ARTICLE MIS À JOUR LE 2 MARS 2019
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• HEURS ET MALHEURS DU
“PETIT FONTAINEBLEAU BOURBONNAIS”
• Comment sauver un château qui menace ruine et dont les propriétaires, qui font la sourde oreille, ne semblent pas vouloir faire la moindre réparation, y compris d’urgence? Après l’association Adopte un château, la famille Guyot, qui fut propriétaire du château de Lévis, à Lurcy-Lévis (Allier) de 1995 à 2000, a lancé une pétition en ligne pour venir au secours de cette bâtisse datant du XVIIè siècle. Le “ petit Fontainebleau” bourbonnais se trouve “en situation d’urgence absolue” : plafonds percés, ouverts sur la charpente, huisseries en mauvais état laissant passer le vent, absence de meubles…Un état pire que celui dans lequel les Guyot disent l’avoir trouvé en 1995.
• Il n’empêche que pour Martine Guyot, “Il y a de l’espoir pour ce château”. Julien Marquis, délégué général de l’association Adopte un château, a donc décidé de s’associer aux Guyot. Ils sont connus pour avoir déjà sauvegardé le château de Saint-Fargeau, dans l’Yonne, qui avait servi de cadre au tournage de la série télévisée Au plaisir de Dieu, d’après le roman de Jean d’Ormesson à la fin des années 1970. Ils ont aussi sauvé les châteaux de La Ferté-Saint-Aubin, dans le Loiret, et de Bridoire, en Dordogne.
ACTE I
• 1995-2000, LES ANNÉES GUYOT
UN DÉBUT DE RENAISSANCE
• C’est en 1995, qu’ils avaient racheté le château de Lévis, laissé totalement à l’abandon par la société d’investisseurs américains qui l’avaient acquis dans les années 1980. Des travaux d’urgence avaient été réalisés, en recourant à l’emprunt. Jacques et Martine Guyot y ont même résidé avec leurs enfants de 1995 à 2000 : “Ces cinq années furent pour notre famille les années les plus heureuses de notre vie. Le château était ouvert au public et avec l’aide des habitants du village de Lurcy-Lévis, nous l’avons une première fois sauvé de l’état de ruines dans lequel nous l’avions trouvé (…). Nous avons redonné vie au château, sans appui politique, ce qui, il y a vingt ans, dans l’Allier, était un pari fou ! ”, a-t-elle confié à la journaliste Ariane Bouhours.
• Les visites guidées, qui étaient alors organisées, attiraient 10.000 visiteurs par an, tandis que la fête du cheval et de la chasse en faisait venir 2 à 3.000 chaque été. Si ces actions ont permis des rentrées financières, elles se sont pourtant révélées Insuffisantes, face aux charges de l’emprunt et, en 2000, les Guyot ont dû se résoudre à vendre Lévis: “ On nous a reproché le vendre le monument, se rappelle Catherine Guyot. Mais quand on ne peut pas entretenir un château, la responsabilité, c’est de le vendre ! Et à notre départ, après cinq ans de travaux, le château et les communs étaient hors d’eau, toutes les pièces meublées”. Une vente à contrecœur qui ne signifie pas pour autant que la famille Guyot ait oublié le château. 18 ans plus tard, ils ont choisi de participer à la mobilisation en cours pour le sauvetage du site.
• D’ABORD UNE PÉTITION EN LIGNE
POUR FAIRE “BOUGER” LES AUTORITÉS
• Première action : une pétition en forme d’appel à l’aide pour Lévis, a été mise en ligne. Si elle avait déjà recueilli, dès la première semaine, plus de 10.000 signatures, on approchait les 50 000 signatures dans la dernière semaine de février. L’objectif de ses initiateurs est d’obtenir du Ministère de la Culture un classement d’urgence aux Monuments historiques, le château étant seulement inscrit à l’inventaire supplémentaire, depuis 1945. Si cette démarche aboutissait, le propriétaire actuel, qui passe une partie de l’année en Angleterre “sera(it) obligé par la loi, soit de faire les travaux de sauvegarde d’urgence, soit de vendre à une personne ou à une association qui pourra(it) entreprendre la restauration”. Une situation que de nombreux monuments connaissent en France, selon Martine Guyot, pour laquelle c’est “ le seul moyen de faire bouger l’État .”
► Pour signer la pétition en ligne.
• ENSUITE, UN APPEL AUX ÉLUS
ET À LA FONDATION DU PATRIMOINE
• Au-delà de la pétition, les Guyot ont entrepris de contacter un à un les responsables politiques bourbonnais : députés, président du Conseil départemental… Ils ont également saisi la Fondation du patrimoine, qui devait élaborer une liste de 1.500 sites à protéger d’urgence, dans le cadre de la mission que le Président de la République a confiée à Stéphane Bern…En espérant que Lévis y figure.
ACTE II
FÉVRIER 2018
• JEAN DE MENTON, PROPRIÉTAIRE DU CHÂTEAU,
SORT DE SA RÉSERVE ET PROMET UN BUSINESS PLAN
• À la mi-février, l’actuel propriétaire du château, Jean de Menton, a décidé de prendre la parole dans les colonnes du quotidien régional, pour expliquer sa position et parler de ses projets. Il a d’abord précisé qu’il ne résidait pas au Royaume-Uni, mais qu’il devait s’y rendre souvent en tant que directeur exécutif d’une société d’investissement basée à Londres. Il se dit pleinement conscient de l’état de délabrement du château, qu’il a fait visiter à un conservateur de la Drac, et de l’urgence des travaux à réaliser : d’abord mettre hors d’eau le château pour freiner les dégradations et protéger les charpentes. Les fuites “épouvantables” pourraient mettre à mal les poutres porteuses, occasionnant “un désastre majeur”.
• Jean de Menton rappelle aussi les travaux qu’il a déjà fait réaliser, avec la reprise des charpentes et toitures des deux ailes des communs et les façades du bâtiment central. Un chantier dans lequel il dit avoir investi toutes ses économies, sans retour sur investissement, puisque, en 2005, il a été obligé de fermer le site aux visiteurs, après passage d’une commission de sécurité : “Au lieu de réagir, j’ai alors baissé les bras”, regrette-t-il, avouant avoir été “dépassé par les événements”. L’appel à l’association Adopte un château, ayant échoué, il dit travailler depuis des mois avec la Drac Auvergne-Rhône-Alpes et le Conseil départemental de l’Allier : “ Je suis motivé pour trouver des solutions parce qu’il y en a avec des méthodes qui n’existaient pas il y a 5 ou 10 ans. Je m’engage à fournir d’ici fin mars un business plan” .
• Pour rénover, dans un premier temps, la maison du gardien, et pouvoir y accueillir une personne, il a fait appel à une plateforme de financement participatif appliqué à la rénovation immobilière. Les touristes réservent leur location de vacances dans un futur bien rénové par son propriétaire. Avec l’argent des réservations, le propriétaire mène les rénovations. Il faudra donc d’abord drainer 10.000 à 15.000 € pour commencer par refaire l’électricité, la plomberie, l’isolation…
• Quant aux responsables du dossier à la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, venus sur place en novembre dernier, ils ont pu constater “ l’état sanitaire alarmant du château et de ses dépendances”. Ils ont dressé ensuite la liste des interventions les plus urgentes à réaliser, afin d’écarter les menaces qui pèsent sur la bâtisse. Cela passe notamment par la fermeture des fenêtres, le démontage des cheminées, l’étaiement de la poutre centrale…Liste non exhaustive…
• LA POSITION DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL
ACTE III
JUILLET-AOÛT 2018
• HÉPHATA, NOUVELLE TENTATIVE DE SAUVETAGE
• Trois tentatives de sauvetage, en deux ans, dont celle d’Adopte un château, le tout sans succès ont fait écrire à La Montagne (8 juillet): “L’impression même d’une comptine enfantine, trois petits tours et puis s’en vont !”. Aucune des projets n’ayant pu aboutir, son propriétaire, Jean de Menton a décidé de faire appel à une société parisienne pour tenter de redonner vie au monument.
• Cette fois-ci, le sort du château a été confié à Hephata, plateforme d’accompagnement en financement des monuments d’exception. La société implantée à Paris est codirigée par Charlotte Le Grelle et Séverin des Mazery. Tous les deux diplômés de l’ESCP, ils ont fondé, en 2017, cette start-up qui est actuellement hébergée par l’incubateur de l’école de commerce parisienne. Quant au nom de Hephata, il signifie “Ouvre-toi ! ” en araméen.
• Séverin des Mazery considère qu’il faut “ sortir le patrimoine de la seule économie du don, en imaginant d’autres modèles afin de générer d’autres revenus”. Concrètement, Hephata vise un double objectif : d’abord proposer un catalogue des aides financières possibles mais aussi mettre en relation les éventuels mécènes et les propriétaires privés de patrimoine. Des objectifs et une logique dans lesquels le château de Lévis s’inscrit pleinement. C’est ce qui a finalement poussé Jean de Menton, le propriétaire sollicité par Hephata, à donner son accord, au printemps.
• Dans un premier temps, il s’agit de redonner vie au site en imaginant des activités annexes dans les communs. Une première étape en guise d’amorçage qui pourrait ensuite déboucher sur d’autres plus conséquentes, l’objectif final étant d’assurer le sauvetage du monument.
• Un “appel à idées” a été lancé et quelque 300 entreprises ou structures susceptibles de développer une activité sur le site ont été démarchées. Selon les responsable d’Hephata, nombre d’entre elles se seraient déclarées intéressées. Une visite organisée le 6 juillet a permis à chacun des éventuels porteurs de projet de découvrir le site historique. L‘étape suivant devait être “ l’appel à projets ferme”, prévu pour la fin juillet. Ceux qui semblent intéressants seront ensuite présentés au propriétaire du site pour une prise de décision finale dès l’automne, selon Séverin des Mazery.
ACTE IV
OCTOBRE 2019
• LE TEMPS DES PREMIÈRES DÉCISIONS
• Fin octobre 2018, la société Hephata, après avoir examiné les 7 dossiers qui avaient été déposés, a rendu son verdict, en tenant compte des critères de viabilité économique, de faisabilité technique et pratique, de rapidité d’exécution mais aussi de fiabilité des acteurs. Trois d’entre eux ont été retenus et proposés au propriétaire du château. Ce sont des projets d’occupation temporaire, privilégiant dans un premier temps l’extérieur du site, avec des “ projets qui pourront être concrétisés dès l’an prochain”, selon le directeur d’Hephata. Il s’agit d’un festival pluridisciplinaire qui pourrait avoir lieu en septembre 2019, d’un concert de musique et d’une exposition de voitures anciennes qui se tiendrait au cours de l’été. L’ambition affichée dans les trois cas est d’attirer le grand public et de redonner un engouement pour le château, tout en permettant sa rénovation. Autre enseignement de cet appel à projets, “il a permis de confirmer les atouts du château de Lévis auprès de nombreux organismes régionaux avec des résultats probants”. C’est le cas pour “l’attractivité des bâtiments secondaires et des espaces extérieurs”.
ACTE V
FÉVRIER 2019
• EXIT HEPHATA…ON REPART À ZÉRO
AVEC LA DEMEURE HISTORIQUE
• Du projet d’animation à la réalisation, il y un pas que la start-up Hephata n’a finalement pas pu franchir. Début février 2019, on apprenait en effet que les projets d’animation proposés n’avaient rien donné et qu’Hephata se retirait du dossier. Pour Jean de menton, toutefois, pas question de jeter l’éponge. Selon La Montagne, le propriétaire du château aurait décidé de reprendre le projet à zéro, ”avec une nouvelle approche”. Point positif: une convention de mécénat a été signé avec la Demeure historique. L’urgence est de collecter au moins 70 000 € pour entreprendre les travaux de sauvegarde indispensables, avec l’aide de la Drac et du département de l’Allier. En se refusant à toute idée de revente de l’édifice, Jean de Menton s’est dit déterminé à aller “jusqu’à l’obtention de résultats pour sauver ce château”…
à suivre...
► SAVOIR PLUS
• Une association au secours du château de Lévis
• Mobilisation pour sauver le château de Lévis
Je viens de découvrir votre article sur le château de Lévis ! merci pour le soutien que vous apportez à ma démarche citoyenne et pour la sauvegarde du patrimoine du Bourbonnais
Bien
sincèrement,
Catherine Guyot 06.06.42.58.59
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