MISE À JOUR: 4 NOVEMBRE 2019
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Le Relais de l’Empereur, un hôtel – restaurant de Montélimar (Drôme) à l’abandon depuis 2010, ravagé par un incendie et menacé d’être rasé pour laisser place à un éventuel projet immobilier… L’information, à première vue banale, n’aurait a-priori guère de raison d’émouvoir les Bourbonnais en général et les Montluçonnais en particulier… Ce serait pourtant oublier que c’est dans une des chambres de cet hôtel que Marx Dormoy, ancien sénateur-maire de Montluçon et ancien ministre de Léon Blum, connut en 1941 une fin tragique, déchiqueté par une bombe qui avait été placée sous son lit. C’est la raison pour laquelle Vu du Bourbonnais a choisi de relayer l’information et de faire connaître l’action de ceux qui, sur place, entendent bien se mobiliser pour éviter que l’on ne fasse table rase de ce lieu de Mémoire qui, hormis Marx Dormoy, a vu passer nombre de personnalités, à commencer par Napoléon Bonaparte…
◘ L’INCENDIE DU 24/25 JUILLET: LE COUP DE GRÂCE
PORTÉ À UN HÔTEL À L’ABANDON
• Dans la nuit du 24 au 25 juillet dernier, soit presque 76 ans jour pour jour après l’assassinat de Marx Dormoy, l’hôtel Le relais de l’empereur à Montélimar, dans lequel il avait trouvé la mort, a été détruit par un incendie. Une partie de la toiture s’est effondrée et les pièces à l’étage menaçaient de céder sous le poids de l’eau et des années. Selon la presse, seuls les murs porteurs et un imposant escalier semblaient récupérables. Le bâtiment qui était à l’abandon depuis 2010, à la suite du dépôt de bilan de la société qui l’exploitait, était devenu un squat. La plupart de ses équipements intérieurs avaient ainsi disparu, après la vente du mobilier.
◘ UN HÔTEL QUI A VU DÉFILER DES PERSONNALITÉS
• Bien que le Relais de l’empereur ne soit pas classé monument historique, c’est un très ancien bâtiment au riche passé et dont l’histoire ne se limite pas à la seule fin tragique de Marx Dormoy, ancien Ministre de l’intérieur sous le Front Populaire et ancien sénateur maire de Montluçon. L’hôtel avait ainsi accueilli Napoléon Bonaparte à quatre reprises, en juillet 1793, en avril 1795 et 1799, puis le 24 avril 1814. De nombreuses personnalités ont aussi franchi le seuil de l’hôtel: des artistes, des comédiens et acteurs, des écrivains, des sportifs de renom ou des hommes politiques... Le Général de Gaulle, l’Empereur Haïlé Sélassié d’Éthiopie, Richard Burton et Elizabeth Taylor, mais aussi des vedettes françaises, comme Louis Jouvet, Fernandel, Fernand Raynaud ou Michel Galabru, sont passées par la réception comme en attestait le Livre d’or.
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◘ LA MOBILISATION DES DÉFENSEURS DU PATRIMOINE MONTILIEN
• L’association Patrimoine Montilien s’était mobilisée au printemps dernier pour sauver le Relais de l’Empereur, déjà menacé de destruction par un éventuel projet immobilier. L’incendie du 24 juillet, compte tenu de l’état du bâtiment, risque de conforter ce projet et le point de vue de ceux qui souhaiteraient le voir rayé du paysage « pour en faire un parking à étages ou autre fantaisie appelée à être rasée à son tour dans 40 ans », laissent entendre les défenseurs du site. C’est contre cette éventualité qu’une pétition, toujours en ligne, a été lancée avec un réel succès: fin octobre, elle avait déjà recueilli plus de 1 500 signatures. L’association s’était alors fixé un nouvel objectif : atteindre les 2 000 signatures. Un seuil qui a été largement dépassé avec plus de 5 400 signatures recueillies, début février, soit autant de preuves de l’attachement témoigné par les signataires à cet élément du patrimoine montilien.
► POUR SIGNER LA PÉTITION EN LIGNE
◘ RETOUR SUR DEUX SIÈCLES ET DEMI D’HISTOIRE(S)…
• C’est en 1758, que Jean-Pierre Chabaud, muni d’un brevet de maître de poste, avait fait édifier au sud de la ville des écuries et des remises puis une auberge à l’enseigne du Palais Royal. Celle-ci était construite au départ du Grand chemin menant vers Orange en épousant le tracé de l’ancienne voie romaine. Une dizaine d’années plus tard, il avait racheté à un certain Rigaud de l’Isle, bourgeois de la ville de Crest, un ensemble de parcelles pour y édifier un nouveau bâtiment, l’actuel Relais de l’Empereur, dont la façade domine ce qui allait devenir la place Marx Dormoy.
• Achevée vers 1774, l’auberge-relais avait d’abord pris le nom d’Auberge de Monsieur en souvenir du passage, au printemps 1777 de Louis-Stanislas-Xavier de France, comte de Provence, frère cadet du roi Louis XVI et futur Louis XVIII. A la Révolution, L’Auberge de Monsieur avait été rebaptisée en Hôtel de la Poste, un nom conservé jusqu’en 1930. À cette date, il avait été rebaptisé Relais de l’Empereur, en référence aux passages de Napoléon Bonaparte, dont l’ultime en 1814, alors qu’il était en route pour l’exil à l’île d’Elbe.
◘ UN LIVRE D’OR POUR RAPPELER
LES HEURES FASTES DU RELAIS DE L’EMPEREUR
• L’association Patrimoine Montilien, tout en militant pour la conservation du site, a réalisé un ouvrage d’une soixantaine de pages, dont la présentation officielle a eu lieu le 26 septembre. Intitulé Le grand livre d’or du Relais de l’Empereur. Il évoque, dans une approche historique et architecturale, la vie aventureuse des Latry, qui achetèrent en 1950 le fonds de commerce du Relais. Il présente surtout les innombrables signatures des célébrités qui l’ont fréquenté, des années 30 jusqu’à la fermeture survenue en 2010.
► L’ouvrage est disponible au prix de 15 € auprès de l’association Patrimoine Montilien.
(d’après un article de Montélimar News – 4 juillet 2017).
► POUR ACCÉDER À LA PAGE FACEBOOK DE PATRIMOINE MONTILIEN
◘ LE RELAIS DE L’EMPEREUR:
RETOUR EN IMAGES…
◘ POUR EN SAVOIR PLUS
SUR L’ASSASSINAT DE MARX DORMOY…
• Le 3 novembre 2019, sur France Inter, l’émission à vocation historique de Stéphanie Duncan, Autant en emporte l’histoire, avait pour thème 1941 : Marx Dormoy, ministre du Front Populaire, est assassiné par la Cagoule. Pour évoquer ce triste événement de l’Histoire et raviver la mémoire de Marx Dormoy, l’émission de 54 minutes était composée d’une fiction de Vincent Hazard, réalisée par Pascal Deux. Elle était commentée au micro de Stéphanie Duncan par Gayle Brunelle, historienne et professeur émérite à l’université de Fullerton en Californie. Elle est avec Annette Finley Crosswhite, l’auteure de Assassination in Vichy : Marx Dormoy and the Struggle for the Soul of France (La vengeance : Vichy et l’assassinat de Marx Dormoy), livre à paraître en anglais en 2020 (University of Toronto Press).
À noter…Dans le cours de l’émission, on a pu entendre un document rarissime : la voix de Marx Dormoy dans un court extrait enregistré lors d’une intervention à l’occasion d’un congrès du Parti socialiste.
► Réécouter l’émission en podcast
À LIRE SUR CE BLOG…
► Deux universitaires américaines se penchent sur l’assassinat de Marx Dormoy