pages sur le vocabulaire, avec ses expressions typiques et ses  jurements.

• On peut rattacher à cette série   les Légendes, contes et goguenettes du Bourbonnais, un ouvrage  publié par les éditions des Cahiers Bourbonnais en 1976. Après une présentation des principaux aspects des légendes, contes et goguenettes du Bourbonnais, on y trouve la transcription de 15  légendes,  de 11 contes  et de 33  goguenettes . L’ouvrage se referme sur le portrait de 14 “types villageois de la Belle époque”  Les quatre tomes de ce Folklore Bourbonnais feront  l’objet d’une réédition en fac-similé et en trois volumes par les éditions Horvath (1979-1981). 

• Sur cette somme inégalée, Jean-Charles Varennes écrivait, non sans raison en 1984 : “Dans ses ouvrages définitifs consacrés au folklore bourbonnais, il a épinglé l’âme des habitants d’une région, les situant face aux problèmes des siècles écoulés. Il a su inventorier la médecine d’hier, les connaissances météorologiques nées de l’observation, les croyances les plus fantastiques, les us et coutumes les plus étonnants. Il a fait l’amalgame des religions oubliées et du christianisme,  retrouvant sous les saints et les saintes de notre temps les dieux de l’antiquité”(18)

• Un an  après sa disparition, lors de l’apposition d’une plaque d’hommage sur le mur de sa demeure, à l’initiative de la Société d’émulation du Bourbonnais  (“Ici vécut Camille Gagnon (1893-1983) historien et folkloriste bourbonnais”), on pouvait lire dans La Montagne (7 novembre 1984): “ Son œuvre capitale, celle à laquelle reviendront toujours les chercheurs et tous ceux qui étudient le Bourbonnais reste le Folklore. Peu de provinces ont, à l’égal du département de l’Allier, une étude scientifique  des traditions populaires dans leurs rapports avec  la culture et la civilisation. Cette seule œuvre suffirait à assurer l’audience  d’un écrivain, auprès des générations futures.”

• LE BOURBONNAIS ET SON HISTOIRE

YGRANDE: LA TERRE, LES INSTITUTIONS,

LES HOMMES ET LES ANNALES

• Parallèlement à ses travaux sur le folklore, Camille Gagnon s’était lancé dans de très  longues et minutieuses recherches portant sur l’histoire d’Ygrande,  sa commune de résidence et de cœur. La masse de documents qu’il avait patiemment explorés durant un demi-siècle, l’avait conduit à rédiger une somme de près de 1 200 pages, dûment étayées, réparties dans les trois volumes, imprimés par l’imprimerie moulinoise Pottier et  publiés par les éditions des Cahiers Bourbonnais, que dirigeait alors Marcel Génermont.

• Dans le premier tome, La Terre (1973), qui s’ouvrait sur une étude de la  géographie humaine et physique d’Ygrande, il était question  de l’occupation primitive du sol , des villae gallo-romaines, des fiefs  et de la forêt. Camille Gagnon évoquait ensuite  différents lieux tels que  le Plaix, Verfeuil, Pontlung, la baillie de Gastelière ainsi que la Vèvre, les anciennes possessions du duché de Bourbonnais, avant de poursuivre  par  le Mont et  la Grolière, pour terminer par le récit de l’exploitation du sol , au fil des siècles. 

• Le deuxième tome abordait Les institutions de la  commune (1974): L’Église (L’évangélisation, le paroisse, l’église,  le culte, les chapelles, les croix…) puis    la justice, l’armée,  le fisc, l’instruction publique, avant de terminer par l’assistance publique, l’administration et, enfin, les institutions économiques.

• Quant au troisième et dernier tome, il  était centré sur Les hommes et les annales (1975). Là encore, l’approche de Camille Gagnon se voulait des plus variées pour tendre à l’exhaustivité, avec quatre grandes thématiques. D’abord, celle des hommes, des catégories sociales  et de leurs activités (la population, les noms, prénoms et surnoms, la noblesse, la bourgeoisie, les artisans du bâtiment, du bois, du fer, du cuir, de l’alimentation, de l’habillement, de la laine et du chanvre), les bourgeois, les professions artisanales féminines, les artisans de la parure et des réjouissements. Venaient ensuite   Les paysans (les communautés paysannes et les familles paysannes), les serviteurs ou domestiques et les gens de labeur ou journaliers et, enfin, les mendiants et les vagabonds . Les trois autres thèmes se rapportaient aux  rapports sociaux, au folklore local  et  aux Annales d’Ygrande, de la guerre de cent ans jusqu’à la guerre de 1939 et ses conséquences.

• TRONÇAIS ET LES VISAGES DU BOURBONNAIS

• Parmi les autres ouvrages de Camille Gagnon, on peut citer   En Bourbonnais sous la seconde république (Les Cahiers bourbonnais, 1970), qui  comportait trois grandes études : Un attentat moulinois contre Ledru-Rollin,  L’affaire de la Brande des Mottes,  l’un des épisodes les plus spectaculaires de la lutte politique en Bourbonnais durant la Seconde République et Charles Madet, représentant du Peuple.

• Camille Gagnon était aussi à l’origine de  la publication  du Légendaire de Tronçais et de sa région, écrit par l’abbé Charles-Antoine-Marie Bordelle (Les Cahiers bourbonnais, 1971). Outre l’introduction, rappelant qui était l’abbé Bordelle,  un curé amateur d’histoire locale et collecteur de légendes,  il en avait  rédigé  la seconde partie consacrée à la forêt de Tronçais et à la manière de bien la visiter Il y était question également des ressources que la forêt de Tronçais offre à ses visiteurs et de la pratique de la  chasse à courre à Tronçais. 

• À tous ces titres, il faut ajouter des publications collectives  auxquelles il a apporté sa contribution.   C’est le cas pour  Visages du Bourbonnais  dont il est l’auteur  de la première partie, portant sur la géographie humaine. Coécrit avec  Joseph Viple, Marcel Génermont et Paul Dupieux,  le livre qui a été publié en 1947 par les éditions Horizons de France, dans leur collection des  Provinciales, traite aussi  de l’histoire, des arts et de la littérature en Bourbonnais. Il est  accompagné de nombreuses  illustrations en noir et blanc et en couleur, ainsi que de cartes dépliantes,  et de nombreux dessins.

• Avec Augustin Bernard, membre de l’Institut,  Camille Gagnon  a également rédigé  Le Bourbonnais, édité en 1954 par les éditions Gallimard. On y trouve une synthèse sur  la géographie, la démographie, les parlers, les travaux et les  métiers, les structures sociales, les croyances, les fêtes et les traditions.  L’ouvrage comporte  16 planches de photographies hors-texte, ainsi que des  dessins et plans dans le texte.

• CAMILLE GAGNON MÉMORIALISTE

DE L’ÉTOILE MATUTINE À L’ÉTOILE VESPÉRALE

• Pour Camille Gagnon, l’idée de coucher ses souvenirs sur le papier était née à la suite d’une émission de radio. Au début de 1973, pour le compte de ce que l’on appelait alors  Radio – Clermont Auvergne, le journaliste Jacques Santamaria s’était rendu dans la demeure ygrandaise de l’ancien magistrat afin d’y enregistrer  son émission Pourquoi ne pas le dire ? Quelques semaines plus tôt, il avait déjà  enregistré Jean-Charles Varennes. Il n’est pas impossible que ce soit  ce dernier qui lui ait alors suggéré de rencontrer Camille Gagnon, dans sa retirance. Le 13 mars 1973, après avoir posé son micro sur la table du salon, le journaliste avait défini le principe de son émission : “Il ne s’agit pas de dialogues. Ma formule n’est pas celle  de l’interview.  Vous supposez que vous êtes en compagnie d’amis  et que vous racontez ce que fut votre vie, en insistant sur les événements  qui vous paraissent essentiels”. 

• En rendant compte de cet enregistrement,  Jean-Charles Varenne  ajoutait dans  La Montagne (17 mars 1973) : “Jacques Ssantamaria recherche la spontanéité. Il ne veut pas d’un texte préparé mais des souvenirs, des réflexions saisies à leur source, dans leur fraîcheur et leur pureté. Camille Gagnon  commença de parler, avec ce talent de conteur, de fin diseur (…). En écoutant Camille Gagnon, l’auteur  des quatre admirables volumes  sur le folklore bourbonnais, c’est l’âme de notre province qui vous parlera”. Tout en annonçant que l’émission serait diffusée le 18 novembre, il concluait par le souhait que “cette émission soit dactylographiée. Quel document à publier dans Les cahiers bourbonnais  ou Allier Magazine !”

• Parce que sa carrière avait été aussi longue  que riche au point  qu’une émission d’une heure ne pouvait en permettre qu’un survol, à bâton rompu, Camille Gagnon décida de se lancer dans la rédaction de ses mémoires, ce qui devait constituer un point final à son œuvre écrite. Ce qu’il n’imaginait sans doute pas en écrivant les premiers mots, c’est que ses mémoires allaient nécessiter près de 800 pages et  trois volumes imprimés en caractères serrés, dont la publication allait s‘étaler de 1978 à 1980. Comme pour ses précédents livres, c’est à son ami et ancien condisciple Marcel Génermont, fondateur des Cahiers bourbonnais et de la maison d’édition éponyme, qu’il en confia la publication, le tirage étant effectué sur les presses de l’imprimerie Pottier, à Moulins. Il restait à en trouver le titre générique : De l’étoile matutine à l’étoile vespérale – Mémoires. Pour le plan du récit, le déroulement chronologique s’imposait.

• Le premier tome (1978), couvrait la période allant de 1893 à 1926, depuis sa naissance à Hérsson jusqu’à ses premiers postes dans la magistrature, le tout réparti en 18 chapitres, faisant suite à la préface :   L’étoile du matin – Chez les Gagnon et les Langellé – Ygrande – Le jardin – La découverte du monde – Nevers – L’école – Ma sœur Charlotte – La Boîte – Émile Guillaumin –  Françoise – Gradus ad Parnassum – Le quartier latin – L’affût aux canards – Aux armes citoyens – L’expérience notariale – Le Parquet de la Seine – Le pied à l’étrier.

• Un an plus tard sortait le deuxième tome (1978) qui s’inscrivait dans la période de 1926 à 1940, entre sa nomination au tribunal de Fontainebleau et son installation au tribunal de Saint-Amand-Montrond, en passant par l’étape de la maladie qui lui imposa un long congé, alors que s’annonçait une carrière prestigieuse. Les 274 pages se déclinent en huit grands chapitres :   Fontainebleau – Reims et la Champagne – Melun et la Brie – Pontoise et le Vexin français – Chartres et la Beauce –  Meaux et le retour en Brie –  Lille et le congé de longue durée – Le départ de Françoise – Saint-Amand-Montrond et le Berry.

• Le troisième et dernier tome (1980) couvrait les années 1940 à 1980, depuis son installation à la présidence du tribunal de Montluçon jusqu’à sa retirance à Ygrande. Entre ces deux bornes chronologiques, il faisait aussi  le récit de sa présidence de la cour de justice de l’Allier, chargée de l’Épuration, après la libération. Les cinq chapitres s’intitulent Montluçon et le Bourbonnais – La Cour de justice de Moulins – La cour d’appel de Riom et l’Auvergne – La cour d’appel de Bourges et le retour en Berry – La retirance.

• UNE VOLONTÉ DE PARTAGE

• Finalement, toutes ces publications ne sont que le reflet  de l’état d’esprit dont a  constamment fait preuve Camille Gagnon, guidé  par une double volonté : partager son savoir mais aussi apporter une   aide à tous ceux qui le sollicitaient : “Au-delà du savant, du curieux des âmes, attitude qui lui fut souvent utile pour ses fonctions de magistrat, pensait un homme qui savait être un guide, un conseiller, un ami”, écrivait Jean-Charles Varennes. Et d’ajouter : “Jamais jeune étudiant  n’a frappé à sa porte, sans y recevoir le meilleur et le plus efficace des accueils. Bien qu’il ait tout mis dans ses livres, il s’efforçait toujours de savoir ce que voulait le demandeur. Il y répondait avec la plus grande patience et une totale pertinence”(19). Lui-même avait pu bénéficier de cet éclairage, en 1955 : jeune instituteur, il lui avait confié pour examen le manuscrit d’un de ses premiers romans, Les trouvères de la liberté : “Il s’était donné la peine de le  lire complètement, de l’annoter, prenant sur son travail pour m’aider”, tout en faisant part à l’apprenti écrivain des anachronismes qu’il avait pu y relever.

• LA DERNIÈRE ÉTAPE

• L’âge avançant, avec des problèmes de santé récurrents, entrecoupés par plusieurs hospitalisations à Moulins et à Montluçon, Camille Gagnon se sentait décliner, même si l’esprit était resté intact. Ceux qui l’ont fréquenté ou simplement rencontré dans cette dernière étape de sa vie sont unanimes pour dire qu’il se montrait toujours d’une grande pudeur sur ces questions,  ne récriminant et ne se plaignant jamais. Au contraire, jusqu’à ses derniers jours, il n’a cessé de s’intéresser à la vie culturelle bourbonnaise, sinon par sa présence physique, devenue de plus en plus rare, du moins par des  écrits, “ demandant des nouvelles des uns et des autres, restant toujours au service d’autrui, prêt à fournir le renseignement demandé, le document nécessaire”. Ajoutons que, soucieux de transmettre aux générations futures la très riche documentation qu’il avait rassemblée, et pour éviter sa dispersion,  il avait choisi de léguer sa bibliothèque à la Société d’émulation du Bourbonnais, dont il aura été membre pendant 62 ans.

Dans son jardin d’Ygrande (1980)

• Son ultime contribution écrite aura été quelques mois avant sa mort, l’article publié dans le numéro des Cahiers Bourbonnais qui rendaient hommage à leur fondateur, Marcel Génermont, disparu le 1er juin 1983. En préambule, il écrivait : “Marcel Génermont, mon aîné de deux ou trois ans, et moi étions nés dans les dernières années du XIXè siècle (…). Il ne semblait guère que nos destinées puissent un jour se rencontrer”. Sur ce point-là, l’avenir allait lui donner tort. Les deux anciens condisciples, suivant des voies professionnelles différentes, l’architecture pour l’un et la magistrature, pour l’autre,  devaient se retrouver sur le même chemin : celui de l’histoire, de l’érudition partagée, et de l’attachement profond au Bourbonnais : “Dans ma retirance ygrandaise , d’où il ne m’est plus permis de sortir je pleure mon ami, ayant ressenti cruellement un deuil qui frappe  toute notre province bourbonnaise”, concluait-il. Cinq mois plus tard, il disparaissait à son tour.

• Au terme ce long et riche parcours, professionnel et intellectuel, qui lui avait valu d’être fait chevalier de la légion d’honneur,  Camille Gagnon,  est décédé dans sa 91ème année, “dans sa retirance d’Ygrande”, le 6 novembre 1983. Lors de ses obsèques célébrées deux jours plus tard  en l’église d’Ygrande,  André Guy choisit de lui rendre hommage en lisant devant l’assemblée le dernier paragraphe du troisième tome de ses Mémoires, qui s’achevait ainsi : “Si l’étoile du matin a lui sur mon berceau de très jeune enfant,  voici que l’étoile du soir brille dans le ciel de mes  vieilles années en m’annonçant que la nuit est tombée. Il me faut rentrer dans ma chambre. Y trouverai-je bientôt mes chers disparus accourus pour recueillir mon dernier souffle ?

Une plaque apposée sur le mur de sa maison (1984)

NOTES

Notes 1,8, 10, 12,17, 18, 19: Jean-Charles VarennesCamille Gagnon ou le “notaire” d’un moment de notre civilisation (Les Cahiers bourbonnais, n° 107, 1er trimestre 1984, p.6-8).

Notes 2, 13: Camille Gagnon: Hommage à Marcel Génermont, fondateur des Cahiers bourbonnais (Les Cahiers bourbonnais, n° spécial, 1983, p. 17-20).

Notes  3, 14, 15Gérard Picaud: Monsieur le président Camille Gagnon (Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais, 4ème trimestre 1983, p. 421-425).

Notes 4, 5, 7,9,11, 13, 16: André Guy: Camille Gagnon, magistrat (Les Cahiers bourbonnais, n° 107, 1er trimestre 1984, p 4-6).

Note 6: Camille Gagnon: De l’étole matutine à l’étoile vespérale (Tome III) (éditions des Cahiers bourbonnais, 1980)

• BIBLIOGRAPHIE DES ŒUVRES

DE CAMILLE GAGNON

I – LES LIVRES

• Dans cette bibliographie, on trouvera d’abord l’ensemble  livres de Camille Gagnon qui ont été publiés de 1919 (Histoire du métayage en Bourbonnais) à 1980 (Mémoires : Tome III : de l’étoile matutine à l’étole vespérale).

1919

• Histoire du métayage en Bourbonnais depuis 1789

(190 p, Paris, Librairie Picard).

• Trois pointes sèches de tendre amour

(66 p, illustration de Sauvage, Paris, Librairie Picard).

◘ “Ces trois histoires constituent une sorte de triptyque dont le panneau central est une histoire moderne, et les deux volets sont des contes à la manière antique. Gagnon préparait sa thèse de doctorat sur le métayage en Bourbonnais lorsqu’il publia ce petit joyaux de la bibliophilie bourbonnaise, délicatement souligné par une composition de couverture de Llano Florez coloriée au pochoir et par des bois gravés à pleine page de Sauvage”. (extrait du catalogue de la librairie Jean-Luc Devaux, Moulins)

1945

• Le Bourbonnais, terre unie aux aspects divers

(134 p, Moulins, éditions Crépin-Leblond, collection Le livre régional).

◘ Introduction – Voyage pittoresque à travers le temps et l’espace – À la recherche des hommes et de leurs us – Innovations et survivances – Conclusion – Bibliographie. Ouvrage réédité en fac-similé, en 2003,  par les éditions du Bastion.

1947

• Le folklore bourbonnais : Première partie : La vie matérielle

(158 p., illustré de 9 planches de dessins de Claude Joly, Moulins, éditions Crépin-Leblond).

◘ Description de tout ce qui faisait le quotidien des habitants du Bourbonnais autrefois : l’habitation, le  mobilier, l‘outillage, le costume, la cuisine (quelques recettes), les  travaux les métiers disparus, l’art populaire.  L’ouvrage a été réédité en fac-similé en 1979 par les éditions Horvath (Roanne) en un volume comprenant également La deuxième partie du Folklore bourbonnais : Les croyances et les coutumes.

• Visages du Bourbonnais (Géographie humaine du Bourbonnais)

(198 p, Paris, éditions Horizons de France, collection Les Provinciales).

◘ Un aperçu de la géographie, de l’histoire, des arts et de la littérature en Bourbonnais, accompagné de nombreuses  illustrations en noir et blanc, planches en couleur, cartes dépliantes, nombreux dessins. Ont également contribué à cet ouvrage : Paul Dupieux, Marcel Génermont et Joseph Viple.

1949

• Le folklore bourbonnais : Deuxième partie : Les croyances et les coutumes

(339 p, Moulins, éditions Crépin-Leblond).

◘ De la naissance à la mort ; les coutumes pieuses – les pèlerinages – le culte des fontaines – le culte des pierres et des arbres- les êtres fantastiques- la sorcellerie – les présages –la  médecine populaire – le droit populaire – astronomie et météorologie- les rapports sociaux – les fêtes calendaires- les vieux usages –les  types populaires. L’ouvrage a été réédité en fac-similé en 1979 par les éditions Horvath (Roanne) en un volume comprenant également La première partie  du Folklore bourbonnais : La vie matérielle.

1954

• Le Bourbonnais

(268 p, Paris, éditions Gallimard, collection Les Provinces Françaises)

◘ La Géographie, la démographie, les parlers, les travaux et les  métiers, les structures sociales, les croyances, les fêtes et les traditions.  Écrit en collaboration avec Augustin Bernard, membre de l’Institut, l’ouvrage comporte  16 planches de photographies hors-texte, ainsi que  des  dessins et plans dans le texte.

1968

• Le folklore bourbonnais : Troisième partie : Les dits, les chants et les jeux

(407 p, Moulins, Imprimerie Pottier).

◘ Les prières, les contes, les légendes, les  chansons (musiques notées), la musique populaire, le théâtre populaire, les proverbes et dictons, les devinettes, les calembours, les blasons populaires,  les jeux, et les danses. L’ouvrage est accompagné d’une bibliographie, d’une discographie et d’une filmographie. L’ouvrage a été réédité en 1981 par les éditions Horvath (Roanne).

1971

• En Bourbonnais sous la Seconde république 

(202 p, Moulins, éditions des Cahiers bourbonnais).

◘ Comporte trois études : Un attentat moulinois contre Ledru-Rollin – L’affaire de la Brande des Mottes, l’un des épisodes les plus spectaculaires de la lutte politique en Bourbonnais durant la Seconde République et Charles Madet, représentant du Peuple.

• Abbé Charles-Antoine-Marie Bordelle :

Légendaire de Tronçais et de sa région

 (202 p, Moulins, éditions des Cahiers Bourbonnais)

◘ Introduction  de  Camille Gagnon, président honoraire des Amis de  Tronçais : L’abbé Charles-Antoine-Marie Bordelle, un curé amateur d’histoire locale et collecteur de légendes – Quelques études concernant cette forêt ou la manière de la bien visiter : Notes concernant la forêt de Tronçais – Comment visiter la forêt – Les ressources que la forêt de Tronçais offre à ses visiteurs – La chasse à courre à Tronçais – Bibliographie de la forêt de Tronçais.

1972

• Le folklore bourbonnais : Quatrième partie : Les parlers

(451 p, Moulins, Imprimerie Pottier – éditions des Cahiers bourbonnais).

◘ Généralités : Inventaire des études et des documents concernant les parlers bourbonnais – Caractères généraux des parlers bourbonnais – Phonétique – Grammaire – Étymologie) – Vocabulaire (Expressions typique – Jurements – Recueil de textes. L’ouvrage a été réédité en 1981 par les éditions Horvath (Roanne)

1973

• Ygrande : Tome I : La terre

(322 p, Moulins, éditions des Cahiers bourbonnais).

◘ Préface de l’auteur – Géographie humaine et physique – L’occupation primitive du sol – Les villae gallo-romaines – Les fiefs – La forêt –  Le Plaix – Verfeuil – Pontlung –  La baillie de Gastelière – La Vèvre – Les possessions du duché de Bourbonnais – Le Mont – La Grolière – L’exploitation du sol – Addenda.

1974

• Ygrande : Tome II : Les institutions

(454 p, Moulins, éditions des Cahiers bourbonnais).

◘ L’Église (L’évangélisation, le paroisse, l’église,  le culte, les chapelles, les croix…) –  La justice – L’armée – le fisc – L’instruction publique – L’assistance publique – L’administration – Les institutions économiques – Addenda.

1975

• Ygrande : Tome III : Les hommes. Les annales

(402 p, Moulins, éditions des Cahiers bourbonnais).

◘ Les hommes : La population – les noms, prénoms et surnoms – La noblesse – La bourgeoisie – Les artisans et les marchands (artisans du bâtiment, du bois, du fer, du cuir, de l’alimentation, de l’habillement, de la laine et du chanvre, les professions artisanales féminines, les artisans de la parure et des réjouissements) – Les paysans (les communautés paysannes et les familles paysannes) – Les serviteurs ou domestiques et les gens de labeur ou journaliers – les mendiants et les vagabonds – Les rapports sociaux – Le folklore local – Les annales (De la guerre de cent ans jusqu’à la guerre de 1939 et ses conséquences).

1976

• Légendes, contes et goguenettes du Bourbonnais

(166 p, Moulins, éditions des Cahiers bourbonnais).

◘ Aspects des légendes, contes et goguenettes du Bourbonnais – Les légendes (15 légendes) – Les contes (11 contes) – Les goguenettes (33 goguenettes) – Types villageois de la Belle époque  (14 types)

1978

• De l’étoile matutine, à l’étoile vespérale. Mémoires : Tome I

(272 p, Moulins, éditions des Cahiers bourbonnais).

◘ Période 1893-1926 : Préface – L’étoile du matin – Chez les Gagnon et les Langellé – Ygrande – Le jardin – La découverte du monde – Nevers – L’école – Ma sœur Charlotte – La Boîte – Émile Guillaumin –  Françoise – Gradus ad Parnassum – Le quartier latin – L’affût aux canards – Aux armes citoyens – L’expérience notariale – Le Parquet de la Seine – Le pied à l’étrier.

1979

• De l’étoile matutine, à l’étoile vespérale. Mémoires : Tome II

(274 p, Moulins, éditions des Cahiers bourbonnais).

◘ Période 1926 – 1940 : Fontainebleau – Reims et la Champagne – Melun et la Brie – Pontoise et le Vexin français – Chartres et la Beauce –  Meaux et le retour en Brie –  Lille et le congé de longue durée – Le départ de Françoise – Saint-Amand-Montrond et le Berry.

1980

• De l’étoile matutine, à l’étoile vespérale. Mémoires : Tome III

(236 p, Moulins, éditions des Cahiers bourbonnais).

 ◘ Période 1940 – 1980 : Montluçon et le Bourbonnais – La Cour de justice de Moulins – La cour d’appel de Riom et l’Auvergne – La cour d’appel de Bourges et le retour en Berry – La retirance.

II – LES ARTICLES

• Pour retrouver les nombreux  articles et communications dont Camille Gagnon est l’auteur, on pourra consulter les tables récapitulatives des publications et Bulletins d’association auxquels il a contribué  (Les Amis de Montluçon, la Société d’émulation du Bourbonnais, Notre Bourbonnais – Etudes Bourbonnaise, Les Amis de la forêt de Tronçais, Les Amis de Charles-Louis Philippe, Les Cahiers bourbonnais…). Certaines d’entre elles sont accessibles sur Internet

• BULLETIN DES AMIS DE MONTLUCON

◘ Allocution prononcée en séance publique des Amis de Montluçon, le 20 juin 1948 [3ème série, n° 1, p. 6-8 – 1948]  – Les envois de troupeaux du Bourbonnais à Paris (Résumé d’une communication donnée au 10e congrès de la Fédération des sociétés savantes du centre de la France, Montluçon – 1950) [3ème série, n° 4, p. 22 – 1951]  – L’affaire de la brande des Mottes [3ème série, n° 5, p. 1-54 – 1952] –  Souvenirs d’un vieillard qui a vécu sous l’Empire et voudrait rappeler les progrès de tous ordres réalisés par la République : Étienne Lamoureux [3ème série, n° 16, p. 6-15 – 1965]  – Compte rendu de l’excursion de la société d’Émulation du Bourbonnais et de la société des Amis de Montluçon dans la vallée du Haut-Cher et en Combrailles le jeudi 2 juin 1949 [3ème série, n° 2, p. 1-23- 1949]  –  Compte rendu de l’excursion des Amis de Montluçon à l’occasion du 10ème congrès de la Fédération des sociétés savantes du centre de la France sur les confins ouest de la Combraille (Domérat, Huriel, Lamaids, Chambon-sur-Voueize, Évaux-les-Bains, Budelière) le dimanche 7 mai 1950 [,3ème série, n° 3, p. 1-32 – 1950]  – Nécrologie : Jacques Chevalier [3ème série, n° 14, p. 3-4 – 1962]. 

► Accéder à la table générale des articles publiés dans le Bulletin des Amis de Montluçon

 • LES CAHIERS BOURBONNAIS

◘ Ronde des  rêves (poème) (1957 – n° 3 – p. 104) – Bouquet (Poème) (1957 – n° 4, p. 137) – Le charmeur d’oiseaux (1959 – n° 10, p. 338-342) – En lisant les confessions de Saint Augustin (1960 –  n° 16, p. 116-118) – Discours prononcé  à Ygrande, le 1er octobre 1961, à l’occasion du Xè anniversaire de la mort d’Émile Guillaumin (1962 – n° 21, p. 261-263) –  Hommage au professeur Jacques Chevalier, cimetière de Cérilly, 21 avril 1962 (1962 –  n°23, p. 342-343) – Hommage à Marguerite Audoux : Allocution prononcée à Bourges, le 29 juin 1963 (1963 – n° 28, p. 106-109) –  La mort aux lapins (1965 –  n°34, p. 301-305) –  Goguenettes ygrandaises (1966 – n° 38, p. 15-17) – Un original poète bourbonnais : Albert Fleury (1974 – n° 70, p. 309-312) – Le professeur Théophile Alajouanine (1970 –  n° 55, p. 196-199) –  Un oublié : Herber Wild (1880-1935) (1974 –  n°72, p. 353-356) – Types villageois de la Belle époque : La Mimi (1976 –  n° 77, p. 131-132) – Pages oubliées (Extrait de La république de Platon) (1981 – n° 98, p.171) – In memoriam : Marcel Génermont (n° Spécial 1983 –  p 17-29).

 • SOCIÉTÉ D’ÉMULATION DU BOURBONNAIS

◘ Cette bibliographie n’inclut pas les comptes-rendus d’ouvrages rédigés par Camille Gagnon.  Elle a été établie à partir des Tables des bulletins de la Société d’émulation du Bourbonnais qui sont consultables sur son site, avec indication de la pagination précise.

► Accéder à la table générale  des articles publiés dans le Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais

1925

Le droit de « parçon » dans la châtellenie de Bourbon

1926

La Société Royale d’Agriculture de Moulins 1928 – Ygrande, énigme bourbonnaise

1929

Le démêlé de l’Evêque d’Orange et du Grand Bâtard de Bourbon

1931

Ygrande, marche bourbonnaise

1937

À propos d’Ygrande

1946-1947

Nécrologie : Joseph Viple 1880-1947) – Le trafugeau de Domérat  – Le fijau de la Saint-Jean à Ebreuil –  Une supercherie archéologique à Moulins en 1851 – La récolte des airelles dans la Montagne bourbonnaise  –  Notes pour servir à l’histoire du Theil.

Dans le volume entièrement consacré au centenaire de la Société d’émulation (1846-1946), il est l’auteur d’une étude intitulée Guérisseurs bourbonnais (p. 116-124), qu’il avait présentée lors de la séance solennelle  du 14 septembre 1946.

1948-1949-1950

Notes pour servir à l’histoire du Theil (suite et fin)  – Quelques lettres de François-Eleonor Faullain de Banville  – La vie d’un régisseur bourbonnais au XVIIIe siècle  – Une étude de la Revue des Deux Mondes sur la Mère de Fouquet  – La rue de Refembre vue par Barriau – Quelques pèlerinages bourbonnais  – Léon Moncelon (1839-1924)  –  Rémy, seigneur bourbonnais.

1951-1952-1953

Nécrologie : Emile Guillaumin (1873-1951) – Les institutions militaires dans un bourg du Bourbonnais : Prisonniers de guerre  – Les origines bourbonnaises de François Villon

1956-1957-1958

Lettre adressée en 1810 par un canonnier au maire de Châtel-de-Neuvre – Une inspection des orfèvres bourbonnais en 1648   – Les rainures des églises bourbonnaises

1959-1960-1961

Valery Larbaud (1881-1957) – Les aventures bourbonnaises de Bussy-Rabutin

1962-1963

Nécrologie : Jacques Chevalier (1882-1962) – M. Pierre Lacau  – Une famille de magistrats moulinois sous la monarchie de juillet  – La déclaration testamentaire faite en 1687 par un sieur Gimonnier avant son départ en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle – Un attentat à moulins, contre Ledru Rollin  – Un assavoir ancien lu au prône en l’église de Saint-Plaisir ; un acte du 25 septembre 1678, relatif à la chapelle Saint-Roch, à Saint-Plaisir – Le testament d’un colporteur rédigé au XVIIe siècle – La « Foire aux mûres » de Château-sur-Allier.

1964-1965

Un curieux délaissement de 1686  – Pierre Rémy, seigneur bourbonnais  – Une savante étude de M. Jean-Pierre Seguin sur « L’information en France avant le périodique »  – Charles Madet, représentant du peuple, ses origines et sa jeunesse

1966-1967

Cérilly – La Forêt de Tronçais  – Fougières, La Pierre-Chevriau ou Chevau, La Forêt de Soulongis, Hérisson – Note sur la seigneurie de Mazières au Brethon – Les origines forestières de 1’industrie bourbonnaiseNécrologie : Le chanoine Léon Côte (1888-1966) – Un attentat moulinois centre Ledru-Rollin  – La « Foire aux mures » de Château  – Un « à savoir » ancien au prône de Saint Plaisir  – Pierre Rémy, seigneur bourbonnais  – Les institutions du passé dans un village bourbonnais. L’Armée  – Charles Madet, représentant du peuple. Ses origines. Sa jeunesse  – La « Jimb’rtée bourbonnaise »

1968-1969

Le dernier curé de Bessay-le-Monial,  – La Grolière – Le Plaix – La maison de  La Vie d’un Simple  – Pontlung – Nécrologie : Joseph Voisin (1882-1969) – Charles Madet, représentant du peuple  – La chapelle Saint-Roch, à Saint-Plaisir  – Les débuts de la IIIe République à Ygrande   – Les institutions anciennes au village (Ygrande) : la Justice

1970-1971

– L’Ermitage  – Saint-Pardoux et sa fontaine  – La Trolière  – La Salle-de-Vieure : la cour féodale du château  – La légende du château de Vieure  – Le chanoine Hubert Bourdot (1861-1937) – Un étudiant bourbonnais a l’époque des Trois Glorieuses – Découverte d’un poème en vieux français 1972-1973 – La pommeraie –Rocles – Les monuments mégalithiques de la région montluçonnaise  – La messe traditionnelle dite en la chapelle de la Bouteille  – Compte rendu bibliographique sur deux plaquettes de M. l’abbé Chaudagne concernant saint Mayeul et saint Odilon  – Henri-Louis Coiffier de Verfeu

1974-1975

Résurgences religieuses : la chapelle de la Bouteille et celle du Rachat  – Le Chatelard

1976-1977

Un préromantique bourbonnais, Henri-Louis Coiffier de Verfeu

1978-1979

Les monuments mégalithiques de la région montluçonnaise -ÀA propos du Prieuré de la Bouteille

• ÉTUDES BOURBONNAISES

Bibliographe à venir

• LES AMIS DE CHARLES-LOUIS PHILIPPE

Bibliographe à venir

• LES AMIS DE LA FORÊT DE TRONÇAIS

Bibliographe à venir

SAVOIR PLUS…

• Parmi les articles biographiques qui lui ont été consacrés, on peut d’abord citer ceux de Maurice Sarazin (Les Bourbonnais célèbres et remarquables – Tome II : L’arrondissement de Moulins, pp. 159-160) et de Maurice Malleret (Encyclopédie des auteurs du pays montluçonnais et de leurs œuvres, pp. 244-246), tous les deux publiés par les éditions des Cahiers Bourbonnais.

• La disparition de Camille Gagnon a donné lieu à plusieurs articles nécrologiques, dont cinq signés par André Guy :

• DUSSOURD Henriette : Visite à Monsieur Gagnon (Bulletin 1984-1985)

◘ Hommage à Camille Gagnon (Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais, 4ème trimestre 1983, p. 419-420).

◘ GUY André : Nécrologie : Camille Gagnon (1893-1983) (Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais, 4ème trimestre 1983, p. 419-120).

◘ GUY André : Nécrologie : Camille Gagnon (1893-1983), suivi de  Camille Gagnon et les Amis de Montluçon (Bulletin des Amis de Montluçon, n° 34, 1983, p. 3-5.

◘ GUY André : Camille Gagnon, magistrat (Les Cahiers bourbonnais, n° 107, 1er trimestre 1984, p4-6).

◘ GUY André : Nécrologie : Camille Gagnon (1893-1983) (Notre Bourbonnais-Études bourbonnaises, n° 226, 4ème trimestre 1983, p.284).

◘ GUY André : Nécrologie : Camille Gagnon (1893-1983), président des Amis de la forêt de Tronçais  (Bulletin de la Société des Amis de la forêt de Tronçais, n° 29, 1984, p 2-3)

◘ LOUGNON Jacques : Hommage à M. Camille Gagnon (Les Cahiers bourbonnais, n° 107, 1er trimestre 1984, p.2-3).

◘ LÉCHEVIN Julius : Camille Gagnon n’est plus (Aumance – Tronçais Magazine, n° 29, janvier 1984, p. 18-19).

LANGLOIS René : Camille Gagnon, folkloriste bourbonnais.(Bulletin 1984-1985)

◘ MAUGUIN T: Camille Gagnon, l’autre sage d’Ygrande (Bulletin 1984-1985)

◘ MISSEREY Xavie : Camille Gagnon disciple de Flore (Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais, 1986-87, p. 201-211)

◘ MISSEREY Xavie : La bibliothèque horticole de Camille Gagnon (Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais, 1994-1995, p. 503-510).

◘ MONCORGER Ulysse : In memoriam : M. Camille Gagnon (Bulletin des Amis de Charles-Louis Philippe, n° 41, 1983, p3-5).

◘ PICAUD Gérard: Monsieur le président Camille Gagnon (Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais, 4ème trimestre 1983, p. 421-425).

◘ SIMON Jean : Un Maître : Camille Gagnon (Le Nouvel Écho de Gannat, n° 383, 12 novembre 1983, p. 1 et 4)

◘ VARENNES Jean-Charles: Camille Gagnon ou le “notaire” d’un moment de notre civilisation (Les Cahiers bourbonnais, n° 107, 1er trimestre 1984, p.6-8).

◘ VIRLOGEUX Louis : Camille Gagnon, ethnologue (Le Nouvel Écho de Gannat, n° 384, 19 novembre 1983, p.2)

L’hommage des Amis de Montluçon à Camille Gagnon (La Montagne, 20 novembre 1983)

Avec l’écrivain Camille Gagnon, disparaît l’un des meilleurs spécialistes du Folklore bourbonnais (Le Journal du Centre, Nevers, 9 novembre 1983)

◘ Hommage à Camille Gagnon : apposition d’une plaque  commémorative sur la façade de sa maison, à Ygrande , le 3 novembre 1984  (Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais, 4ème trimestre 1984,  p. 190).

Fidélité à la mémoire de Camille Gagnon. Une plaque a été apposée sur sa demeure ygrandaise par la Société d’émulation du Bourbonnais (La Montagne, 7 novembre 1984)

•  Enfin, le 4 novembre 2023, à l’invitation de la Société d’émulation du Bourbonnais,  Fabien Conord, historien, chef  adjoint de département  information-communication option Journalisme à l’université Clermont Auvergne, a présenté une conférence intitulée  Camille Gagnon (1893-1983), historien et magistrat. Elle devrait prochainement faire l’objet d’une publication dans le bulletin de l’Émulation.   

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