L’ ACTUALITÉ DES AUTEURS, DES ÉDITEURS, DES LIBRAIRES ET DES MÉDIAS N° 24 (MARS – AVRIL 2020)

Cette rubrique faisant  l’objet d’additifs et de mises à jour, jusqu’au  30 avril  2020, en fonction de l’actualité, n’hésitez pas à y revenir régulièrement pour bénéficier pleinement de ces  compléments d’information.

Pour nous contacter et/ou communiquer vos informations:

 allier-infos@sfr.fr

DERNIÈRE MISE À JOUR:  2 MAI  2020

 

À LA UNE

COVID 19

• LE SECTEUR DU LIVRE CONFINÉ, LUI AUSSI :

UN AVENIR QUI S’ANNONCE SOMBRE

MONDE DES LIVRES• Dans le supplément Livres du journal Le Monde (20 mars), Nicole Vulser a publié un long article dans lequel elle analyse les conséquences de l’épidémie du Covid-19 sur le secteur du livre : “Parutions suspendues par les éditeurs, libraires en hibernation…Seules les ventes en ligne de poursuivent, jusqu’à quand ? Le monde du livre retient son souffle“.

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• Elle rappelle d’abord  que la fermeture des commerces “non indispensables, imposée par le gouvernement dès le 16 mars, concerne 3 300 librairies, de toutes tailles, dans l’Hexagone. À l’autre bout de la chaîne du livre, la plupart des éditeurs, des plus grands  comme Hachette Livres, Éditis, Albin Michel ou Gallimard, jusqu’aux plus petits,  ont choisi de revoir leurs programmes de parution de printemps en les repoussant de quelques semaines à plusieurs mois, voire à l’automne prochain…Soit en pleine rentrée littéraire, avec sa vague habituel de nouveaux romans. Téléscopages et embouteillages garantis.

téléchargement (2)• Les “gros éditeurs” ont promis d’apporter une aide aux libraires indépendants, dont plusieurs dizaines (voire davantage) risquent de ne pas s’en remettre. Parmi ces mesures figurent des reports d’échéances et un remboursement plus rapide des retours (ouvrages non vendus, retournés à l’éditeur), ainsi qu’un plan d’aide au redémarrage d’après crise. Si les plus grosses structures éditoriales arriveront à encaisser le choc, l’inquiétude est bien réelle pour nombre de petites et moyennes structures : “situation catastrophique”, juge Serge Safran (éditions Zulma), ce que confirme  Marie-Jeanne Auzas (éditions Imago) qui prévoit une absence totale d’activités pour sa maison d’édition entre mars et septembre.

logo-lalibrairie-com• Si les librairies “physiques” ont toutes fermé, y compris les chaînes comme Cultura, Fnac ou Espaces culturels Leclerc, les sites de ventes en ligne ont pu, pour certains d’entre eux, tirer leur épingle du jeu, au moins provisoirement. Amazon en tête (12 à 13% du marché du livre en France)…C’est ce qui a conduit Lalibrairie.com, regroupant 2 000 libraires adhérents, à essayer de  se positionner comme une alternative au géant américain. Même attitude de la part de Librairies-independantes.com (plus d’un millier de membres) mais qui a dû très vite déchanter face aux problèmes de logistique et de livraison, la majorité des points relais ayant fermé. logo_librairies_independantes_01D’où la question qui fâche, posée par Vincent Monade, président du Centre national du livre : “Pourquoi Amazon ferait-il prendre des risques à ses salariés  alors que les librairies ont été fermées ?”. Il se pourrait toutefois qu’Amazon, une fois ses stocks de livres écoulés, choisisse de donner la priorité à la livraison de  produits alimentaires et pharmaceutiques. Seules éclaircies dans ce contexte sombre, le confinement devrait profiter au marché du livre audio, déjà en plein essor avant les mesures de confinement, ainsi qu’aux livres électroniques téléchargeables dont les ventes pourraient être dopées. Le malheur des uns…(vieux proverbe bien connu).

• DES SORTIES DE NOUVEAUTÉS

RETARDÉES ET/OU ANNULÉES

Cross annuléAutre conséquence du Covid-19, les éditeurs ont considérablement réduit la voilure en terme de parutions prévues, dès le début de  la période  de confinement, entre le 18 et le 27 mars. C’est ainsi qu’ils ont décidé de reporter la parution de 5 236 nouveautés et nouvelles éditions qui avaient été annoncées pour le printemps. 2 498 titres (47,7%), ont été reportés à une nouvelle date : 1 068 devraient en principe sortir en mai, 572 en juin, 233 en juillet et 230 en août. Le reste devrait se répartir entre septembre (205) et octobre-décembre (123). Quant aux 68 titres restants, ils devront attendre 2021 pour rejoindre les tables de libraires. Dans le même temps,  2 738 nouveautés et nouvelles éditions (52,3% du total)  initialement programmées au printemps ont été reportées, sans  précision de date de sortie.

Tous les secteurs de l’édition sont concernés par ces mesures, y compris le scolaire et le parascolaire, mais c’est plus particulièrement les secteurs des livres pour la jeunesse (940 titres), des romans (644) ainsi que des  BD-mangas (540) qui sont le plus touchés par ces décisions : ils  représentent à eux trois 40% des reports. Dans une moindre mesure, le tourisme (200 titres), la santé (189) et le droit (184) sont aussi concernés par ces décisions de report.

• 16 MARS – 12 AVRIL,  

ÉPISODE 1 DU CONFINEMENT

UN EFFONDREMENT DES VENTES DE LIVRES

CHA_SALONCHLIN-3.JPG• Un véritable effondrement…Entre le 16 mars et le  12 avril, les ventes de livres ont chuté de 66% en valeur et de 58,5 % en nombre d’exemplaires, avec des écarts importants selon les catégories d’ouvrages. Les secteurs les plus touchés ont été ceux du  tourisme et du voyage avec une chute de  97% en nombre d’exemplaires  par rapport la même période de 2019, ainsi que ceux  des cartes et des atlas (-94%),  Victime de la fermeture des musées, les livres dédiés aux beaux arts affichent une baisse de 90%. Les  sciences humaines (-84%), l’histoire (-83%), les dictionnaires et encyclopédies (-80%) ainsi que les loisirs et les livres pratiques (-76%), sont durement atteints.

• Les rares hausses de ventes concernent le secteur des ouvrages parascolaires avec une hausse des ventes de 1%, qui s’ajoute à la forte croissance qui avait été enregistrée avant le confinement, entre janvier et la mi-mars (+ 21%). Les ouvrages scolaires (- 20%) et les livres pour la jeunesse (- 40%) ont été moins atteints par la baisse des ventes sur la période du 16 mars au 12 avril. Quant à la bande dessinée et  la littérature générale, elles affichent respectivement des ventes en recul de 69% et de 59%. Des chiffres particulièrement inquiétants, alors que se profilait l’épisode 2 du confinement  prolongé jusqu’au 11 mai.

• UNE HÉCATOMBE ANNONCÉE  PARMI

LES PETITES MAISONS D’ÉDITION

• Dans une interview réalisée par France Info, Antoine Gallimard prévoit une réduction des parutions des livres de l’ordre de 40% jusqu’à la fin de l’année. Il a également annoncé avoir perdu près de 90% de son chiffre d’affaires… Ce qui est extrêmement pénalisant pour un groupe comme Gallimard, devient carrément dramatique et pourrait s’avérer mortel pour les petites maisons d’éditions qui publient  entre 5 et 10 livres par an. Beaucoup d’entre elles sont installées en région. Selon le syndicat national de l’édition, le chiffre d’affaires pourrait baisser de  90% à 100% pour les plus petites d’entre elles.  L’annulation des salons du livre et des rencontres littéraires, qui constituent pour elles de véritables vitrines, en plus des articles qui leur sont dédiés dans la presse, handicape lourdement ces structures  fragiles et représente un manque à gagner énorme.

Sauvon

• C’est ce qui a poussé Frédéric Araujo, directeur de AKFG édition, inquiet pour l’avenir de son métier et celui de ses collègues, à  lancer une pétition intitulée  Sauvons nos petites maisons d’éditions  afin d’alerter le gouvernement sur la situation : “ Nous avons déjà des difficultés à imposer nos titres, nous avons subi de plein fouet les grèves cet hiver, alors là la crise sanitaire c’est le coup de trop”. Et d’ajouter que 60% des petites maisons d’édition pourraient fermer à la suite de la crise.

L’ACTU  DES AUTEURS

PRIX LITTÉRAIRES

• PRIX  RENÉ FALLET 2020

AGIR PAYS JALIGNOIS

CINQ ROMANS EN LICE

• Sur les trente-cinq  romans proposés par différentes maisons d’édition pour concourir au  prix littéraire René Fallet 2020, les dix membres du  jury de présélection en ont retenu cinq, au terme de deux heures de délibération.AVT_Rene-Fallet_4284 La présentation officielle a eu lieu le 7 mars, à la salle des fêtes de Thionne, à l’invitation de l’association Agir en Pays Jalignois, et en présence d’Agathe Fallet…Le tout autour d’une soupe aux choux.

• C’est le 13 juin, à Jaligny-sur-Besbre, à l’occasion des Journées littéraires,  que sera dévoilé le nom du lauréat.   Le prix René-Fallet couronne un premier roman qui, dans l’idéal, évoque l’esprit de l’écrivain parisien. L’auteur du Triporteur et de  Paris au mois d’août savait faire preuve dans sa prose d’une poésie proche de l’absurde, comme d’un fort sens critique.

• Particularité du prix René Fallet, le jury  est ouvert à tout lecteur qui le souhaite. Il suffit de lire les cinq romans  sélectionnés et de voter lors des Journées littéraires, à Jaligny-sur-Besbre. Cette année, le vote se tiendra le samedi 13 juin (jusqu’à 15 h 30) et  la remise du prix, doté de 1.500 €, aura lieu à 17 heures. Seule obligation pour le lecteur, il faut adhérer à l’association et s’acquitter d’une cotisation de 10 €, destinée à couvrir les frais d’achats de livres pour tous.

• LES CINQ ROMANS

SÉLECTIONNÉS

ZZ Palan• Mathieu Palain : Sale gosse (349 p, éditions L’iconoclaste, 18 € – août 2019)

◘ Wilfried naît du mauvais côté de la vie. Sa mère, trop jeune et trop perdue, l’abandonne. Il est placé dans une famille d’accueil aimante. À quinze ans, son monde, c’est le foot. Il grandit balle au pied dans un centre de formation. Mais une colère gronde en lui. Wilfried ne sait pas d’où il vient, ni qui il est. Un jour sa rage explose ;  il frappe un joueur. Exclusion définitive. Retour à la case départ. Il retrouve les tours de sa cité, et sombre dans la délinquance. C’est là qu’il rencontre Nina, éducatrice de la Protection judiciaire de la jeunesse. Pour elle, chaque jour est une course contre la montre ; il faut sortir ces ados de l’engrenage. Avec Wilfried, un lien particulier se noue.

ZZ Mayault• Isabelle Mayault : Une Longue nuit mexicaine (272 p, éditions Gallimard, collection Blanche, 21 € – février 2019)

◘ À la mort de sa cousine, au Mexique, un homme hérite d’une valise. Il découvre qu’elle contient des milliers de négatifs des photos de la guerre d’Espagne prises par Capa, Taro et Chim. Et se retrouve dans l’embarras. Faut-il s’en faire le nouveau gardien ? Ou en dévoiler l’existence ? Pour en décider, il remonte la piste des propriétaires successifs de la valise, près de soixante-dix ans après la longue nuit pendant laquelle l’héroïsme, la discrétion, l’audace de quelques uns ou de quelques unes ont sauvé ces précieux clichés.

ZZ SEYMAN• Ingrid Seyman : La Petite conformiste (188 p, éditions Philippe Rey, 17 €août 2019)

◘ Esther est une enfant de droite née dans une famille excentrique de gauche, dans les années 70. Sa mère, anticapitaliste, ne jure que par Mai 68. Son père, juif pied-noir, conjure son angoisse d’un prochain holocauste en rédigeant des listes de tâches à accomplir.

ZZ Demyne• Aly Deminne : Les Bâtisseurs du vent (288 p, éditions Flammarion,  19 € avril 2019)

◘ Entre la première et la dernière page de ce livre, quatre saisons défilent. L’église, une nuit d’été, est démolie par la foudre. Le bourgmestre, l’apothicaire, le curé Emmanuel et son terrible secret, sans oublier tous les autres qui ont vu mais se sont tus, tous ceux qui prospèrent dans les jolies maisons, condamnent le petit peuple entassé dans les bas-fonds du bourg à l’impossible : reconstruire en quelques mois et de leurs mains l’église foudroyée.

ZZ Aouine• Sofia Aouine : Rhapsodie des oubliés  (208 p, éditions La Martinière , 18 € août 2019)

◘ Abad, treize ans, vit à Barbès, la Goutte d’Or,  Paris XVIIIe. Son histoire fait s’entrechoquer les affres de  la puberté et la diversité du quartier, par exemple à travers  le récit loufoque d’une violente dispute entre des Femen et  les fidèles de la mosquée. Le peep-show clandestin qu’a ouvert l’adolescent dans sa chambre – dont la fenêtre donne sur le « centre d’entraînement » des militantes aux seins nus – en est à l’origine. Étiqueté primo-délinquant par les services sociaux, le narrateur est condamné à voir une psy. Elle s’appelle Ethel Futterman.

• JACQUES DRILLON,

LAURÉAT DU PRIX VALERY LARBAUD 2020

jacques_drillon_cadence_gallimard• À Vichy, à  l’occasion des Grandes Rencontres des 6,7 et 8 mars, animées par Philippe Lapousterle, le prix Valery Larbaud a été officiellement remis à Jacques Drillon, pour son Cadence (éditions Gallimard, collection Blanche, 400 p, 23,50 €).  Dans le premier volume de cette autobiographie profonde et légère, Jacques Drillon raconte ses années de formation intellectuelle autant que sensuelle, ses addictions aux forêts vosgiennes, aux livres et une propension à se sentir chez soi parmi les anti-modernes. Il pose un regard tendre et féroce sur ses proches et sur d’autres personnes célèbres ou non. Il communique sa passion pour Saint-Simon, Voltaire, Baudelaire, Rimbaud, La Fontaine, Érasme, Melville… et son amour pour la musique, qui l’a nourri, au propre comme au figuré.

AVT_Valery-Larbaud_333À propos de Valery Larbaud, Jacques Drillon avoue l’aimer beaucoup : J’ai plein de points communs avec lui, son goût pour la technique, l’impression de la littérature, la grammaire, la cuisine de la littérature de base. Il aime soulever le couvercle. Il veut savoir. En classe de Troisième, j’ai réalisé une fiche de lecture sur Fermina Marquez. Ce roman m’a fait comprendre que la littérature pouvait être autre. Car, je lisais beaucoup, je tuais le temps. Ce livre de Larbaud est arrivé au bon moment.  Ce Prix, outre qu’il a été décerné à des écrivains de première force, n’est pas un Prix commercial. Il y a, en plus, ce parfum du passé”.

9782072818608-475x500-1Jacques Drillon né en 1954,  a notamment publié  Traité de la ponctuation (Gallimard, 1991), Le Tombeau de Verlaine (Gallimard, 1996), Propos sur l’imparfait (Zulma, 1999), Face à face (Gallimard, 2003), Nouveaux mots croisés diaboliques (Larousse, 2017), La musique comme paradis (Buchet-Chastel, 2018). Rappelons que le prix a été créé en 1967 par l’Association Internationale des Amis de Valery Larbaud et la Ville de Vichy, afin de promouvoir la connaissance de l’œuvre de Valery Larbaud (1881-1957). Le prix, doté de 7 622 €, est  décerné « à un écrivain ayant publié une œuvre que Valery Larbaud aurait aimée ».

► Savoir plus…“Jacques Drillon, 54ème prix Valéry-Larbaud pour “Cadence” (interview de l’écrivain réalisée par Fabienne Faurie).

•  L’AFFAIRE MATZNEFF

S’INVITE À LA REMISE DU PRIX VALERY-LARBAUD

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Christian Giudicelli

• Lors de la remise du prix,  sous la présidence de Jean-Marie Laclavetine entouré de membres du jury, l’absence de Christian Giudicelli (lauréat du prix 1982) a été remarquée. Même si l’annulation de sa venue avait été annoncée le 7 mars, au matin. Une décision qui est intervenue  en  en relation avec les révélations faites par le site d’information Médiapart selon lesquelles l’écrivain serait dans le viseur de la justice pour des relations étroites qu’il aurait entretenues avec Gabriel Matzneff, auteur pédocriminel présumé.

Savoir plus: “Un écrivain pédophile – et l’élite française – sur le banc des accusés” (article publié en français sur le site du New York Times)

• Les enquêteurs ont en effet perquisitionné les éditions Gallimard, qui ont publié les écrits de Gabriel Matzneff,  dont Christian Giudicelli était l’éditeur. Ils  le soupçonneraient notamment d’avoir caché chez lui des documents compromettants, parmi lesquels des lettres et des photos de Vanessa Springora. Cette dernière, qui vient de publier Le consentement (éditions Grasset, 208 p, 18 €),   accuse Gabriel Matzneff d’avoir abusé d’elle alors qu’elle était mineure

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Jean-Marie Laclavetine

• Cette non-venue a conduit Jean-Marie Laclavetine à donner quelques explications à la presse : “Je pense qu’il pressentait qu’il serait dans une situation désagréable. L’annulation de sa venue, c’est pour ne pas avoir à la vivre. On m’avait dit que des gens allaient intervenir sur le sujet le concernant. Je respecte complètement sa décision”, a-t-il déclaré à la journaliste Fabienne Faurie. Et de préciser sa position : “Je ne cherche à excuser personne, ni à mettre de l’huile sur le feu. Je suis assez désolé par l’ambiance qui règne en France. Il y a des revendications tout à fait légitimes de la part des hommes et des femmes qui ont été abusés. Nous avons à réfléchir à cette question.  Mais, la façon dont cela se passe relève de la curée. Il y a une présomption d’innocence. Il y a quelque chose de malsain que chacun s’autorise à être procureur ou policier. Nous n’avons pas les moyens, en tant que citoyen, à juger (…).J’ai envie de faire confiance à la justice. Je n’ai pas un sentiment de justice accomplie, quand des accusations fusent dans tous les sens”.

images• Quant à la question de savoir si  Christian Giudicelli pourra rester membre du jury du prix littéraire, Jean-Marie Laclavetine entend s’en  remettre à la justice : “Encore une fois, a-t-il martelé, nous ne sommes ni des juges, ni des policiers. S’il y a une enquête qui remette en cause son intégrité, la question se poserait”.

Savoir plus : “Affaire Matzneff : un éditeur de Gallimard inquiété alors qu’un procès s’ouvre”, article publié sur le site L’Actualité littéraire.

• PRIX ALEXANDRE VIALATTE

livres_auteuron9• Une seconde sélection a été établie pour le prix Alexandre-Vialatte 2020 qui aurait dû  être officiellement remis le 16 avril…Une date qui avait été  choisie avant que les mesures de confinement ne soient prolongées jusqu’au 11 mai. Réuni le  11 mars, le jury a retenu trois titres, parmi lesquels  figurera le successeur de Pierre Jourde, lauréat du prix 2019  avec Le voyage du canapé-lit (éditions Gallimard). Il s’agit de Le bon sens, de Michel Bernard (éditions la Table ronde), Vie de Gérard Fulmard, de Jean Echenoz (éditions de Minuit) et de Rome en noir, de Philippe Videlier (éditions Gallimard).

• Cette année, le jury réunit Jean Brousse, Patrick Besson, Myriam Entraygues, Pierre Jourde, Jacques Letertre, Marianne Payot, Florence Sultan et Pierre Vialatte, le fils de l’écrivain.

• LES TROIS ROMANS

SÉLECTIONNÉS

• Michel Bernard : Le bon sens (208 p, éditions de la Table Ronde, 20 €- janvier 2020)

I23689◘  Novembre 1449, dix-huit ans après la condamnation pour hérésie de Jeanne d’Arc, Charles VII chasse les Anglais de Rouen. La fin de la guerre de Cent Ans est proche : il faut achever la reconquête du territoire, panser les plaies des provinces dévastées et réconcilier les partis engagés dans la guerre civile. Promettant le pardon et l’oubli, le roi ordonne pourtant une enquête sur le procès de 1431. Malgré la résistance d’une partie de l’Église et de l’Université, quelques hommes opiniâtres, rusant avec la raison d’État, vont rechercher preuves et témoins pour rétablir la vérité, le droit et l’honneur de la jeune fille. Après Le “Bon Cœur”, Michel Bernard relate l’histoire d’une poignée d’hommes en quête de justice. Bouleversés par la parole qu’ils découvrent dans les actes du procès, ils conduiront Charles VII à rendre à Jeanne un peu de ce qu’elle lui a donné. Chez cet homme insaisissable qui fut un grand roi, ils feront jouer au bon moment le bon ressort. Il a le visage d’Agnès Sorel, la beauté morte fixée par Jean Fouquet.

• Jean Échenoz : La vie de Gérard Fulmard (240 p, éditions de Minuit, 18,50 € – 2020)

livre_moyen_9782707345875La carrière de Gérard Fulmard n’a pas assez retenu l’attention du public. Peut-être était-il temps qu’on en dresse les grandes lignes. Après des expériences diverses et peu couronnées de succès, Fulmard s’est retrouvé enrôlé au titre d’homme de main dans un parti politique mineur où s’aiguisent, comme partout, les complots et les passions. Autant dire qu’il a mis les pieds dans un drame. Et croire, comme il l’a fait, qu’il est tombé là par hasard, c’est oublier que le hasard est souvent l’ignorance des causes.

• Philippe Videlier : Rome en noir (320 p, éditions Gallimard, collection Blanche, 21 € – décembre 2019)

product_9782072850301_195x320Le boxeur Pietrantonio Di Mauro, venu de Roccasecca, un village pelé au sud de Rome, est assassiné dans un bal à Villeurbanne en 1932. L’élucidation du meurtre de ce militant fasciste va vite devenir un enjeu politico-médiatique. Au cours de l’enquête, les suspects, anarchistes ou communistes, seront tour à tour emprisonnés, innocentés, de nouveau traqués par les services secrets tout-puissants de Mussolini, la redoutable OVRA, jusqu’à la déclaration de guerre. En arrière-plan, le roman déroule la fresque de l’épopée fasciste, d’abord triomphale mais qui peu à peu se mue en désastre, jusqu’à l’écroulement final : le corps du Duce et celui de sa maîtresse exposés à Milan, pendus par les pieds. On retrouve ici la méthode et le style tout à fait singuliers de Philippe Videlier. La folle aventure fasciste arbore les couleurs d’une farce grinçante. Le récit, d’une implacable précision documentaire, est ponctué par les apparitions bouffonnes d’un super-héros jailli d’une bande dessinée à la gloire du régime. Le personnage de Mussolini, délirant de narcissisme, se piquant d’art, adulé par les foules en Italie et en Amérique – mais aussi, on a tendance à l’oublier, en France et en Europe –, domine le livre de sa stature à la fois effrayante et grotesque, au fil d’une reconstitution exceptionnelle.

• PRIX GONCOURT

IL Y A 116 ANS, LA MATERNELLE DE LÉON FRAPIÉ

L’EMPORTAIT SUR LA VIE D’UN SIMPLE D’ÉMILE GUILLAUMIN

9782854522778• En 1904, deux auteurs Bourbonnais auraient pu prétendre  au Prix Goncourt, décerné pour la deuxième fois. Le premier,  Charles-Louis Philippe (1874-1909) disposait bien du soutien d’Octave Mirbeau pour son roman Le Père Perdrix, mais il ne put  concourir, l’ouvrage  étant paru en 1902, donc trop tôt par rapport  au règlement du prix.

◄ Le second, Émile Guillaumin (1873-1951) partait favori, avec La vie d’un simple, publié en 1904 par les éditions Stock. Finalement, il fut coiffé sur le poteau, au deuxième tour du scrutin,  par Léon Frapié (1863-1949) auteur de  La maternelle, un roman  qui vient de faire l’objet d’une réédition (éditions L’Éveilleur, 18 €).

220px-Léon_Frapié◄ Léon Frapié, comme Charles-Louis Philippe, était employé de la ville de Paris. Il était marié à une institutrice auprès de laquelle   il avait puisé de nombreuses informations destinées à nourrir la trame de son roman, situé “ à mi-chemin entre la fiction et le documentaire”. Homme très discret, mais fin observateur, il était un disciple d’Émile Zola et se rattachait au courant naturaliste : “ Cette capacité à voir et à retenir, on la sent pleinement dans “La Maternelle” dont l’histoire tient en peu de mots et beaucoup de portraits”, écrit Hervé Bel, dans sa rubrique  Les ensablés, sur le site L’Actualité littéraire.

maternelleLe personnage central s’appelle Rose. C’est “une  femme cultivée et diplômée dont le père a perdu sa fortune. Son fiancé l’a abandonnée. Elle n’a plus pour soutien qu’un vieil oncle acariâtre. Elle décide de travailler et se retrouve femme de ménage dans une école du Paris populaire. Dès lors, elle va tenir un journal qui est le roman lui-même, en phrases simples, parfois percutantes, et souvent émouvantes”. Pour Hervé Bel, “La réédition de l’ouvrage est donc l’occasion de redécouvrir ce livre bouleversant à maints égards (sans jamais sombrer dans le misérabilisme), et soutenu, ce qui est l’essentiel, par un style rigoureux”. (► Lire l’article sur le site de L’actualité Littéraire)

 

ÉCRIVAINS

• BERNARD FARINELLI

CHANGER AVEC LE CLIMAT…UN LIVRE POUR ÉVITER LE PIRE

téléchargement• Comment chacun de nous, au-delà des grands principes affichés, peut-il agir au quotidien pour défendre l’environnement et  faire face à l‘urgence climatique ? C’est la question à laquelle a voulu répondre le Bourbonnais Bernard Farinelli, spécialiste du monde rural, en faisant œuvre de pédagogie  avec son dernier livre, Changer avec le climat (éditions du Terra, 15 €). Après des romans (Les haies de la misère..), des guides (Planter des haies…) et des essais (J’agis pour demain…), il propose une série de clés pour, à la fois, modifier sa façon de consommer et adopter de nouveaux gestes simples face au changement climatique. L’idée de base est de faire prendre conscience que chacun détient des moyens de s’engager dans la voie de la transition écologique. Pour enfoncer le clou, la préface est signée par Jean Jouzel, un des plus célèbres climatologues français.

41kqf1lJh0L._SX331_BO1,204,203,200_• Selon Bernard Farinelli, le climat étantun bien commun (qui fait que) nous sommes tous dans la même galère, face aux informations de plus en plus  alarmantes qui circulent chaque jour, il y a une urgence grave à réagir. Entre ceux qui sont déjà prêts à agir et ceux qui le voudraient bien mais qui ne savent pas comment, il y a un large public auquel l’auteur s’adresse. Chacun peut mettre en place son propre “plan climat”, que ce soit pour l’eau, l’alimentation, la santé, l’énergie, les animaux ou encore les déplacements. Ce qu’il faut arrêter, ce n’est pas de vivre, mais de cesser “les gestes les plus dangereux”.  Tout en condamnant les climato-sceptiques, Bernard Farinelli considère que le chemin est encore long, face à un public qui n’est pas toujours  conscient de ce qui s’annonce et qui n’anticipe pas suffisamment pour  proposer et mettre en œuvre  une nouvelle économie. Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, on peut espérer que ce livre y contribuera, à sa dimension.

► Accéder au site de Bernard Farinelli

 LES EFFETS “POSITIFS” DU  COVID-19

UNE OCCASION DE “REMETTRE LES PENDULES À L’HEURE

• En confinement à Saint-Aubin-le-Monial, au cœur du Bocage bourbonnais dont il est l’un des défenseurs,  Bernard Farinelli prépare un nouvel ouvrage. Selon le spécialiste de l’économie locale, le Covid-19  devrait permettre de remettre des pendules à l’heure. En ligne de mire  l’hyperconsommation, les produits de masse, le superflu, le rendement économique à tout prix, avec comme effet concret la possession d’une grosse voiture, du vêtement à la mode ou  du téléphone dernier cri. À l’inverse, la crise devrait être un moyen  de redécouvrir quelques valeurs de base, longtemps oubliées : la solidarité, l’altruisme, la proximité, la créativité ou encore la simplicité. Selon lui, “sous la pression du coronavirus, pas mal de gens prennent conscience que  l’essentiel, c’est de pouvoir se nourrir, de pouvoir être soigné, de pouvoir être libre de sortir pour travailler, pour se divertir, pour profiter de sa famille ou de la nature”.

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Une réflexion sur l’après – crise, menée depuis Saint-Aubin-le-Monial

•  Il y voit aussi la revanche de la campagne sur la ville, après des décennies “où on nous a gonflé avec la métropolisation, la mondialisation”. Une revanche qu’il illustre par l’image  de ces centaines de milliers de personnes qui ont fui Paris pour s’exiler à la campagne, à la montagne ou au bord de l’océan, mus par un réflexe de survie : “Plus ou moins consciemment, les gens s’aperçoivent enfin que le gigantisme, les modes de vie urbains déshumanisés, les échanges marchands mondialisés, l’entassement les uns sur les autres que l’on veut nous imposer à tout prix, sont mortifères”.

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Une révolution de proximité qui passe par des circuits courts

 • Pour  Bernard Farinelli, face à un modèle économique et sociétal qui pourrait s’effondrer au moindre dérèglement durable du système, ce que le Covid-19 a mis en lumière, il existe des solutions qui passent par  “ une révolution de proximité : finies les années de globalisation, de marchandisation tous azimuts, fruits de plusieurs dizaines d’années d’erreurs politiques…Place à la relocalisation : “ Face aux crises aux multiples facettes qui agitent nos sociétés, le retour au local apparaît comme l’une des réponses majeures”. Il faudra donc développer les petites fermes, la vente directe, les circuits courts de distribution, les micro-entreprises, les microcrédits, les magasins de proximité, les  réseaux coopératifs,  l’entraide, ou encore les jardins partagés. Autant de solutions prônées depuis longtemps par certains “lanceurs d’alerte” mais trop souvent jugées utopistes, du temps du tout globalisation-mondialisation :“ Sous l’effet des crises sanitaires, écologiques, énergétiques, les grandes mutations que nous allons vivre vont nous contraindre à changer nos modes de vie, à repenser notre modèle de développement pour qu’il devienne plus vertueux, plus respectueux de l’environnement et plus proche de l’humain”. Et, cette fois-ci, Bernard Farinelli y voit une urgence absolue car c’est désormais une question de survie.

 

• JEAN BOURDIN (1906-1987)

L’OUVRIER AGRICOLE QUI ÉTAIT AUSSI  ÉCRIVAIN

La semaine de l’Allier (5 mars), a consacré un article à “Jean Bourdin : ouvrier agricole, écrivain (1906-1987)” : “Personnage étonnant et secret, Jean Bourdin a écrit une dizaine d’ouvrages quelque peu oubliés ayant pour cadre le monde paysan de la région de Cérilly”, peut-on lire en introduction.

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Jean Bourdin

• Fils de fermiers établis au lieudit Brétoire, à Cérilly, sa nature “chétive” lui fait vite comprendre qu’il sera toujours différent des autres. Avec le certificat d’étude passé en 1919 pour tout diplôme, il commence par travailler avec ses parents. Un labeur  bien trop pénible physiquement pour sa frêle personne. Santé fragile, timidité maladive, sentiment d’infériorité, voire de repli sur soi, le  poussent à écrire, un besoin qu’il a éprouvé dès l‘adolescence.

• Il lui faudra attendre 1946 pour que son premier roman, La grande blonde et la petite brune, suivi de La jolie prisonnière soit publié, par ses propres soins.   En 1950, en même temps que sa famille, il doit quitter le berceau familial de Brétoire. Il se fait ouvrier agricole, travaillant notamment au domaine de l’Aspic, jusqu’à l’heure de la retraite en 1969, sans pour autant renoncer à l’écriture : “Cet homme d’apparence modeste, discret et très secret, fut un esprit libre qui, malgré sa timidité, ne se laissa pas entamer par les opinions des autres et se donna  les moyens d’accomplir ce qu’il voulait réaliser”, écrit Maurice Sarazin dans Les Bourbonnais célèbres et remarquables (Tome III- Montluçon). Le même biographe évoque son écriture avec  ”sa manière simple et rustique de s’exprimer sur les choses de la vie, tout en soulignant que  “Tous ses ouvrages  sont autobiographiques à des degrés divers. En se décrivant lui-même, il a décrit aussi les travaux agricoles et la vie rurale. Son œuvre est représentative  de l’existence difficile de beaucoup de travailleurs restés célibataires”.

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Émile Guillaumin

• Dans un article publié en  novembre 1932, dans les Dernières nouvelles de Strasbourg, Émile Guillaumin en personne avait consacré quelques lignes à Jean Bourdin, qui venait de lui rendre visite, apportant avec lui ses premiers écrits : “ Un grand garçon, d’une timidité maladive me vient voir d’assez loin, en dépit de bourrasques fréquentes, ce dimanche soir de printemps maussade. Fils de métayers, de famille très pauvre : une ferme isolée sut telle côte battue des vents que je connais bien…Il sort peu ; aucun goût pour les distractions faciles où se complaisent ceux de son âge. Alors, le dimanche et l’hiver, à la veillée, il écrit. Dans le manuscrit de volume impressionnant qu’il m’apporte je dois trouver des contes, un roman…C’est pour vous distraire ? questionnai-je. Ou bien  comptez-vous gagner de l’argent de votre plume ? – Dame, si je pouvais (lui répond Jean Bourdin). Et Émile Guillaumin de conclure : “Ce rêve d’une imagination vagabonde au cours des séances monotones de labours ou de sarclage, j’ai trop connu cela pour avoir l’idée d’en rire”.

• Ce n’est qu’en 1957, que paraîtra aux éditions de l’Aspic son deuxième livre, Baptiste et Frédéric, suivi de Le lit nuptial.  Ce sera ensuite La peine en 1962 et Les derniers beaux jours, publié par les éditions des Cahiers  Bourbonnais en 1972. Les travaux des champs, les plaisirs des jeunes à la campagne, l’observation de la vie paysanne sont au cœur de ses histoires. De nombreuses pages sont le reflet de sa propre vie, exprimant la solitude sentimentale qu’il éprouve : “Il faut me rendre à l’évidence, j’ai les femmes et elles me font peur”. C’est peut-être ce qui explique que dans ses  écrits inédits (Solitude choisie, Les vies tourmentées, Le journal d’un retraité pas sage, Jusqu’au bout du possible et À votre tour, madame) il se laisse aller à l’emploi d’expressions un peu crues et à la description de scènes un peu plus osées (pour son époque…). Jean Bourdin est décédé à la Maison de retraite de Cérilly le 21 décembre 1987.

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Cérilly, unique cadre de vie de Jean Bourdin

Savoir plusSimone Raynaud : Jean Bourdin de Cérilly, écrivain et Paysan (Les Cahiers Bourbonnais – n°126- Hiver 1988- pp.63-65).

 

• LES CHRONIQUES D’ALEXANDRE VIALATTE1280x680_054_col0016

UN PREMIER ANTIDOTE AU COVID-19

• À partir du 6 avril et pour toute la durée de la période de confinement imposée par l’épidémie de Covid-19, La Montagne s’est plongée dans ses archives pour en extraire  une série de chroniques d’Alexandre Vialatte. Elle sont publiées, chaque jour,  du lundi au samedi. Il faut dire que la matière ne manque pas puisque Vialatte avait rédigé 898 chroniques, entre 1952 et 1971…De quoi tenir au moins trente mois, si le confinement devait se prolonger et se re-prolonger !

41W32MHQ84L._SX308_BO1,204,203,200_• Pour introduire cette publication, le quotidien régional a fait appel  au journaliste Philippe Vandel, “vialattien” inconditionnel et chroniqueur du journal entre 2017 et 2018 : “C’est la meilleure des nouvelles de ce confinement, écrit-il dans l’édition dominicale du 5 avril. Les fans jubilent. Le plaisir sera plus intense  encore pour ceux qui vont découvrir Vialatte (…) modèle absolu  de Desproges, de Jean d’Ormesson et aujourd’hui de François Morel et d’Amélie Nothomb”. Et Philippe Vandel de poursuivre : “ Jamais, ni avant lui, ni après lui, n’ai-je lu autant d’intelligence, de drôlerie, d’érudition, d’humour et de modestie en si peu de mots (…). Ouvrez un de ses  nombreux recueils au hasard : tout y est éblouissant (…). Sa culture  est incommensurable, jamais méprisante. Son humour rassemble  plutôt que de diviser”. La première chronique parue le 6 avril s’intitulait Chroniques des justes altitudes. En partant de l’exemple du Puy-de-Dôme auquel il avait ajouté volontairement une centaine de  mètres d’altitude, il s’y livrait au plaisir de torpiller la précision mathématique. Et c’est donc ainsi que Vialatte est grand !

 

•  JEAN-CLAUDE FOURNIER

1984 – LES ORANGES AMÈRES DE PETITE KABYLIE

18765853_151351115406086_3495532038671500642_n (2) Après une carrière dans l’enseignement, en partie accomplie dans le cadre de la coopération,  qui lui a permis d’enseigner la langue de Shakespeare, Jean-Claude Fournier s’est fait romancier, à l’heure de la retraite. Il a déjà à son actif plusieurs ouvrages, dans lesquels affleurent  souvenirs teintés d’un brin de nostalgie,  entre un petit tour dans le Montluçon des années 60 ou  une balade amoureuse à Londres sur fond des événements de Mai 68. Dans la rubrique Parutions récentes, on pourra retrouver sa bibliographie, avec plusieurs titres récemment réédités.

• Son dernier roman, 1984. Les Oranges amères de Petite Kabylie (éditions Librinova, 18,90 €) renvoie aux années 1983 -1986, période durant laquelle il a enseigné l’anglais en Algérie, dans un lycée de Bejaïa, l’ancienne Bougie du temps de l’Algérie française. C’est là qu’il s’est alors installé, avec femme et enfants, son épouse enseignant le français. Une période trouble marquée par  la montée de l’islamisme, à laquelle il assiste. On est dans l’Algérie du parti unique, avec le FLN au pouvoir depuis l’indépendance de 1962. Le tout dans une “ une économie socialiste de type planifiée”, celle dans laquelle on pouvait souffrir de pénuries de bouteilles de gaz…alors que le pays était le premier producteur gazier au monde.

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Quand Bejaïa s’appelait encore Bougie

• Ce choix de la coopération, il dit l’avoir fait autant pour “voir du pays en exerçant (son) métier” que par  choix idéologique: “À cette période, je faisais un peu partie de ce milieu de gauche qui voulait aider les peuples à se développer”, confesse-t-il au journaliste Fabrice Redon (La Montagne – 15/03). Ce qu’il découvre sur place, c’est que derrière la façade du parti unique, devenu selon lui “religion d’état”, c’est le règne de  “la corruption généralisée, avec une économie exsangue qui n’arrivait pas à produire tout ce dont elle avait besoin”. C’est aussi le moment où il assiste à la montée inexorable de l’islamisme, avec son effet le plus visible : en 1986, lorsqu’il quitte l’Algérie pour revenir  en France, il laisse un lycée dans lequel la moitié des filles portent désormais le voile.  

89573246_676689902872202_7330821141986017280_n• Avec  cette période charnière de l’histoire  en toile de fond, Jean-Claude Fournier a bâti un roman qui fleure l’autobiographie, comme c’était déjà le cas  dans ses précédents  titres. Le personnage de Christian, un des deux enseignants  nommé au lycée de Bejaïa et qui débarque en Algérie avec sa famille, c’est finalement son double, version roman.  L’autre enseignant, un célibataire endurci répondant au prénom de Serge, a choisi la coopération en Algérie, pensant y renouer avec l’époque du service militaire, accompli près d’Oran, vingt ans plus tôt. Et, sans doute aussi avec le secret espoir d’y  retrouver Leila, son amour de l’époque. Pour l’auteur, ce roman constitue une sorte de  triptyque, mêlant la romance entre Serge et Leila avec  l’histoire politique et économique de l’Algérie des années 80, tout en offrant un carnet de voyage qui permettra au lecteur de partir à  la découverte du grand sud algérien.

• PASCAL DEPRESLE 

ENTRE RECUEILS DE POÉSIE

“POLAR DE GARE ”, ROMAN SOCIAL ET PIÈCE DE THÉÂTRE

Depresle 1 Des mots pour• Après un parcours de vie “chaotique” (dont Vu du Bourbonnais s’est déjà fait l’écho), Pascal Depresle, né à Montluçon en 1966, vit sa passion pour la littérature en se consacrant désormais à l’écriture. Sous le titre générique Des mots pour t’exister  Il vient de publier simultanément, deux recueils de poésie : Décembre n’existe pas (1 vol. br, 100 p, éd. Le Lys bleu, 11,50 €) et Sans couleurs ajoutées (1 vol. br, 100 p, éd. Le Lys bleu, 11,50 €). On pourra en retrouver la présentation dans la rubrique Parution récentes (n° 17 – Janvier-février-mars 2020).

depresle 2• Au-delà de ces deux publications, il multiplie les projets littéraires.  Après Fragments d’épure,  nouveau recueil de poésie publié par les éditions Z4 éditions, il s’est attelé à la rédaction d’une série de polars qui auront Montluçon, sa ville natale, comme toile de fond : “Ce sera  dans la pure lignée du polar de gare, même si ce terme est devenu péjoratif”, a-t-il expliqué dans une interview publiée par La Montagne (11/03). Il a également en chantier un roman social, “Période d’essai”, ainsi qu’une pièce de théâtre.

 

• CLAUDE FERRIEUX

L’ART DE FAIRE PARTAGER

SA PASSION POUR LE BOURBONNAIS

23172691_10215151468086509_9088186949988593715_n◄ Depuis  trente cinq ans, Claude Ferrieux qui a  longtemps enseigné l’italien, cherche à faire partager sa passion pour le Bourbonnais et son histoire, de la Préhistoire jusqu’au XXe siècle,  via l’écriture de livres. L’enfant de Varennes-sur-Allier, qui a élu domicile dans la Drôme, mais qui se déclare   “très attaché à son terroir”, mêle habilement récit historique, fiction et jeux. C’est notamment le cas avec  son dernier ouvrage, Les dernières heures du duché de Bourbonnais racontées aux enfants et aux grands (190 p, éditions du Petit Pavé, 16 €). Il est centré sur l’histoire de Charles III,  duc de Bourbon, qui trouve refuge  au château de Chantelle. Le tout conté de façon ludique et divertissante, et prolongé par des jeux. Sorti en octobre 2019, le livre s’est déjà écoulé à un millier d’exemplaires, l’équivalent d’un best-seller à l’échelle régionale.

85109098_10222102307253144_3842526417313071104_n• Selon l’écrivain, ce succès s’explique autant par la passion des Bourbonnais pour leur passé, que par le caractère intergénérationnel de ses ouvrages publiés par les éditions du Petit Pavé : “ Les parents ont envie de transmettre ce passé à leurs enfants”, constate-t-il. Claude Ferrieux ne manque pas de projet : son prochain livre devrait porter sur les monuments moulinois. Il proposera une sorte de déambulation aux côtés de l’auteur, à la découverte du patrimoine architectural de Moulins. Ajoutons qu’il est aussi le père du Commissaire Bourbonnais qu’il a déjà mis en scène dans plusieurs romans policiers parmi lesquels   Bourbonnais se déchaîne (2015) et  Le commissaire Bourbonnais mène l’enquête : Homicide à Saint-Yorre (2011).

• AUGUSTO DE ARAUJO

DU ROMAN À LA POÉSIE ET AUX NOUVELLES

89237278_118920229699561_1611049375260213248_n◄ Éducateur spécialisé, le Montluçonnais Augusto de Araujo a mis à profit la période de confinement pour publier sur sa page Facebook (Augusto De Araujo – Auteur) des poèmes sur ce thème, tout en travaillant sur un recueil de nouvelles. Dans les conséquences de la crise sanitaire, avec ses contraintes, il a préféré voir une source d’inspiration entre  la liberté, l’arrivée du printemps, le personnel soignant ou le chocolat… Autant de sujets abordés par l’auteur qui, à 47 ans, a déjà derrière lui un long passé d’écriture, qui a commencé à l’adolescence. Il est l’auteur de deux romans, L’autre côté du tunnel et Honshu, auxquels il faut  ajouter les sept autres manuscrits qui dorment dans ses tiroirs.  Il a aussi  écrit des chansons pour le groupe Sharks in the pool, dont il fait partie.

88197201_117575499834034_3489380956261842944_nLa poésie représente pour lui une nouvelle expérience. Dès qu’il a choisi un thème, “L’écriture se fait très vite“ et il affirme avoir “ juste besoin des deux premières phrases pour que  tout s’enchaîne derrière”. Autre terrain jusqu’à présent inconnu pour lui, celui des nouvelles sur lesquelles le confinement l’a poussé à s’aventurer. Après avoir observé sur un site spécialisé “la structure d’une nouvelle”, il en a écrit plusieurs et il  travaille actuellement sur le thème du secret, avant de se pencher sur  celui  du mensonge. À terme, il envisage de regrouper ses nouvelles dans un recueil.

 

• ALAIN-FOURNIER DANS LA PLÉIADE

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QUAND  L’EXCEPTION  CONFIRME LA RÈGLE

• Depuis des décennies, la prestigieuse collection La Pléiade des éditions  Gallimard, est réputée pour publier les œuvres complètes, ou quasi complètes, d’écrivains qui appartiennent au patrimoine littéraire mondial. Alin FournierChaque volume, imprimé sur papier bible, spécialement fabriqué pour la collection,  et relié peau, tutoie souvent le millier de pages et il est fréquent que ces œuvres complètes  exigent plusieurs tomes. Ce fut récemment le cas pour les deux volumes consacrés à George Sand, sortis en 2019.  À l’inverse, aucun auteur n’ayant à son actif qu’un seul et unique livre n’avait jamais eu droit, jusqu’à présent, à ce privilège,  avant Henri Fournier, Alain-Fournier en littérature. Pour Gallimard, cette entrée dans La Pléiade d’un auteur fauché par la mort, dès  le 22 septembre 1914, quelques jours avant ses 28 ans, et un an seulement après la parution de son unique roman, Le Grand Meaulnes, se justifiait pourtant pleinement

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L’édition originale de 1913

• Premier argument, Le Grand Meaulnes, publié en  1913, après avoir raté le prix Goncourt pour seulement une voix, est devenu un  chef-d’œuvre intemporel, à la fois  roman d’amour troublant et  conte fantastique, offrant un mélange subtil de brume et de lumière, à l’image du Berry et de  la Sologne…ou du moins de l’idée que l’on s’en fait. Plus d’un siècle après, Le Grand Meaulnes demeure l’un des livres français les plus lus au monde.

• Autre  argument, c’est l’œuvre littéraire la plus traduite dans le monde entier, tout juste derrière  Le Petit Prince, de Saint-Exupéry qui, est entré dans la Pléiade dès 1999.  Pour Philippe Berthier, spécialiste de la littérature française du XIXe siècle, qui a dirigé cette édition et qui en a rédigé la préface, “le roman d’Alain-Fournier totalisait à la fin du siècle dernier plus de quatre millions d’exemplaires vendus dans le seul  format de poche”.

ob_baf3c9_le-grand-meaulnes-affiche-film• Cette reconnaissance qu’offre La Pléiade, vise  aussi de faire prendre conscience, malgré l’idée que s’en font nombre de lecteurs, que Le Grand Meaulnes n’est pas qu’un  roman “pour adolescents”. Même s’il peut y avoir  une part de vérité dans ce jugement péremptoire. Chacun peut facilement se remémorer ses propres sensations de lecteur adolescent, de l’émoi ressenti lors de la première apparition d’Augustin Meaulnes, le crâne ras, l’air venu d’ailleurs. Présents aussi dans la mémoire collective, l’émerveillement ressenti en découvrant  “le domaine mystérieux”, les bals d’enfants costumés, ou les feux des bohémiens… Comment, dans ces conditions  ne pas tomber amoureux d’Yvonne de Galais ?

Etui_Alain-Fournier.indd• Si ces éléments plaident en faveur du roman d’adolescence,  on aurait tort de croire que Le Grand Meaulnes puisse n’être  qu’une “histoire mièvre”. Philippe Berthier soutient même que  l’histoire aurait pu  tout aussi bien s’intituler “La chute”, voire “Crime et Châtiment”. Et d’ajouter que le roman d’Alain-Fournier “n’a guère de rapport avec la peu compromettante “littérature pour adolescents” qu’on a trop souvent cru y trouver”.

• Le volume de la Pléiade (640 pages, 42 euros), sorti en librairie début mars, est enrichi d’un choix de lettres, de documents et d’esquisses, sélectionnés par Philippe Berthier. On y trouve, entre autre, un  chapitre inédit révélant l’impasse dans laquelle la quête d’un amour absolu conduit Meaulnes. Quant aux lettres qu’il a rassemblées pour cette édition, elles mettent au jour la passion contrariée d’Alain-Fournier pour Yvonne de Quièvrecourt qui, comme chacun sait,  a inspiré le personnage d’Yvonne de Galais.

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Yvonne de Quièvrecourt

• C’est le 1er juin 1905, alors qu’il a tout juste   18 ans, que le destin d’Henri Fournier qui  adoptera le nom de plume d’Alain-Fournier, croise par hasard celui d’ Yvonne de Quièvrecourt, “jeune femme  blonde, élégante, élancée”. Il en tombe aussitôt  éperdument amoureux, d’un amour fou mais platonique, comme en témoignent les lettres qu’il adresse à sa sœur, Isabelle, et à son beau-frère, Jacques Rivière. Il ira jusqu’à écrire qu’elle “est si belle que la regarder touche à la souffrance”. L’auteur du Grand Meaulnes aura l’occasion de croiser d’autres femmes, parmi lesquelles Madame Simone (1877-1985), femme de lettres et comédienne.

• Il n’empêche que jusqu’à sa fin brutale en 1914, il restera éternellement  obsédé par sa rencontre bouleversante avec Yvonne de Quièvrecourt. Il aura l’occasion de la revoir brièvement en mai 1913, alors qu’elle est mariée et qu’elle a eu  deux enfants de cette union. Il lui avouera alors son amour malheureux, allant jusqu’à lui remettre une lettre qu’il lui avait écrite en septembre 1912, mais qu’il ne lui a jamais  envoyée. Quant à imaginer ce qu’elle a pu penser du roman, à sa sortie en 1913, on ne le saura jamais. Yvonne de Quièvrecourt, qui  a survécu 50 ans à Alain-Fournier et qui est décédée en décembre 1964, à l’âge de 79 ans, est toujours restée muette sur la question.

• POUR RECEVOIR DES TRACTS DE CRISE

TROIS FOIS PAR JOUR

• Des publications gratuites à lire chez soi, par temps de crise… C’est ce que propose Antoine Gallimard, patron des éditions éponymes,  depuis la mise en place du confinement. Il s’agit, pour lui, de maintenir le lien entre  auteurs et lecteurs. Pour ce faire, la collection Tracts, publiée par Gallimard,  propose chaque jour (sauf les dimanches) à 10 h, 14 h et 20 h de nouveaux Tracts de crise. Il s’agit  de textes courts et inédits, tous liés à la situation actuelle d’épidémie mondiale et de confinement général.

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• Le choix des angles est libre, qu’ils soient littéraires, sociétaux, philosophiques et autres Parmi les auteurs, on trouve le Limousin Pierre Bergounioux, ainsi que son voisin auvergnat, Pierre Jourde. Ils sont aux côtés de Régis Debray, Danièle Sallenave,  Cynthia Fleury, Erri De Luca ou encore  René Frégni , François-Henri Déserables et bien d’autres. Les textes sont envoyés gratuitement par mail, après inscription . Ils peuvent aussi être téléchargés sur le site des libraires. Une fois la crise terminée, ils devraent être regroupées dans un livre…imprimé, celui-ci.

• AUTEURES, AUTRICES,

FEMMES DE LETTRE OU ÉCRIVAINES ?

tome 1• Sous la direction de Martine Reid,  dans la collection Folio – Essais, les éditions Gallimard viennent de publier  Femmes et littérature : une histoire culturelle. L’ouvrage, inédit, se compose de deux volumes, le tome 1 (1036 p, 38 illustrations, 13,50 €) couvrant la période entre le Moyen-âge et le XVIIIè siècle. Le second tome (590 p, 13 illustrations, 10,30 €) va du XIXè au XXIè siècle et aborde aussi les francophonies. Dans cette somme qui replace les femmes de lettres au centre de l’histoire littéraire francophone, se pose la question récurrente du terme à utiliser pour désigner les femmes de lettres : sont-elle des “auteures”, voire des “autrices”, des “femmes auteurs” ou encore des “écrivaines” ? “Les contributrices réunies par Martine Reid , professeure à l’université de Lille, spécialiste du XIXè siècle et plus particulièrement de Stendhal, de Flaubert et de George Sand, “ont fait le seul choix possible : ne pas trancher, tant chaque époque à hésité”, écrit Jean Louis Janelle dans Le Monde des livres (5 mars).

tome 2• Lorsque Christine de Pizan  devenue veuve, est la première femme à choisir en 1387  de vivre de sa plume, aucun terme n’existe pour la désigner. Au XVIIè siècle, l’académicien Jean Chapelain s’offusque que l’on puisse  nommer “écrivaine” une femme tenant salon littéraire. Joan DeJean (université de Pennsylvanie), lorsqu’il évoque  Le grand Cyrus, de Madeleine de Scudéry, ou La princesse de Clèves de Madame de Lafayette, parle d’un « extraordinaire succès d’écrivains”. Au XIXè siècle, les “femmes auteurs” (femmes auteures ?) commencent à investir le champ littéraire. On promeut Madame de Staël, on néglige George Sand et on ignore délibérément Félicité de Genlis. En 1985,  dans une enquête internationale publiée par Libération et  intitulée “Pourquoi écrivez-vous ?», les seules auteures mentionnées côté français sont Marguerite Duras et Françoise Sagan. Il reste le terme “autrice” que l’on voit fleurir, un peu timidement, dans les médias et qui peine à “accrocher”

• GEORGE SAND

ET LA CREUSE

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ENTRE TERRE D’AMOURS,  LIEUX D’INSPIRATION

ET D’ENGAGEMENTS POLITIQUES

 Dans son édition limousine, la Montagne a publié une série d’articles sur La Creuse, terre d’amours et d’inspiration pour George Sand : “La Bibliothèque de La Pléiade publie en deux volumes quinze romans de George Sand, dont le premier,  Indiana  qu’elle signa de son nom. Ses œuvres autobiographiques figuraient déjà au catalogue de la prestigieuse collection. La Creuse fut pour George Sand une terre d’amours et d’inspiration”, peut-on lire en introduction de la série.

220px-Jules_Sandeau_by_Henri_Lehmann Le premier article est consacré à sa liaison avec Jules Sandeau : “Le 30 juillet 1830, Charles Robin-Duvernet et son épouse Eugénie, donnent une réception dans leur château du Vernet, grande maison de maître située à Verneuil-sur-Igneraie (Indre), au nord de Châteauroux. Charles a invité la baronne Aurore Dudevant, une amie d’enfance, avec qui il partage l’intérêt pour la littérature, le théâtre et les idées politiques progressistes, ainsi que Jules Sandeau, son condisciple au collège de Bourges”… (Lire la suite).

13_1Dans le deuxième, il est question de ses relations avec le château de Boussac et la fameuse tapisserie de la dame à la licorne: “Elle n’a pas attendu cette rencontre (avec Jules Sandeau) pour découvrir la Creuse : en 1826, elle serait venue de Nohant excursionner à Crozant. Quelques années plus tard, un autre château l’accueillera, celui de Boussac qui, depuis 1838, abrite une des sous-préfectures de la Creuse. Elle y vit une suite de tapisseries : La Dame à la Licorne , datant de la fin du XVe siècle – début du XVIe. Tissées pour un membre de la famille Le Viste, proche de Charles VII, elles se retrouveront dans la Creuse par héritage”… (► Lire la suite)

large Le troisième article dresse un inventaire des principaux lieux qui ont inspiré George Sand qui les a insérés dans plusieurs de ses romans: ”La beauté de la suite de tapisseries, “La Dame à la Licorne”, qu’elle voit lors d’une visite au château de Boussac, impressionne George Sand, pas au point cependant de lui inspirer un roman, comme le firent Crozant et les Pierres Jaumâtres. Le premier ayant la Creuse pour décor fut “Simon”, publié en 1836. Elle décrit  “ dans un beau vallon de la Marche, au-dessus d’un village nommé Fougères, un vieux château” qui semble être celui de Grandsagne, près de Bonnat, qu’elle connaissait depuis 1820 en raison de ses relations avec Stéphane Ajasson de Grandsagne”...  ( Lire la suite).

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Sylvain Guisard

Le quatrième volet de l’étude, s’intéresse plus particulièrement  au rôle politique qu’a pu jouer George Sand, lors de la révolution de 1848, tant à Paris que dans le département de la Creuse. Elle a notamment apporté son soutien  au docteur Sylvain Guisard, qui était alors maire de Guéret et qui nommé  commissaire du gouvernement pour la Creuse, cette fonction remplaçant celle de préfet: “ George Sand effectua des visites fréquentes dans la Creuse, y situant les intrigues de plusieurs romans . Elle jouera aussi un rôle politique en soutenant le docteur Silvain Guisard, nommé commissaire du gouvernement après la Révolution de 1848”… (► Lire la suite)

• GEORGE SAND, TOUJOURS…

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• Au terme de plusieurs mois de fermeture, le musée George Sand et de la Vallée Noire à La Châtre vient de rouvrir. Cette parenthèse a  permis l’aménagement de ses réserves et  la mise en place de son nouveau projet culturel et scientifique. Installé au cœur de la ville, à proximité du square George-Sand, en rez-de-chaussée de l’Hôtel de Villaines, il propose une nouvelle formule de visite, avec trois espaces qui font suite à celui réservé à l’accueil. Dans le premier, le public peut appréhender des collections permanentes consacrées à George Sand, à Maurice Sand et à la Vallée Noire. Dans le deuxième est présentée une exposition trimestrielle, qui sera dédiée à l’histoire locale. Enfin, un troisième espace est consacré à une exposition annuelle.

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► Accéder au site du musée George-Sand

►Infos pratiques: Jusqu’à la fin du mois de mars, Le musée est ouvert  les vendredi, samedi et dimanche, de 14 h 00 à 17 h 30. De mai à octobre : tous les jours sauf le mardi, de 14 h 00 à 18 h 30. Enfin, en  juillet et août : tous les jours de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 00 à 18 h 30.

• GEORGE SAND, ENCORE…

UNE  FIGURE DE PROUE DE LA CAUSE FÉMINISTE 

89253224_3348365801843563_6071070443379359744_o• La Journée internationale des femmes, le 8 mars, a permis de rappeler que George Sand reste encore au XXIè siècle une véritable figure de proue de la cause féministe. Si de nos jours, c’est une évidence, il n’est pas inutile de rappeler que, en son temps, elle-même se défendit de plaider seulement la cause de ses contemporaines. Elle affirmait plutôt vouloir  plaider la cause de l’ensemble de la société, en prônant l’accès des femmes à l’égalité des droits civiques et à l’éducation. Pour autant, les choix personnels qu’elle fit et l’engagement de ses écrits font inévitablement de George Sand une icône féministe

GS 2• D’abord, en exerçant son métier d’écrivaine, elle fit le choix de la liberté. Ecrire lui permit de laisser libre cours à sa nature d’artiste. Être publiée lui permit de se libérer de la tutelle maritale qui la plaçait comme toutes les épouses, en un siècle où le mariage était une norme sociale, sous l’autorité pleine et entière  de son époux. Un époux auquel chaque femme devait obéissance sous son propre toit. George Sand a fait le choix de prendre sa vie en main en se libérant de tous les carcans moraux, sociaux et juridiques qui, au XIXè siècle, conditionnaient les femmes à être avant tout de “bonnes épouses” et de “bonnes mères” au sein d’une sphère strictement privée. Une grande partie de l’œuvre de George Sand prône l’égalité civique entre l’homme et la femme, au point d’en faire  même un postulat indispensable au progrès social !

M2989-8• Ensuite, beaucoup de figures féminines des romans de Sand sont des femmes, privilégiées socialement ou pas, qui parviennent par leur combativité, leur fierté, leur noblesse de cœur et d’âme à s’élever au-dessus de leur condition. Figures idéalisées, elles n’en sont pas moins des figures exemplaires.

• La vie et l’œuvre de George Sand furent déjà de son vivant, des modèles pour nombre de ses contemporaines. En 1842, en rédigeant la préface de la deuxième édition de son roman Indiana, dans lequel dix ans plus tôt, elle dénonçait le mariage comme un asservissement juridique et moral de la femme à l’homme, George Sand ne renie rien : sa cause est toujours “celle de la moitié du genre humain, c’est celle du genre humain tout entier, car le malheur de la femme entraîne celui de l’homme.” (d’après la page facebook Maison de George Sand à Nohant)

 

• DANS LES PAS DE CÉCILE COULON

ROMANCIÈRE, CHRONIQUEUSE ET POÉTESSE

Cécile_Coulon_-_Atlantide_2018◄ À vingt-neuf ans, Cécile Coulon a déjà une carrière bien remplie, avec à son actif près  d’une dizaine de romans, auxquels il faut ajouter  des poèmes, des nouvelles, ainsi qu’un scénario de jeu vidéo et des chroniques pour La Montagne.  Depuis 2008, date de son entrée en littérature, à seulement 17 ans,  elle a été saluée par plusieurs prix littéraires, dont le Prix Guillaume-Apollinaire. Considéré comme l’une plus prestigieuses récompenses de poésie, il a couronné son recueil Les Ronces (éditions Le Castor Astral). Son roman, Une bête au paradis (éditions L’Iconoclaste) a été  distingué  récemment par  le prix littéraire du Monde. Elle a été aussi lauréate du Prix des libraires pour Trois saisons d’orage (éditions Viviane Hamy). Son prochain roman devrait porter sur Barbe Bleue…dans la forêt.

• Le 24 février, elle était l’invitée de 21 cm, l’émission littéraire que présente depuis 2016  le Bourbonnais Augustin Trapenard  . Adepte de la course à pied et auteure d’un Petit éloge du running elle a pu tester  ses  talents de coureur sur le flanc des volcans d’Auvergne, lors d’une  interview littéraire réalisée  tout en courant !  Une séquence qui lui a permis d’expliquer que “Écrire un roman, c’est courir un marathon. C’est les mêmes moments de pause, les mêmes moments de souffle. C’est le mur où on se dit “Va pas aller au bout”. Quant au cadre choisi, avec ses grands espaces,  il  est propice à son inspiration,  autant pour sa prose que pour ses vers. Cécile Coulon en a profité pour souligner son attachement à la campagne et évoquer  les pouvoirs funestes de la nature sur les destins de ses habitants. 

41fBkJZ7WVL._SX339_BO1,204,203,200_• Au fil de l’émission, elle a également dévoilé ses influences littéraires, depuis Marguerite Yourcenar jusqu’à  Harry Potter, en passant par Stephen King et… le sélectionneur des Bleus en 1998, Aimé Jacquet. L’émission comportait un passage par son domicile, d’où elle envoie plusieurs fois par semaine des poèmes inédits sur les réseaux sociaux, à destination de ses nombreux fans. Enfin, une étape s’imposait par la librairie Les Volcans, à Clermont-Ferrand, bel exemple d’entreprise promise à disparition mais sauvée par ses salariés. Tout en dédicaçant  son dernier livre, Noir volcan (éd. Le Castor Astral), elle a mis toute sa passion à défendre les auteurs, leur statut et leur rémunération, dans ces temps incertains que traverse la profession.

• En présentant Noir volcan, son éditeur écrit: “ Son second recueil, Noir volcan, est tout aussi éruptif, celui d’une poésie affranchie, libératrice, terrienne. Il fait partie d’un étonnant renouveau de la poésie constaté par les libraires dont Alexandre Bord : “Des poétesses comme Cécile Coulon et Rupi Kaur, dont les textes ont pu être lus au préalable sur les réseaux sociaux, attirent en librairie des lecteurs qui n’avaient jamais acheté un recueil de poésie”.  Il est évident à la lire, que Cécile Coulon ne peut vivre sans poésie”.

• PIERRE BERGOUNIOUX

UN “PREMIER MOT” ÉLÉGIAQUE ET SECRET…

Z Bergounioux• Dans Le Monde des livres (28 février), Mathias Énard  a consacré un bref article à l’auteur limousin  Pierre Bergounioux : “Elégiaque et secret voila peut – être les épithètes  du “Premier mot (éditions Gallimard, coll. Folio, 112 p., 6,30 €) de Pierre Bergounioux, court roman autobiographique qui est aussi une défense et illustration de cette langue française dont la beauté provient des paysages, des personnages et des émotions qu’elle dépeint. L’itinéraire du narrateur louvoie entre Brive, Limoges et Paris, entre la douleur de l’adolescence et le “premier mot” qui inaugure sa vie d’écrivain. Ces divagations créent un flux ininterrompu de beauté, à l’image de cette “ Corrèze, blême, écumante d’avoir cherché le passage par les étroits, dans les rochers”, ou, autour de Limoges, “de la boule granitique du massif ancien, les lambeaux de forêts, la brande, les petites villes éparses dont les toits d’ardoises semblaient luire”. Un roman de formation qui se déroule en poème, allusif, mystérieux comme les songes d’un interne seul au milieu de la foule de ses condisciples, qui cherche la consolation dans les livres, ces livres qui l’éludent”.

• STEPHEN JOYCE (1932-2020)

GARDIEN (UN PEU TROP) STRICT

DE LA MÉMOIRE ET DE L’ŒUVRE DE JAMES JOYCE

stephen-james-joyce-30ce38fd-19a3-43a7-a83b-2f874263278-resize-750◄ Stephen Joyce, fonctionnaire international, petit-fils et unique héritier direct de James Joyce (1882-1941) est décédé le 23 janvier 2020 à l’âge de 87 ans. Il habitait à La Flotte, sur l’île de Ré, et il était venu à plusieurs reprises à Saint-Gérand-le-Puy, la commune bourbonnaise qu’il avait connue alors qu’il était écolier. Le 2 février 1986, il avait inauguré la plaque apposée sur le mur de  la “maison Ponthenier”, dernier lieu de résidence de la famille Joyce avant son départ pour la Suisse, où James Joyce décéda 15 jours plus tard. Le 30 mai 1987, il avait inauguré le square James-Joyce et  le 16 avril 1994  l’Espace James Joyce. Enfin dernier lieu, le 18 juin 2005,  il avait inauguré la bibliothèque Anna-Livia-Plurabellle.

AVT_James-Joyce_3429• Né à Paris, en 1932,  Stephen Joyce a d’abord travaillé pour l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), plus particulièrement sur l’Afrique.  Il a ensuite pris en charge l’intendance de la Joyce immobilier. Tout au long de sa vie,  il a cherché à garder un contrôle strict sur l’œuvre de son grand-père. Un comportement jugé par les spécialistes de la littérature comme particulièrement abusif. Il s’en était même pris au gouvernement Irlandais, en brandissant la menace d’une action en justice pour empêcher des lectures publiques sur Bloomsday, la célébration annuelle d’Ulysse. À de nombreuses reprises, il s’en était pris aux chercheurs et aux critiques littéraires  travaillant sur les écrits de James Joyce, leur refusant le simple droit de citation. Dans une interview publiée par  The  New Yorker en 2006, il n’avait pas hésité à traiter ces mêmes universitaires de “rats et de poux (qui) doivent être exterminés” (sic)…On  comprend mieux que le passage dans le domaine public, en 2011, des  écrits de James Joyce ait été vécu par eux comme une véritable “libération”.

Savoir plus...Disparition de Stephen Joyce, gardien des œuvres de James Joyce :Petit-fils et dernier descendant direct de l’écrivain irlandais James Joyce, Stephen Joyce est mort (…). Très hostile vis-à-vis des biographes et des critiques littéraires, Stephen Joyce exerçait une poigne de fer sur l’héritage littéraire de son grand-père (Lire la suite de article publié sur le site L’Actualité littéraire).

 

• LOUISE MICHEL MILITANTE ANARCHISTE

 MAIS AUSSI FEMME DE LETTRE

260px-Louise_Michel,_grayscale• Le 1er mars, à la médiathèque communautaire de Moulins, Claude Rétat,   spécialiste de la littérature du XIXe siècle, a dévoilé un aspect méconnu de Louise Michel (1830-1905). Bien au-delà de son parcours de militante anarchiste, déportée en Nouvelle Calédonie après la Commune de Paris, elle a laissé une œuvre littéraire qui mérité d’être explorée. C’est une partie de ces écrits que l’universitaire a récemment publiée aux éditions Bleu Autour, dirigées depuis Saint-Pourçain-sur-Sioule  par Patrice Rötig. Il s’agit d’abord de Art vaincra ! Louise Michel, l’artiste en révolution et le dégoût du politique (1 vol. br, 272 p, 15 €) suivi du recueil Histoires, contes et légendes. La Révolution en contant (1 vol. br., 575  p, 32 €). On pourra compléter ces deux titres par un autre livre : La Chasse au loup, Louise Michel (1 vol. br, 360 p, éditions Classiques Garnier, 14 €), édition  présentée et établie par Claude Rétat. 

1358962619• Pour  Claude Rétat, Louise Michel avait une “patte formidable, avec “une  écriture expérimentale et audacieuse”, au point d’utiliser même  parfois  le franglais. Considérant la littérature comme un laboratoire de la langue, “Louise Michel est à la recherche d’un langage qui puisse dire un monde nouveau”. Pourtant, plus d’un siècle après sa disparition, cette œuvre reste largement méconnue, la récupération idéologique dont elle a été l’objet ayant  “ jeté un grand discrédit sur sa dimension littéraire”. Le fait qu’elle était une femme a également contribué à l’absence de mise en lumière de ses écrits. Aux yeux  de l’universitaire, il était donc  “d’autant plus important d’éditer cette auteure que le cas de Louise Michel est représentatif de l’illusion de l’histoire littéraire. Une œuvre qui reste accessible à tous car “on peut commencer Louise Michel par n’importe lequel de ses ouvrages”.

• DE MATIN BRUN AUX NOUVELLES BRUNES

UNE NOUVELLE ÉDITION DU LIVRE DE FRANCK PAVLOFF

Matin Brun• Matin brun, la nouvelle de Franck Pavloff  écrite en 1998 et publiée par Cheyne éditions, s’est  vendue a plus de 2 millions d’exemplaires. Cette dystopie universelle se voulait une réponse à la montée du Front National en France et aux “petites compromissions des partis politiques” que cela  entraînait. Début mars, l’éditeur a mis en circulation une nouvelle édition, tirée à 5 000 exemplaires, enrichie d’illustrations du dessinateur Rascal et de notes de l’auteur Le texte est intégré à Nouvelles Brunes,  un  journal parodique tiré de l’univers imaginé par Pavloff  (1 vol. br, éditins de Cheyne, 4 €).

téléchargement• Matin Brun aborde la question des extrémismes et montre comment de petites lâchetés peuvent mener au pire. Le récit se déroule à une époque inconnue dans un pays fictif, régi par l’Etat Brun, une organisation politique qui interdit la possession de chats et de chiens non bruns. Charlie et son ami qui ne possèdent pas de tels animaux,  ne se sentent donc  pas concernés par la nature totalitaire de cette mesure, allant même jusqu’à lui trouver des justifications. Mais bientôt, une nouvelle loi décrète que ceux qui ont détenu un animal non brun seront arrêtés…

• ASSASSINAT DE MARX DORMOY

DEUX UNIVERSITAIRES AMÉRICAINES

LIVRENT LES RÉSULTATS DE LEUR ENQUÊTE

HE000816• Dans la nuit du 25 au 26  juillet 1941, à Montélimar, mourait Marx Dormoy, sénateur-maire de Montluçon et ancien ministre de l’intérieur  de Léon Blum, sous le Front Populaire,  déchiqueté par une bombe à retardement placée sous son lit. Si on connaît assez précisément les exécutants, de nombreuses questions restent en suspens : qui avait décidé de cet assassinat ? Pourquoi les assassins avaient-ils fait le choix de s’en prendre à Dormoy ? Pourquoi un tel mode opératoire ? Très tôt, on a mis en avant la volonté de vengeance de  la Cagoule, organisation terroriste d’extrême droite, contre laquelle Dormoy avait mené le combat en 1937, permettant d’arrêter une grande partie de ses dirigeants. Mais il restait  encore de nombreuses zones d’ombre et  interrogations et c’est pour y  répondre que Gayle K. Brunelle et Annette Finley-Croswhite, deux universitaires américaines,  se sont lancées  dans l’examen minutieux de milliers de documents. Un travail qui leur a demandé plusieurs années.

Gayle K. Brunelle et Annette Finley Croswhite
G. K. Brunelle et A. Finley-Croswhite

• C’est pour elles l’occasion de revenir sur l’enquête menée par le commissaire Charles Chenevier, qui a persisté dans la recherche de la vérité, malgré l’hostilité  de proches du régime de l’Etat français, à Vichy,  en même temps que des milieux de la collaboration, à  Paris. Au-delà de l’assassinat de Marx Dormoy, les deux auteures ont voulu explorer la question de  l’impact qu’a pu avoir l’extrémisme fasciste sur l’histoire de la France, tout en expliquant  pourquoi après la guerre les assassins de Dormoy n’ont pas  véritablement été punis pour ce meurtre, l’affaire ayant été incluse dans le procès de la Cagoule. De tout cela, il sera  question dans un livre intitulé Assassination in Vichy: Marx Dormoy and the Struggle for the Soul of France à  paraître en août prochain (1 vol. br, 304 p, 20 illustrations, éd. University of Toronto Press, 22,46 $ en précommande – 29,95 $, après parution) L’ouvrage peu dores et déjà être retenu auprès de l’éditeur. Il reste à souhaiter qu’il fasse ensuite  l’objet d’une traduction et d’une publication en français. Ce qui n’est pas assuré, pour l’instant.

Savoir plus: Vu du Bourbonnais a consacré un article  qui présente chapitre par chapitre les principaux thèmes et questions abordés. Lire l’article…

• PAS DE PRIX, NI D’HOMMAGE À

ROBERT FAURISSON À VICHY

JUSTICE-GARAUDY
Robert Faurisson

• Le maire de Vichy, Frédéric Aguiléra,  avait pris un arrêté  interdisant la tenue d’un déjeuner-conférence en hommage à Robert Faurisson, un des principaux chefs de file de la mouvance négationniste, décédé à Vichy en octobre 2018. Prévue pour le 25 janvier, dans un hôtel de Vichy, cette réunion  devait aussi servir de cadre à la remise d’un “prix Robert Faurisson” décerné  à Vincent Raynouard, condamné à plusieurs reprises par la justice française pour ses propos et écrits ouvertement négationnistes.

• Les organisateurs de cette réunion, n’ont pas hésité à attaquer en justice en arguant devant le tribunal administratif de Clermont-Ferrand, que  l’arrêté en question portait « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion dans un lieu privé » et que  ni la « remise d’un Prix » ni « le profil des participants » n’étaient de nature à porter atteinte à la sécurité publique ou  » au respect de la personne humaine« . Des arguments que le juge des référés a rejetés en bloc, en estimant que le maire de la station thermale était bien dans son droit en interdisant ce déjeuner. Au passage,  les requérants ont été condamnés à verser à la Ville de Vichy la somme de 1 000 €.

• DISPARITION D’ANDRÉ CHÉRET

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RAHAN, DÉSORMAIS ORPHELIN

• André Chéret, le dessinateur des aventures  de Rahan qui fit les beaux jours de la revue Pif Gadget, est décédé  le 5 mars, dans sa 83ème année.61Y5K5ZP7BL._SX341_BO1,204,203,200_ Pour faire vivre sur le papier cet homo sapiens particulièrement habile  dans le maniement de son coutelas d’ivoire, au fil de ses voyages d’un clan à l’autre, il avait fait équipe avec le scénariste Roger Lécureux, décédé en 1999. André Chéret était né à Paris le 27 juin 1937 mais, dès l’âge de deux ans il avait été placé dans  une famille d’agriculteurs de l’Allier. C’est là qu’il a traversé la période de la guerre et de l’Occupation, avant de regagner la capitale et de se faire un nom dans l’univers du dessin et de la bande dessinée, avec l’étape importante de la naissance de Rahan, “fils des âges farouchesen février 1969. 

téléchargement• Le héros athlétique, aux cheveux “couleur de feu”, à la peau blanche, toujours vêtu d’un pagne en peau de bête, portant un collier fait de cinq griffes de “tigre à dents de sabre”, se voulait un modèle de générosité, de courage, de ténacité, de loyauté et de  sagesse. Tout au  long de ses quelque 200 aventures,  Roger Lecureux et André Chéret ont cherché à en faire le “premier révolutionnaire de l’Histoire”, à la fois pacifiste et libre penseur, dénonçant obstinément l’obscurantisme et les superstitions des “sorciers” de son temps. L’ensemble des aventures de Rahan a été décliné en 26 volumes, totalisant 4 000 pages, dont le premier tome date de 1973. Le dessinateur avait également mis en scène Bob Mallard, un aviateur intrépide, trouvant là aussi à mettre en valeur “son trait vif et réaliste”, ainsi que “son sens aigu du détail et son art  d’exécuter des panoramas spectaculaires”.

• Dans le parcours d’André Chéret, son séjour de 7 ans en Bourbonnais aura été une étape importante dans “son  goût pour le dessin (qui) lui donne l’occasion de croquer de nombreux animaux, ce qui deviendra une de ses spécialités”, écrit Frédéric Potet dans Le Monde (8/9 mars).

► Savoir plus: Biographie complète d’André Cheret

• KLAUS JÖKEN, TRADUCTEUR

LE MOULINOIS QUI FAIT PARLER

ASTÉRIX EN ALLEMAND DEPUIS 15 ANS

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Le bouclier arverne (Hachette)

• Avec la disparition, survenue le 24 mars, d’Albert Uderzo (1927-2020), le dessinateur, quarante-trois ans après celle de René Goscinny (1926-1977), le dialoguiste et metteur en scène, Astérix et Obélix sont désormais orphelins. À la mort de Goscinny, avec lequel il avait concocté 24 albums depuis 1959, Uderzo avait repris seul le flambeau, signant 8 albums supplémentaires, entre 1980 et 2013. Cette année-là, il avait passé le relais  au tandem Jean-Yves Ferry – Didier Conrad, pour les Nouvelles aventures d’Astérix, dont le dernier titre, La fille de Vercingétorix, est sorti en novembre 2019.

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Albert Uderzo (photo C. Kohen)

• Cette disparition a suscité de nombreux articles d’hommages que l’on pourra retrouver aisément sur la Toile ou dans la presse. Elle a aussi permis de rappeler que les albums sont diffusés bien au delà de l’Hexagone, ce qui impose une traduction dans de nombreuses langues, dont l’allemand. Un exercice particulièrement délicat… C’est le défi que relève depuis plusieurs années le Moulinois d’adoption Klaus Jöken. Tout en se disant “abasourdi par cette disparition”, il a évoqué dans La Montagne (25/03) “un homme simple et chaleureux que l’on avait tous l’impression de connaître”, signant volontiers des autographes à ses fans qui se pressaient nombreux autour de lui, lors des salons où il pouvait encore se rendre, il y a quelques années. Klaus Jöken, qui l’avait rencontré pour la dernière fois  en octobre 2017, à Paris,  considère que c’était “un honneur de travailler pour lui”: “On a tous grandi avec Astérix et Obélix. Perdre Uderzo, c’est comme perdre un membre de sa famille”.

• CHRONIQUES DU CONFINEMENT …

• CLINS D’ŒIL

QUELQUES CONSEILS DE LECTURES

PAR CES TEMPS DE CRISE…

• En ces temps de confinement et d’épidémie de Covid-19 aux conséquences tragiques dans le monde entier, un petit clin d’œil humoristique ne fera pas de mal. Sur la page Facebook de la revue professionnelle Livres Hebdo, Vu du Bourbonnais a débusqué ces pastiches d’une célèbre collection…Ou quand Martine quitte la plage pour se mettre au diapason de l’actualité… 

Sans titre

COVID-19…À LA MANIÈRE DE…

• Imaginer le confinement raconté par quelques-unes de nos  grandes plumes…Qu’auraient-elles pu écrire face au confinement imposé dans le cadre de l’épidémie de Covid-19? Quelques éléments de réponse  figurent sur la page Facebook de la revue Livres-Hebdo qui a relayé  le texte de Leprofdeletre sur Twitter… Des synopsis de livres  à la manière de…

Gustave Flaubert : raconte l’ennui d’une jeune femme confinée avec son mari.

Honoré de Balzac : raconte l’histoire de la fabrication du canapé où son héros est assis.

Marcel Proust : Son héros tond pendant le confinement. L’odeur de l’herbe coupée lui remémore son passé.

histmed-medica-pesteimg-gd-peste017-4715974Samuel Beckett : Deux hommes attendent la fin du confinement qui n’arrivera jamais.

Eugène Ionesco : Le confinement attend la fin de l’homme.

Émile Zola : Raconte avec précision le quotidien d’un ouvrier d’Amazon contraint de travailler.

Guy de Maupassant : Son héros confiné, a des hallucinations et devient fou.

Georges Feydeau : Un mari, sa femme et l’amant de celle-ci sont confinés ensemble, des quiproquos en perspective.

Marguerite Duras : confinée. Se confiner. Je crois que ça va durer 14 jours. Ou peut-être plus. Promener mon chien. Absence de chien. L’attestation était pourtant prête sur la table.

Stephen King: un alcoolique repenti, confiné, est torturé par le fantôme de son frère jumeau mort à 8 ans qui le pousse à tuer sa femme obèse et fanatique religieuse.

Blaise Pascal : confiné, l’humain lance une appli de paris en ligne à propos de la date de fin du confinement ou de la date de fin du monde

Kafka : un homme confiné s’ennuie, regarde une mouche courir sur son plafond… À la fin, c’est la mouche qui le regarde, courir sur les murs…

Bukowski : se lève à midi et boit une bière au petit dej avant d’écrire le plus beau poème jamais écrit en se grattant les c******s.

Albert Camus: le confinement ne fait qu’accentuer l’esprit étroit de l’homme et enferme ses questions dans des bocaux sans réponses

Alphonse de Lamartine : “Un seul cas de coronavirus et tout est dépeuplé”…

Daniel Pennac : l’adulte confiné retrouve son âme d’enfant et plonge dans des aventures imaginaires

On pourrait y ajouter Émile Guillaumin, confiné  en son domaine de Neverdière à Ygrande ou encore François Péron, rattrapé par le virus, lors de sa navigation vers les terres australes, sans oublier Valery Larbaud, reclus à Vichy…

• ÉCRIRE LE CONFINEMENT

images• Pour garder une trace écrite de l’épisode du confinement…Les archives départementales de la Creuse  ont lancé un appel aux Creusois, d’origine ou d’adoption,   pour qu’ils partagent leur « mémoire de confinement«  en couchant sur le papier, version électronique, leurs récits de  cette période exceptionnelle. Les témoignages, récits, photos et  vidéos, peuvent être envoyés à archives@creuse.fr (textes et photos pdf et jpg 200 ko max, vidéos 20 Mo).Lorsque la page du confinement sera définitivement tournée, les Archives Départementales de la Creuse partageront leurs coups de cœurs en les mettant en ligne.

• UN EFFONDREMENT DE LA VENTE DES LIVRES

DURANT LA PREMIÈRE SEMAINE DE CONFINEMENT

images (1)• Dans la semaine du 16 au 22 mars, au cours de laquelle ont commencé à s’appliquer les premières mesures de confinement, avec entre autre la fermeture des librairies, le nombre d’ouvrages vendus s’est effondré de plus de moitié (- 54% par rapport à la même semaine de 2019).  Si les librairies et magasins de chaînes culturelles (Fnac, Cultura, Espace culturel  Leclerc…) ont dû baisser le rideau, les maisons de presse, les hypermarchés, ainsi que  les tabac-presse ont pu, à titre dérogatoire, rester ouverts. Il faut y ajouter les sites de  vente en ligne, tels que Amazon.

• Dans le  Top 20 des meilleures ventes, toutes catégories confondues, c’est le format Poche qui l’emporte haut la main, avec 14 titres sur 20.

9782848689579-200x303-1En tête du peloton, on trouve  les versions poche des nouveautés 2019 de Guillaume Musso (La vie secrète des écrivains, éd. Livre de poche), de Michel Bussi (J’ai dû rêver trop fort, éd. Pocket), d’Aurélie Valognes (La cerise sur le gâteau, éd. Livre de poche) et de Marc Lévy (Ghost in love : un roman, éd. Pocket).La 5ème place est occupée par un livre grand format Le pays des autres (Gallimard), roman de Leila Slimani. Derrière elle,  figurent dans la  même catégorie  à nouveau Michel Bussi avec Au soleil redouté (éd. Presses de la Cité) et Aurélie Valognes avec Né sous une bonne étoile (éd. Mazarine). Sylvain Tesson (La panthère des neiges, éd. Gallimard), vient en tête du classement des essais, tandis que le 38ème volume des aventures d’Astérix, La fille de Vercingétorix, de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad (éd. Albert-René) domine toujours et de loin, dans la catégorie des BD.

EN BREF…

838_portrait_de_charles_peguy• Dans la rubrique “Si on se  changeait les idées”, La Montagne du 25 mars 2020 a consacré une page  “Charles Péguy, l’Orléanais trop méconnu”. En réalité, si Péguy est né à Orléans, sa mère qui était née le 23 novembre 1846 à Moulins était bien bourbonnaise. Sa grand-mère, Étiennette Guéret, était née le 18 mars 1812 à Gennetines. Ses arrières grands-parents, – Jean Guéret, laboureur, né le 12 mars 1789 à Montilly, et Marie Régnier, née le 12 janvier 1787 à Dornes, – s’étaient mariés le 20 juin 1809 à Yzeure (tableau généalogique publié dans  Allier Généalogie, n° 107, septembre 2014, p. 64).

• Sur Charles Péguy, on pourra par ailleurs   consulter un livre récemment paru : Marie Velikanov, La sainteté chez Charles Péguy (éditions du Cerf, 2019, 346 p., 29 €). Il s’agit du  texte remanié d’une  thèse de doctorat ( Langues, lettres et civilisation, Metz, 2017).

• Carlo Collodi est l’auteur des Aventures de Pinochio, parues en 1880 dans le Giordale dei bambini. La dernière édition française de ce chef d ‘œuvre universel de la littérature pour enfants est parue chez Albin Michel en 2018 (144 p., 25 €). Virginie Ansel, l’animatrice montluçonnaise de Radio-Gozette et son fils de dix ans en proposent une “spéciale lecture” chaque jour , sur le site de la librairie La Gozette

559_001 (2) Albert Londres, victime du Covid-19…Les 11è  Rencontres Albert Londres, organisées par  l’association Maison d’Albert Londres, avaient été  initialement programmées les 8 et 9 mai. Elles  ont été  reportées aux 26 et 27 juin à Vichy (en un lieu qui reste à préciser),  tout comme le Forum du livre de grand reportage et d’investigation. Pour Marie de Colombel, présidente de l’association, après cette crise du Covid-19, “il apparaît que proposer un moment d’échanges et de réflexions, serait appréciable”. C’est ce qui devrait pousser les organisateurs à envisager de revoir leur programmation en ce sens.

• L’Association François Péron, a publié le 41ème numéro de son bulletin annuel (janvier 2020). Au sommaire : Index des noms donnés aux côtes d’Australie, table récapitulative (Maurice  Sarazin) – Une surprenante rencontre (P. Dugard) – Compte-rendu de l’assemblée générale  du 17 décembre 2019 – L’enseignement médical à Paris à l’époque de François Péron (Maurice Sarazin) – Un Australien à Cérilly…

téléchargement◄ La princesse Maria Teresa de Bourbon-Parme est décédée le 26 mars 2020 à Paris, où elle était née le 28 juillet 1933. Parfois surnommée “la princesse rouge”, elle était docteure en sciences hispaniques et avait professé le droit constitutionnel à Madrid. Elle était notamment l’auteure de  Les Bourbon-Parme, une famille engagée dans l’histoire (éditions M. de Maule, 2014, 250 p., 22 €). Fille de François Xavier de Bourbon-Parme (1883-1977) et de Madeleine de Bourbon-Busset (1898-1984) qui s’étaient mariés le 13 novembre 1927 à Lignières (Cher), elle  était aussi  la filleule de sa tante paternelle, Zita de Bourbon-Parme, dernière impératrice d’Autriche. Maria Teresa de Bourbon-Parme avait vécu son enfance au château de Boszt, à Besson

téléchargement• Dans le Figaro (13/02), Astrid de Larminat rend compte du livre d’André Job, Giraudoux, l’humanisme républicain à l’épreuve (éditions Michalon, 120 p., 12 €) : “Avec finesse et distance, l’auteur analyse la cabale dont l’écrivain fut l’objet à partir des années 1960. Au fond, le républicain Giraudoux était un mystique, orphelin de religion. André Job évoque d’ailleurs des ressemblances avec Péguy”, écrit-elle.

• Dans le même numéro, Thierry Clermont analyse une anthologie des poèmes  de Frédéric Jacques Temple. Âgé de 99 ans, ami de Blaise Cendrars et de Henry Miller, il a été lauréat du prix Valery Larbaud 1990. En rendant compte de ce livre  publié sous le titre La chasse infinie et autres poèmes (éditions Gallimard, 369 p., 9,50 €), Thierry Clermont écrit : “À découvrir absolument, ce poète qui clame, face au vent et aux tourbillons de l’Histoire : « Je suis un arbre voyageur / mes racines sont des amarres ».

71PCTnywuUL._AC_UY218_ML3_• L’invité du Petit Théâtre Impérial à Vichy, le dimanche 16 février, était le dessinateur humoristique Riss,  de son vrai nom Laurent Sourisseau. Directeur de Charlie Hebdo, il a passé son enfance à Moulins. Il est l’auteur de  Une minute quarante neuf secondes (éditions Actes Sud, 311 p, 21 €), un ouvrage dans lequel il revient sur l’attentat terroriste  dans les locaux de Charlie Hebdo, qui avait fait 12 morts parmi les rédacteurs et dessinateurs  de l’hebdomadaire satirique. C’était  le 7 janvier 2015.

• Picard d’origine, installé dans le Cantal depuis plusieurs décennies, Laurent Tellier a été maire du village de Marmanhac, entre  2001 et  2012.  Son livre  Pourquoi ne m’a-t-il rien dit? : tome 1 : De la griserie des années folles à la folie des années grises (éditions de  la Châtaigneraie, 18 €) “est né du désir de (se) façonner un passé aventureux« . C’est ce qu’il a  déclaré dans une interview publiée par La Montagne (21/02), avant d’ajouter : “Ce livre est ma façon de dire merci avec beaucoup de mots à mon père et à ma mère…”

téléchargement (2)◄ Roland Tèche, bien connu dans le milieu musical, vient de faire une incursion dans le monde des livres en publiant  Chantons nos nouvelles régions de France, un livre préfacé par le chanteur Gilbert Montagné. Il a pu rencontrer le public à l’occasion d’une séance de dédicace, organisée le 22 février, dans les locaux de  la bibliothèque municipale du Donjon.

• La revue du Crieur (n° 15 – 2020) comporte la traduction d’un article de James Mac-Auley, consacré à l’essayiste et polémiste Renaud Camus, né à Chamalières, en 1946. Il s’intitule “Renaud Camus, idéologue  mondial et kitsch du suprématisme blanc. De la contre-culture gay à l’obsession du “grand remplacement”.

téléchargement◄ Bernard Lugan, historien et journaliste, spécialiste de l’histoire de  l’Afrique, qui résida  quelque temps à Charroux, vient de publier un  Atlas historique de l’Afrique (Ed. du Rocher, 2018, 423 p.). Un des principaux syndicats d’enseignant de l’Allier, la FSU de l’Allier, s’était ému auprès du maire de Vichy du fait qu’il puisse venir donner une conférence, le 25 janvier, dans les locaux du Centre culturel Valery Larbaud, dépendant de la mairie. Cette conférence était placée sous les auspices du   Cercle Gustave Thibon, une association  qui s’inscrit dans la mouvance monarchiste. En réponse, le maire de Vichy  a publié un communiqué selon lequel “aucun trouble à l’ordre public n’a précédemment été relevé et ne justifiait l’interdiction de la conférence de Bernard Lugan, lequel n’a jamais fait l’objet d’une condamnation judiciaire”. Autre argument mis en avant : le Centre culturel est ouvert à toutes les associations, donc, en l’espèce, au Cercle Gustave Thibon.

téléchargement (1)• Dalie Farah, née en 1973, professeure agrégée de lettres, est l’auteure de Impasse Verlaine (éditions Grasset, 2019, 217 p., 18 €). Dans le cadre du Prix littéraire des jeunes apprentis lecteurs, organisé par la région Auvergne Rhône-Alpes, elle est venue au lycée Albert-Londres à Vichy pour parler de ce roman. En grande partie autobiographique, il traite de  la relation, pleine de haine et de violence, mais aussi d’amour, entre  la fille et sa mère, l’héroïne.

• PETITES CHRONIQUES

DES  MUNICIPALES

• Ils sont écrivains, éditeurs, artistes et ils résident en bourbonnais ou y ont gardé des liens, au point de se présenter aux dernières élections municipales… Passage en revue de ces candidates et candidats pour lesquels les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances...

86724288_2997521250267344_7298271113857990656_o◄ La liste “J’aime Gannat”, menée par Aline  Jeudi pour les élections municipales du 15  mars, se voulait “citoyenne, paritaire et représentative de la population locale”. Sur cette liste, figurait  Josiane Hack, 61 ans, auteure de romans policiers. Elle a publié de nombreux titres, sous le nom de Josie Hack, dont en dernier lieu  Meurtre en macro, Lagarde enquête à Boudes (Gannat, éditions du Chardon, 2019, 307 p., 15 €). Même si J’aime Gannat a obtenu  près de 34% des voix, Véronique Pouzadoux, maire sortante a été réélue dès le premier tour. Josiane Heck, qui n’était pas en position éligible ne siégera donc pas au nouveau conseil municipal.

41W0KWGPoRL._SX312_BO1,204,203,200_◄ Municipales (bis)…La chanteuse Annie Gautrat, plus connue sous le  pseudonyme de Stone, avait décidé,  à 72 ans,  d’être candidate aux élections municipales, à Commentry. Elle figurait sur la liste  du maire UDI sortant Fernand Spaccaferri. Dans la presse, elle avait rappelé les liens gardés  avec l’ancienne cité minière où elle séjourne régulièrement dans la maison de ses grands-parents. Elle  avait aussi souligné son engagement dans la lutte contre toutes les formes de souffrances animales. En 2017, elle avait publié aux éditions Robert Laffont un livre de souvenirs intitulé Complètement Stone. Elle pourra désormais y ajouter quelques lignes, relatant sa défaite électorale, la liste sur laquelle elle figurait ayant été battue (de peu)  dès le premier tour.

56481815_2642053052535848_4964398022789169152_n◄ Municipales (ter)… Autre chanteur et compositeur qui s’était laissé tenter par les élections municipales, Richard Gotainer, le créateur de Primitif ou de la Samba du décalco. On lui doit aussi  de nombreux tubes publicitaires inscrits dans la mémoire collective, tels que Belle des champsSaupiquet, BN, Danette ou encore Banga. Propriétaire d’une résidence à Cérilly, où il passe une partie de l’année, il avait décidé de faire partie de la liste du maire sortant, Olivier Filliat. Un choix qui n’a pas été le bon puisque, comme pour Stone, la liste du maire sortant a été battue dès le premier tour.

89621782_657173975045982_5664389945855311872_o◄Municipales (quater)...Autre victime des Municipales, le Nérisien Philippe Chatel,  auteur et éditeur (Les éditions des Champs-Élysées). Après une première tentative infructueuse lors des élections législatives de 2017, il avait pris la tête d’une liste, Néris-les-Bains, demain, qui entendait bien conquérir la mairie de la station thermale. Ce ne sera pas pour tout de suite, la liste du maire sortant, Alain Chapy, ayant été reconduite dès le premier tour, tandis que celle de Philippe Chatel ne réunissait que 13,6% des voix. Il siégera toutefois au conseil municipal.

35084_105171182870437_4166180_nMunicipales (quinquies)… À Montluçon, sur la liste conduite par le maire sortant, Frédéric Laporte, figurait Jean-Pierre Momcilovic, maire adjoint depuis 2001. Il est par ailleurs l’auteur de plusieurs romans policiers parmi lesquels  Salade verte, sauce OGM, Overdose, Au nom du dieu Soleil, Sang pour sang… Pour savoir s’il est, ou non reconduit, faute de vainqueur au premier tour, il lui faudra attendre le 2è tour du scrutin. Initialement fixé au 22 mars, on sait qu’il a été repoussé à une date ultérieure, non précisée, pour cause d’épidémie de Covid-19. D’ici là, les amateurs de romans policiers pourront se plonger dans la lecture de son dernier roman, La loi du boomerang, téléchargeable sur le site Rakuten-Kobo.

7305031-diaporama• Les Grandes Rencontres de Vichy (ex Grand débat) ont eu lieu les 6, 7 et 8 mars, au Palais des congrès à Vichy. Sept  invités figuraient au programme : Dominique Sigaud, Abdennour Bidar, Bernard Kouchner, Jérôme Fourquet et  Patrick Pelloux, ainsi que Jacques Drillon. L’occasion pour ce dernier de se voir remettre officiellement le 54ème  Prix Valery Larbaud pour son essai autobiographique Cadence (publié par les éditions Gallimard).

• À  Saint-Pourçain-sur-Sioule, la 13ème  saison de conférences organisée par Les Amis de Frédéric Charmat a été ouverte par Annie Regond qui a traité d’un sujet d’actualité : la cathédrale Notre-Dame de Paris.  Selon elle,  le délai de cinq  ans fixé par le président de la république pour sa rénovation apparaît comme  peu probable.

téléchargement (3)• Dans la revue Études théologiques et religieuses (Tome 94, 2019/4, p. 597-613), figure une étude de Bernard  Rordoff, “Luther et Pascal, lecteurs de Romains 13 : les conditions de l’obéissance des chrétiens aux autorités”. Pour l’auteur, le fait que les autorités soient ultimement référées à Dieu, loin d’opérer une justification théologique du pouvoir politique, en marque le caractère relatif et limité.

• Boris Vian : un homme singulier aux multiples talentsTel était le thème de la conférence de Frédéric Fossaert, donnée au Centre culturel de Vichy, Le 24 février.

• Le livre de François Hollande, Leur république, publié par les éditions de Borée, le 12 février, avait été tiré initialement à 25 00 exemplaires. Compte tenu du succès rencontré, l’éditeur a dû envisager un deuxième tirage, dès la mi-mars. Dans cet ouvrage, l’ancien président de la république décrypte les institutions de la Vè république et il explique à destination du jeune public  le fonctionnement de la démocratie. Au passage, il aborde des sujets sensibles et il consacre un chapitre entier à la laïcité.

• SALON DES PLUMES D’AUVERGNE

87030741_10157902532799508_5055264708840390656_n• Le 8 mars, le 13ème Salon des Plumes d’Auvergne a rassemblé pas moins de 42 écrivain(e)s, Espace Monzière, à Bellerive-sur-Allier. Organisé par l’association une Mémoire pour l’avenir, que préside Gisèle Gaston, il s’est affirmé au fil des années  comme l’une des principales vitrines de  la littérature régionale, en Bourbonnais. Parmi les auteurs présents, l’un des plus sollicités était l’humoriste bellerivois et parisien d’adoption Thierry Rocher, invité d’honneur du salon. Pour les organisateurs de la manifestation, ce salon qui gagne en notoriété chaque année, se présente plus que jamais comme “un bon marqueur de la qualité de la littérature régionale”.

• FÊTE DU LIVRE DE NEUVY (10 MAI)

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UNE TRENTAINE D’AUTEURS ÉTAIENT ANNONCÉS 

POUR LA XVè ÉDITION

unnamed• L’association Lecture et Loisirs avait inscrit à son calendrier   la 15ème édition de la Fête du livre à Neuvy, qui devait se tenir le dimanche 10 mai, à la salle des fêtes. L’invité d’honneur était, cette année,  Yves Duteil, l’auteur, compositeur et interprète de “Prendre un enfant par la main” venu présenter et dédicacer ses ouvrages, parmi lesquels “Et si la clé était ailleurs” (éditions Médiaspaul). Cela aurait dû être sa troisième venue à cette manifestation.

• À ses côtés,  était annoncée  la présence  d’une trentaine d’auteurs et d’autrices : Agnès Marin, fille de l’acteur Christian Marin, qui est elle aussi une habituée de la fête du livre,  Sylvie Livet, auteure locale à qui l’on doit sept ouvrages, dont le dernier paru, “Il faut aimer la vie même si…”,  Brigitte Beaumont (autrice et éditrice), Gérard Georges, Albert Ducloz, Jean-Charles Gaumé, Guy Coissard, Samuel Chardon, Jean-Emmanuel Stamm. On pourra également rencontrer Christophe Masson, Elyane Rochefort, Alain Coulon, Maurice Deschamps,  Catherine Montiel-Font, ainsi que des représentants de l’association Lire et faire lire. Finalement, les organisateurs ont été contraints  d’annuler cette manifestation, compte tenu des incertitudes liées à la propagation de l’épidémie de covid-19.

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• FÊTE DU LIVRE (BIS)

À BEAUREGARD-VENDON

• Autre manifestation d’envergure qui avait été annoncée,  la Fête du livre de Beauregard-Vendon (Puy-de-Dôme).  Organisée par l’association Mot à mot, elle aurait dû se dérouler  le dimanche 26 avril, à la maison des associations. Quarante-six auteurs, dont dix-huit nouveaux y   étaient  annoncés. Compte tenu de la situation sanitaire liée à l’épidémie de covid 19,  la manifestation a été annulée.

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Les auteurs présents à la Fête du livre en 2019

Si la Fête du livre avait été  maintenue, on  aurait pu  y rencontrer de  jeunes auteurs venus présenter leurs premiers romans. Parmi eux, on peut citer  Laëtitia Auvray, une jeune auteure de 16 ans, Pierre Joly,  Julien Moreau, journaliste à La Montagne, ou encore  Samuel Chardon. Ils  auraient été  entourés par des habitués de la Fête du livre, parmi lesquels  Albert Ducloz, Antonin Malroux, Gérard Georges, René Pagis, qui dédicaceront leurs parutions récentes. La liste des participants et de leurs œuvres est consultable sur le site Motamot63.fr.

• LE SITE DES ARCHIVES BIBLIOGRAPHIQUES

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 DE LA BNF ENTIÈREMENT RÉNOVÉ

• Le site de la Bibliographie nationale française, mis en ligne depuis 2011 et géré par la Bibliothèque nationale de France (BNF) a fait l’objet d’une refonte complète, qui va bien au-delà d’un simple toilettage et d’une amélioration de l ‘ergonomie.  Bien connu des  chercheurs, des bibliothécaires et des étudiants, il centralise une grande partie des ressources bibliographiques de la BNF reçus au titre du dépôt légal.

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Page d’accueil du site 

• Le moteur de recherche a été amélioré pour permettre  d’effectuer des croisements plus complexes, par sujets, par auteurs, ou encore par  types de publics, grâce à l’ajout de sections documentaires : les livres, les publications en série, les cartes, les partitions, les bandes sonores et  vidéo, ainsi que les ressources   multimédia. Le nouveau site permet désormais d’accéder aux notices du dépôt légal établies depuis les  années 1970, alors que la précédente version n’allait pas au-delà de 2001. Par ailleurs, chacune des notices  sera  téléchargeable et imprimable. Autre nouveauté : le site offre un  accès direct aux statistiques de l’année en cours, avec  un suivi des tendances de la création culturelle. Il permet aussi d’accéder à l’Observatoire du dépôt légal, qui publie chaque année un rapport sur la production culturelle française.

L’ACTU DES ÉDITEURS

Rebelle éditions

BIENTÔT DIX ANS DE PUBLICATIONS 

ENTRE FANTASTIQUE, THRILLER ET FANTAISIE

Astrid Lafleur• Il y aura bientôt dix ans, jeune Montluçonnaise, Astrid Lafleur, fondait les éditions Rebelle Édition, avec pour créneaux le fantastique, le thriller et la fantaisie. En 2020, Rebelle éditions est toujours active, ce qui dans le milieu de l’édition installée en province constitue  un véritable exploit. D’abord installée à Désertines, elle à depuis migré à Montluçon. Pour saluer cette performance, La Semaine de l’Allier (19 mars) lui a consacré un article, retraçant  son aventure qui a commencé en 2011.

• À l’origine, Astrid Lafleur n’avait aucun projet éditorial mais c’est la publication en 2009 d’un de ses  livres à compte d’auteur (l’éditeur demandant à l’auteur de financer  tout ou partie des frais) que le déclic s’est effectué. Outre le fait de créer sa propre activité pérenne, la fondation de Rebelle édition visait à aider les auteurs à concrétiser leurs projets sans passer par la case compte d’auteur, avec  les mauvaises surprises qui y sont liées.

Rebelle éditions - Copie

• Aujourd’hui, le succès est au rendez-vous. En moyenne, l’éditrice dit recevoir 500 manuscrits par mois. Le premier tri consiste à éliminer tous ceux qui n’entrent pas dans les thèmes de Rebelle, soit “tout ce qui n’est pas  fantastique, fantasy ou dystopies”. Après lecture du résumé des titres restants, la liste se réduit à nouveau : “Il y a beaucoup de choses dont on sait immédiatement, si ça vaut le coup ou non”, affirme l’éditrice, qui ne cache pas que ce travail est particulièrement chronophage.

Rebelle

• Pour les titres qui ont réussi à  franchir ces deux étapes, elle s’attaque ensuite à la lecture, avant de passer à la mise en page qu’elle effectue personnellement. Un travail lourd mais qui est tout sauf une corvée : “C’est un peu mon plaisir de faire de jolies pages qui changent de ce que l’on trouve habituellement”. Chaque livre est ensuite publié, avec un contrat d’édition à la clé, sans qu’il soit demandé la moindre participation financière à l’auteur.  Rebelle éditions est désormais une maison d’édition reconnue dont les publications sont régulièrement référencées par le revue professionnelles Livres Hebdo. Enfin, chaque mois, une lettre d’information annonçant les nouveautés et les événements (dédicaces, salons, animations…)  est publiée. Elle est téléchargeable sur le site de Rebelle éditions.

Contacts : Rebelle édition : 29 avenue des Guineberts 03100 Montluçon Tél : 06.13.82.91.13 – Courriels : contact@rebelleeditions.com

Accéder au  Site Internet Rebelle édition

• DISPARITION DE L’ÉDITRICE

JEANINNE BALLAND (1929-2020)

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• Figure marquante de l’édition, l’éditrice Jeaninne Balland, née le 10 mai 1929, est décédée le 17 avril. C’est elle qui avait fondé chez Calmann-Lévy la collection France de toujours et d’aujourd’hui, devenue depuis Territoires. Dès les années 1960, elle avait dirigé les éditions Balland aux côtés de leur fondateur, André Balland,  côtoyant alors d’autres grandes figures éditoriales comme Robert Laffont ou Pierre Belfond.

page-facebook-france-toujours2• Après avoir rejoint les Presses de la Cité, elle avait créé une collection de récits de combattants autour d’Erwan Bergot, officier parachutiste survivant de Dien-Bien-Phu,  devenu par la suite son mari. La collection comporte nombre d’essais historiques sur les grandes batailles françaises à l’étranger. C’est un manuscrit de Marie-Paule Armand,La poussière des corons, arrivé par la poste, qui l’avait poussée en 1976  à lancer chez le même éditeur ce qui allait devenir sa marque de fabrique:  une collection de romans régionaux, baptisée Romans – Terres de France.

jeannine_balland_bergot_web (2)• Elle avait ensuite poursuivi sa carrière aux éditions Calmann-Lévy en lançant en 2009 la collection France de toujours et d’aujourd’hui. Tout en faisant son succès d’éditrice, cette collection   a permis de faire accéder des auteurs à un lectorat  beaucoup plus large que celui de leurs seules régions d’origine. Parmi eux figurent aussi bien des auteurs déjà confirmés depuis longtemps, comme   l’Auvergnat Jean Anglade, le Limousin Jean-Paul Malaval, ou Antonin Malroux, que des auteurs qui depuis ont tracé leur chemin, tels que  Jean-Michel Thibaux, Eric Le Nabour, Edouard Brasey, Nathalie de Broc, Marie-Bernadette Dupuy. Dans le prolongement de ces succès, elle avait  initié en 2015 une nouvelle collection centrée sur “le polar de terroir”. Souvent snobée par une certaine critique germanopratine, elle s’évertuait à défendre cette littérature de région  qui avait su, selon elle,  trouver ses lecteurs “ attachés aux valeurs qu’elle véhicule, comme la solidarité, et qui sont un peu oubliées aujourd’hui dans notre société”.

téléchargement• Sa disparition n’a pas manqué de susciter de nombreux hommages. Pour Antonin Malroux, dont elle a publié une dizaine de romans chez Calmann-Lévy, “ elle était une grande dame de la littérature de terroir. Elle aimait les auteurs et elle les défendait à la manière d’un général avec ses soldats”. Florence Sultan qui dirige aujourd’hui les éditions de Borée, après avoir travaillé à ses côtés chez Calmann-Lévy, rappelle que lorsqu’elle a quitté les  Presses de la Cité en 2009,  c’était pour cette femme de 80 ans un véritable challenge, mais que presque tous les auteurs l’avaient suivie. Et d’ajouter   qu’elle les “tenait en rangs serrés”. Selon elle, Jeannine Balland “ a eu le génie d’étendre à toutes les régions de France la dynamique éditoriale de l’École de Brive. Elle aimait les auteurs qui racontaient la vie des gens et elle les entourait jusque chez les libraires

• PRODUCTION DES ÉDITEURS

QUEL BILAN EN 2019 ?

téléchargement (1)• En 2019, les éditions L’Harmattan et leurs filiales, ont confirmé leur première place dans l’édition française, avec 2 520 titre publiés, soit 109 de plus qu’en 2018. Suivent les autres grands groupes éditoriaux : Hachette (2 212 titres, dont 555 nouveautés), Gallimard (1 342 titres dont 315 nouveautés), Larousse ((894 titres, dont 185 nouveautés) et Classiques Garnier (782 titres).Viennent ensuite Flammarion (760 titres),  Nathan (755 titres) et Pocket (688 titres).

images• Globalement, le nombre d’éditeurs “actifs” (ayant publié au moins un titre en 2019) est resté stable pour la septième année consécutive (4 546 en 2019 contre 4 534 en 2018). Sur les 68 171 nouveautés publiées (+ 0,3%), 25 991 sont le fait de seulement 10 grands groupes qui représentent à eux seuls 38,1% de la production totale. Du côté de l’édition en région, De Borée (Clermont-Ferrand) a publié 193 titres en 2019, dont 39 nouveautés) soit 40 de plus qu’en 2018.

• Par catégorie, les romans dont la production avait connu une hausse continue depuis 2015 (de 9 370 titres en 2015 à 10 437 en 2018) ont marqué le pas, avec 10 160 titres publiés, soit une baisse de 277 titres. Même tendance pour les livres Jeunesse, avec 11 813 titres (- 153). Seuls les documentaires jeunesse sont en croissance (+ 7% de nouveaux titres). Quant aux livres d’art, leur production en baisse sensible depuis 2015 (de 5 913 titres en 2015 à 5175 en 2018), tend à se stabiliser avec seulement – 21 titres en 2019.

LES ÉDITIONS ARMAND COLIN

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FÊTENT LEURS 150 ANS

EN METTANT ERNEST LAVISSE  À L’HONNEUR 

Z112• Parler des manuels    Lavisse, c’est parler d’un temps que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître…au moins pour leur utilisation. Ces manuels d’histoire de France,  rédigés  par Ernest Lavisse (1842-1922),  ont en effet longtemps dominé l’enseignement de l’histoire, notamment à l’école primaire, au temps des “Hussards noirs de la république”…Au point que même sans les avoir jamais utilisés, nombreux sont ceux qui en ont entendu parler.

ZZZZ• À l’occasion de leur siècle et demi d’existence, les éditions Armand Colin, qui les publièrent pendant des décennies, ont programmé plusieurs événements. Fondées à l’époque de Jules Ferry et désormais spécialisées dans l’édition universitaire, elle ont d’abord conçu une exposition itinérante qui retrace leur propre histoire. Après avoir été inaugurée le 26 février, à Paris, dans les locaux de  la mairie du VIe -l’arrondissement où la maison Armand Colin fut fondée en 1870, l’exposition sera ensuite visible au Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges puis aux Rendez-vous de l’histoire de Blois.

Lavisse_elementaire_001_au_temps_des_gaulois• Dans le même temps, Armand Colin a souhaité  rendre hommage à L’histoire de France d’Ernest Lavisse, qui fut un des plus grands succès de  son catalogue scolaire. Durant deux décennies, il a dirigé la publication des célèbres ouvrages collectifs qui portent son nom : Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu’à la Révolution, 1900-1912, et L’Histoire contemporaine de la France, 1920-1922. Des manuels qui ont accompagné la formation de multiples générations d’instituteurs, de professeurs et d’élèves, contribuant à faire  naître et à inculquer, une véritable culture historique populaire en France, ce qui constituait un phénomène nouveau.

ZZZZZ
Charlemagne et  l’école

• Ils ont aussi véhiculé et inscrit dans la mémoire collective de nombreux “clichés”, au propre comme au figuré, à travers les  images. Par le texte et par l’illustration, c’est tout un roman national qui s’est forgé et transmis au fil des générations. Une lecture de l’histoire que les historiens ont remise en cause depuis longtemps.  Lavisse se montrait par exemple plus soucieux de présenter une reconstruction systématique de l’Ancien Régime en fonction de l’avènement de la République, plutôt qu’une stricte recherche de la vérité historique. Les planches illustrées de la maison  Rossignol, qui ornaient les murs des salles de classe, allaient dans le même sens.

VDB Lavisse• Trois historiens contemporains se sont donc  attelés à la tâche de revisiter ce classique. En mai, Xavier Mauduit présentera La France du temps de Napoléon et tandis que Bruno Fuligny, proposera La France du temps des Républiques. Il faudra ensuite attendre septembre pour que  Jean des Cars fasse paraître La France du temps des Lumières. Autant de thèmes que Lavisse avait développés… à sa manière. En gardant à l’esprit la formule  qu’utilisait  l’historien, “ vulgariser n’est pas abaisser”,  les trois « revisiteurs » ont cherché à s’attacher “au quotidien de l’époque qu’ils abordenten  laissant de côté la politique mais aussi le jargon universitaire”. Par ailleurs, sans en préciser la date,, l’éditeur a annoncé la parution d’une édition  collector illustrée d’Ernest Lavisse. 

L’ACTU DES LIBRAIRES

•  LES LIBRAIRIES  BOURBONNAISES

INQUIÈTES POUR L’APRÈS CONFINEMENT

• Que ce soit à Montluçon, à Vichy ou à Moulins, les librairies indépendantes ont dû baisser le rideau dans le cadre des mesures de confinement appliquées dès la mi-mars, avant d’être prolongées au moins jusqu’au 11 mai. Deux mois de fermeture découlant du fait que les librairies n’ont pas été incluses dans la catégorie des commerces prioritaires…Ce qui n’a pas empêché les grandes surfaces de continuer à proposer des livres à la vente, sans parler d’Amazon..

logo-moulins-aux-lettres (2)• Ces librairies, déjà considérées comme des commerces “fragiles, ont vu leur trésorerie fondre, au point que plusieurs envisageaient, à la mi-avril, l’avenir avec un grand pessimisme. Pour parer au plus urgent, diverses initiatives ont vu le jour. À côté de la mise en place, notamment  à Vichy,   de la livraison des livres qui avaient été commandés avant le confinement, Gilles Lacour, propriétaire de la librairie Le Moulins aux Lettres, à Moulins, a eu l’idée de lancer des “bons d’achat Covid 19” pour soutenir sa trésorerie. D’un montant minimum de 50 €, ils sont valables pour tout achat entre la date de réouverture, dès qu’elle sera connue, et le 31 décembre 2020. En outre, pour chaque tranche de 50 € d’achat, le souscripteur se verra remettre un livre gratuit.

31732401_1641624889239133_1714789341017931776_o (2)• Les difficultés ont également touché les libraires spécialisés dans le livre ancien. Bruno Cadiou, propriétaire de la librairie Cadiou – L’Écho du passé, à  Moulins, a assuré avoir perdu 85% de son chiffre d’affaires entre le 15 mars et le 15 avril. Un effondrement des ventes en librairie qui n’a pas été compensé par les ventes sur Internet. Même scénario pour son collègue Jean-Luc Devaux : “En temps normal je vends un ou deux livres par jour. Aujourd’hui, je suis à trois par semaine sur internet, je suis inquiet”.

• À GUÉRET, LA LIBRAIRIE 

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DEVIENT LES BELLES IMAGES

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Anne Tingaud

Une librairie  qui ne se retrouve pas transformée, faute de repreneur,  en agence immobilière, en pizzeria ou en éphémère magasin de vêtements, cela mérite d’être signalé. C’est ce qui est arrivé à Guéret, chef-lieu de la Creuse, où Aux belles images, la seule librairie généraliste indépendante, vient de faire l’objet d’une reprise, devenant au passage  Les belles images. Tenue depuis quatre décennies par Anne Tingaud, sa fondatrice, la librairie de 100 m2, qui a réalisé 230 000 € de chiffre d’affaires en 2019,  a été reprise par Elodie Soulé, installée à Guéret depuis plusieurs années. Le (léger) changement d’enseigne s’explique par sa volonté ferme de garder la couleur de la librairie, tout en y apposant sa patte.

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Élodie Soulé

• Pour Élodie Soulé, c’est une étape totalement nouvelle de sa vie professionnelle qui s’ouvre. De formation littéraire, elle a  été successivement responsable de salles de cinéma d’art et d’essai, puis fonctionnaire en mairie, avant de suivre les formations dispensées par l’INFL qui lui ont permis de concrétiser cette reprise. Les belles Images conserveront leurs rayons dédiés aux alternatives sociales et à l’écologie, qui sont un peu sa marque de fabrique de librairie militante, tout en développant les rayons BD indépendantes et romans graphiques. Élodie Soulé devra faire face à  ses trois concurrents locaux : l’Espace culturel Leclerc,   la librairie pour la jeunesse Au fil des pages et la Maison de la presse

.Savoir plusAprès quarante années passées dans la librairie qu’elle a fondée à Guéret avec son mari, Anne Tingaud a passé le témoin à Elodie Soulé. Une nouvelle page s’ouvre ce mardi 3 mars, sous les arcades de la rue Eugène-France”… (► Lire la suite de l’article sur le site de La Montagne – Entreprendre)..

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• APRÈS LE TEMPS DE LA RENAISSANCE,

LE TEMPS DE L’ESSOR QUI SE CONFIRME

• Au bord du gouffre en 2014, entraînée dans la chute par le dépôt de bilan  de sa maison-mère et propriétaire, Chapitre, la librairie des Volcans, ouverte dans les années 1970 à Clermont-Ferrand revient de loin. Six ans plus tard, après la reprise effectuée par une partie de ses salariés, réunis autour de Martine Lebeau, la Scop Les Volcans affiche une bonne santé. Outre la librairie clermontoise, elle a racheté  la librairie Horizons, à Riom et l’ensemble  représente 6,7 M€ de CA pour les Volcans et 0,3 M€ pour Horizons. Sur les 45 salariés employés sur les deux sites (2 340 m2 de surface de vente), 22 ont choisi de devenir sociétaires de la Scop. “En retrouvant notre indépendance nous avons retrouvé un fonctionnement normal de librairie. Et avec le soutien de nos fournisseurs, de la ville et de nos clients, la librairie est repartie comme une fusée”, confie Martine Lebeau dans une interview publiée par Livres Hebdo (n° 1251 – 21 février). 

• Sur le choix du statut de Société coopérative et participative, elle considère que c’était la meilleure des solutions, en poussant “certains salariés à s’impliquer, à prendre des responsabilités et à révéler des qualités insoupçonnées”. L’audace et la prise de risques qui ont permis le maintien des Volcans ont également suscité un courant  de sympathie auprès des Clermontois, au-delà de la clientèle habituelle. Après avoir atteint 12 M€ avant le passage dans le giron de Chapitre, le chiffre d’affaires qui était tombé en 2014  à 5,7 M€ est reparti à la hausse avec 6,7 M€ pour les seuls Volcans. Une croissance qui a aussi touché les effectifs, passés de 33 à 45 salariés.

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L’équipe de la librairie 

• Derrière ce succès, il y a d’abord eu l’enthousiasme et la prise de risque  de douze salariés qui, pour la plupart avaient 15 à 20 ans d’ancienneté dans la maison. Passé ce stade, il a fallu maintenir la cohésion du groupe initial, en réglant les contentieux. L’équipe a choisi de faire appel à un coach pour servir de médiateur. Résultat : de 12, le nombre de sociétaires est passé à 22 et tout salarié ayant un an d’ancienneté se voit désormais proposer d’entrer au capital.

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Martine Lebeau, “patronne” de la Scop jusqu’en 2022

• Autre avantage, le formule Scop a favorisé l’autonomie des salariés : “Tous les vendeurs sont responsables d’un rayon et le gèrent pleinement. Ils reçoivent les représentants, choisissent les livres, définissent les quantités, font les présentations en rayon et en vitrine, effectuent les retours… Le tout sans objectif chiffré et sans budget préétabli”, explique la gérante des Volcans. Le système se veut démocratique, dans la prise de décisions : lors des réunions mensuelles pour faire le point et prendre des décisions, chaque sociétaire a droit à une voix, quelque que soit sans ancienneté.  Pour la gestion du quotidien, c’est Martine Lebeau, élue jusqu’en 2022 par le personnel, qui s’y colle.

• Après avoir atteint sa vitesse de croisière et renoué avec les bénéfices, la Scop compte peaufiner et agrandir légèrement la surface de vente des Volcans ainsi que le patio, qui sert de cadre  pour les animations. Pour Martine Lebeau, l’enjeu principal est désormais la transmission, son départ pour cause de retraite étant annoncé pour 2022. D’ici là, il lui faudra convaincre une ou un sociétaire de prendre le relais.

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• UNE INITIATIVE DE LA LIBRAIRIE LES VOLCANS

ET DE LA B.U. CLERMONT-AUVERGNE

• Pour occuper la période de confinement, la librairie Les Volcans et la  Bibliothèque universitaire Clermont Auvergne, avec le concours des éditions Buchet-Chastel, ont uni leurs efforts afin de  proposer sur  une page Facebook les textes issus du livre de Marie-Hélène Lafon, Album. Chaque jour, depuis le 25 mars, l’un des vingt-six textes composant l’ouvrage est ainsi posté sur la page Facebook intitulée  Sur la pile. Paru en 2012, Album se définit comme une “célébration du Cantal à travers vingt-six textes en prose formant un abécédaire poétique”.téléchargement Pour Sylviane Coyault, professeure de lettres à l’Université Clermont Auvergne, c’est avant tout “une présence sensible: couleurs, odeurs, toucher – une expérience charnelle. Car Marie-Hélène Lafon flaire le pays, elle le goûte, le caresse, elle s’en empare à pleines mains. Son écriture adjective, qui en permet l’exacte saisie, est le signe d’un véritable assentiment au monde”. Sur la pile, qui  se veutun club de lecture”, permet de lire le texte, de le commenter, que ce soit en mots ou en images. Pour poursuivre dans cette voie, des auteurs et des éditeurs seront  sollicités pour qu’exceptionnellement ils accordent gratuitement la possibilité de mettre à disposition des textes récents encore sous droits. 

L’ACTU DES BIBLIOPHILES

• LA BIBLIOTHÈQUE LITTÉRAIRE

DE GEORGES POMPIDOU DISPERSÉE

1580143053927408• Après la très riche bibliothèque de François Mitterrand, dispersée en octobre 2018, c’est au tour de celle de Georges Pompidou (1911-1974), autre président amoureux des lettres, de subir le feu des enchères. Professeur de lettres classiques et auteur d’une Anthologie   de la poésie française, l’Auvergnat natif de Montboudif avait toujours conservé “un rapport étroit, presque charnel, avec les livres”, y compris après son accession au pouvoir, d’abord comme premier ministre du général de Gaulle (1962-1968) puis comme président de la république (1969-1974).

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Les Fleurs du mal

• Quarante cinq ans après sa mort, c’est “sa bibliothèque littéraire et politique”, que ses héritiers ont décidé de vendre, le 28 février, lors d’une vacation organisée par le commissaire-priseur Jérôme Delcamp, à l’hôtel Ambassador. L’inventaire  comportait 141 lots, avec une estimation globale de 150 000 € pour l’ensemble. Sur les rayonnages, figuraient notamment  Une saison en enfer, d’Arthur Rimbaud, de grands classiques de la littérature, tels que Le rouge et le noir, de Stendhal, ainsi qu’une édition de L’étranger, d’Albert Camus, estimée entre 8 et 10 000 €. Autres livres remarquables : Baudelaire, avec une édition originale des Fleurs du mal (6 à 8 000 €), et “un exemplaire en jolie reliure janséniste” des Pensées de Blaise Pascal.

• Finalement, la majorité des lots s’est vendue entre 350 et 5 000 € pour un total qui a dépassé  l’estimation de 150 000 €. Selon un libraire de livres anciens,  « Ces livres courants ont fait deux à trois fois les prix du commerce à cause du nom« . Pour les spécialistes, on est donc   loin, en qualité et en originalité, de la bibliothèque  XXe siècle de François Mitterrand► Accéder au catalogue de la vente.

EN BREF…

couv.2• Dans le  Catalogue de la vente Ader, Lettres & manuscrits autographes (6 février 2020, Paris), figuraient trois écrits du compositeur Emmanuel Chabrier (1841-1894) : n° 49 : Lettres autographes signées, 1888-1892, à son fils Marcel (34 p. –  1 500/1 800 €) – n° 50 : 2 Lettres autographes signées. et 1 Lettre autographe signées (avril-novembre 1890) adressées à sa femme, (7 pages –  250/300 € – n° 51 : 5 Lettres autographes signées adressées à sa femme (mai-septembre 1891) (14 pages 500/600 €)

• Autres manuscrits inscrits dans cette même  vente, 27 lettres autographes signées par le musicien, compositeur et chef d’orchestre montluçonnais André Messager (1853-1929). Écrites sur la période 1888 – 1892, elles sont adressées à Léonce Détroyat . Cet ensemble de 46 pages  contient notamment des  textes sur “Madame Chrysanthème”, comédie lyrique créée le 30 janvier 1893 (1 000/1 500 €)

annonce• Le catalogue de la vente De Baecque (22 et 23 janvier 2020, à Lyon), comportait plusieurs œuvres de Valéry Larbaud :  n° 148 : Enfantines ; eaux-fortes par Jeanne Rosay, Germaine Labaye, Halicka, Hermine David – Gallimard, 1926, 4 volumes –  300/400 € – n° 149 : Beauté, mon beau souci… – Editions de la Nouvelle Revue Française, 1920. Illustrations de Jean-Emile Laboureur – 1 000 /2 000 € – n° 150 : Allen. – Chronique des lettres françaises, 1929. Édition ornée de 11 bois originaux de Paul Devaux dont 8 en couleurs  – 200 / 300 €.

Vente ADER Paris 3 mars 2020 : Bréviaire à l’usage de Bourges, vers 1450 : Petit in-folio, 82 ff  (estimation : 3 000 / 4 000 € –   Marguerite Audoux : Marie-Claire. (éditions  Les Éclectiques du livre, 1930. – 252 p). Cette édition tirée à 170 exemplaires, est illustrée de plus de 200 bois originaux gravés par le peintre, graveur et  illustrateur Gabriel Belot (1882-1962)  (Estimation :400/ 500 €).

L’ACTU DES MÉDIAS

RADIO & TÉLÉVISION

OLIVIER FENIET, JOURNALISTE À FRANCE 2

DE MONTLUÇON À FRANCE TÉLÉVISION, VIA SCIENCES PO

data_3_0• Lors de ses journaux télévisés, France 2 a dépêché sur le terrain ses reporters pour rendre compte des effets de l’épidémie de Covid-19. Une occasion de voir à l’écran, Olivier Feniet, un jeune journaliste du service Enquêtes et reportages de France 2 et France 3, envoyé notamment à Mulhouse, là où l’épidémie  était la plus intense. Né à Montluçon, le  13 juin 1995, Olivier Feniet  y a effectué sa scolarité notamment  au collège Jules-Ferry (2006-2010) puis au lycée Madame de Staël (2010-2013). Un lycée où il a décroché le bac avec mention “Très bien”, assortie des Félicitations du jury.

• Il a ensuite été élève à Sciences Po, avant d’opter pour le journalisme et de décrocher un master  en journalisme. C’est à Sciences Po, sur Germaine FM,  qu’il a fait ses premières armes (2014-2015), en tant qu’animateur de l’émission hebdomadaire Sous la Couette qui  traitait de l’actualité politique et culturelle française ainsi que de la vie associative à Sciences Po. Il a été en même temps chroniqueur dans PAF, l’émission consacrée aux  médias et interviewer dans l’émission politique Le Grand O. En septembre 2016, il a rejoint France 2 comme “apprenti” puis comme rédacteur au service Société. Depuis juin 2019, il est rédacteur pour le service Enquêtes et reportages de France 2 et France 3.

• FRANÇOIS DESNOYERS,

UN AUTRE MONTLUÇONNAIS JOURNALISTE

AU SERVICE ÉCONOMIE DU JOURNAL LE MONDE

FDesnoyers• Autre journaliste d’origine Montluçonnais, fils d’un couple d’enseignants,   François Desnoyers a fait lui aussi ses études au Collège Jules-Ferry et au lycée Madame de Staël. Titulaire d’une maîtrise d’histoire et diplômé de l’Institut pratique de journalisme (IPJ) de Paris en 2003, il a commencé sa carrière à l’agence de presse TV Agri, où il a suivi durant plusieurs années l’actualité politique et économique de l’agriculture. Il  travaille aujourd’hui au service économie de  journal Le Monde. Parmi ses derniers articles, on peut citer Santé : la traque d’un gaz cancérigène, le radon, débute dans les entreprises (11 mars), Dans les entreprises, la “prime Macron” s’essouffle (29 janvier), La médecine du travail face caméra : les limites de la téléconsultation (8 janvier), Le turnover des salariés pénalise la sécurité informatique, Fuite d’informations confidentielles, cyberattaques : le départ des collaborateurs peut exposer les données de l’entreprise à des risques majeurs (11 décembre 2019). Tout en contribuant au site fait-religieux.com il est aussi le correspondant parisien du groupe Centre-France (La Montagne, Le Populaire du Centre…)

• LE BOURBONNAIS… UNE “MADELEINE”,

POUR AUGUSTIN TRAPENARD

• 21 cm, l’émission littéraire présentée sur Canal+  depuis 2016 par le Bourbonnais Augustin Trapenard , était consacrée, le 24 février,  à l’auteure clermontoise Cécile Coulon, qui publie par ailleurs des chroniques dans le supplément dominical de La Montagne. Une occasion pour le quotidien régional de brosser le portrait du celui qui apparaît comme le Monsieur Culture des médias (presse, télévision et radio). Amoureux de culture, tout autant que de sa province d’origine, à 41 ans, il anime  21 cm, “l’émission littéraire que l’on peut regarder en mangeant du pop-corn”. On peut  aussi le retrouver  dans l’émission Boomerang, sur France Inter. Le journal Le Monde parle de lui comme le “féllinien funambule  aux deux millions d’auditeurs

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 • S’il reconnaît que “L’Auvergne est vraiment le plus bel endroit du monde”, Augustin Trapenard avoue ne pas pouvoir se dire auvergnat, “même si (son père) y a une maison, et (son) frère y travaille (…) C’est un endroit où je me sens profondément bien. L’air n’est pas le même. L’espace. L’eau est délicieuse. Même la terre a un parfum.”

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Quand Augustin Trapenard reçoit Cécile Coulon (Canal+/P. Mazzoni)

• Il définit ainsi son attachement pour le  Bourbonnais, où il dit revenir au moins cinq à six fois par an : “ C’est l’histoire de famille. C’est peut-être une madeleine. Ça représente ce que je suis essentiellement. C’est aussi un système de références. Une façon de penser le monde. Pour mon père, il n’y a rien de plus important que la terre. Il est éleveur de chevaux avant d’être maire de Lalizolle. Mon frère est entraîneur de chevaux aussi.

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Lalizolle, un coin de campagne bourbonnaise

• Alors que certains voient en lui un parisien, tendance germanopratine, il rappelle que les noms des arbres, des animaux, des terres, il les a appris auprès de ses parents, en arpentant la campagne bourbonnaise. Lorsqu’il lui arrive de se dire “Auvergnat”, il confie que son père, qui a été maire de Lalizolle,  ne manque pas de lui adresser un message, lui rappelant que “Non, on est Bourbonnais. Au passage, on apprend que  Trapenard viendrait “d’attrape renard” en patois. Tout un programme…

PRESSE

• COVID-19 : LA PRESSE RÉGIONALE

CONTRAINTE À S’ADAPTER

illustration_corona• Annulation de toutes les compétitions sportives, ainsi que des spectacles et manifestations culturelles, telles que conférences, expositions …L’information locale, une fois les élections municipales passées, s’est rétrécie comme peau de chagrin. Face à cet “assèchement” et aux autres difficultés liées à l’épidémie de Covid-19, autant pour la rédaction que pour l’impression et la distribution ou l’accès des acheteurs aux  points de vente,  la presse a dû s’adapter. C’est ce qui a poussé La Montagne (17 mars), à consacrer deux pages entières pour expliquer à ses lecteurs que “Face au coronavirus, le journal s’adapte”. “ Devant l’ampleur de la crise et afin de mieux vous accompagner, votre journal évolue. Continuons à faire vivre le lien social”, peut-on lire.

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La crise du Covid-19 résumée par des unes de La Montagne du 13 au 18 mars
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Site Web La Montagne (17 mars 2020)

• Sandrine Thomas, rédactrice en chef du quotidien régional confirme que, autant par l’édition papier que par son site Internet, le journal continuera à informer ses lecteurs,coûte que coûte”. Et de préciser :“Nous devons sur ce point (la crise du coronavirus) vous informer de la manière la plus complète et la plus  exacte possible. Nous vous en faisons la promesse : nous serons des remparts contre les fakes news”. Après avoir précisé que “il n’y a pas que le coronavirus dans la vie”, le journal promet “des moments de respiration”, avec  “de belles histoires, des rencontres, voire des jeux ou des idées pour occuper  ces parfois longues journées, sans pouvoir sortir”. Enfin, les différentes éditions ont été revues avec des fusions provisoires. C’est le cas pour  celles de Montluçon, Moulins et Vichy réunies en une seule, à compter du 18 mars. Dans le Puy-de-Dôme, il a été décidé de ne laisser subsister provisoirement que deux éditions, Clermont-Thiers-Riom et Clermont-Issoire-Sancy-Haute-Loire. 

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Autre conséquence, face à la difficulté  d’écouler une partie de  sa production papier, en raison de la fermeture de  nombreux points de vente, le groupe Centre France a dû revoir le modèle économique de son site Internet. Il  proposait, jusqu’à présent, de nombreux articles accessibles intégralement et gratuitement. Ils sont  désormais proposés en version payante avec accès par une formule d’abonnement mensuel. La formule basique permet un accès illimité, sans engagement de durée, moyennant 4,50 € par mois. D’autres formules, plus étoffées (et plus chères), sont également proposées sur le site du groupe.

• ET LA SEMAINE DE L’ALLIER, AUSSI

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• De son côté, l’hebdomadaire départemental La semaine de l’Allier a dû, lui aussi revoir sa présentation. Ses trois éditions (Moulins, Montluçon, Vichy) ont été fusionnées en  une seule pour toute la durée du confinement. Comme La Montagne, l’hebdomadaire a également cherché à développer la lecture de son édition numérique. 

• LA POSTE / QUOTIDIENS RÉGIONAUX

 MESSAGE REÇU QUATRE SUR SEPT

• La décision de La Poste de n’assurer que trois jours consécutifs de distribution du courrier (mercredi, jeudi et vendredi), a suscité de nombreuses réactions dans la presse écrite, d’autant qu’aucune concertation préalable n’avait eu lieu. Face à l’impossibilité d’assurer aux abonnés la réception régulière de leurs journaux, le groupe Centre France a pris l’initiative de lancer une pétition pour “faire bouger La Poste”.

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Dessin de Deligne

• Si l’initiative a pu susciter des réactions hostiles et parfois violentes dans les termes sur les réseaux sociaux,  elle n’en a pas moins entraîné  un mouvement de fond parmi les élus locaux, les lecteurs, les entreprises et les usagers. Au point de recueillir près de 12 000 signatures en moins d’une semaine. De quoi faire bouger (juste un peu) la direction de la Poste qui accepté de revoir son plan initial. Tout en maintenant une distribution sur 3 jours consécutifs, un 4ème jour sera ajouté, permettant de livrer le journal aux abonnés, soit le lundi, soit le mardi : “ Nous jugerons sur pièce la qualité du service rendu, les lundi et mardi. Mais nous pouvons  d’ores et déjà collectivement le saluer. Nous avons été entendus”, écrit la directrice des rédactions, Sandrine Thomas  dans La Montagne datée du 2 avril.

• DEUX MAGAZINES LITTÉRAIRES EN UN…

C’EST (PEUT-ÊTRE) POUR BIENTÔT

LIR_482_2020_01_23• Après avoir acquis, il y a cinq ans, Le Magazine littéraire, devenu depuis Le Nouveau Magazine Littéraire, Claude Perdriel souhaite désormais s’en séparer. Il projette de le céder à Jean-Jacques Augier et à Stéphane Chabenat, propriétaires depuis octobre 2017 de la revue concurrente  Lire. Celle-ci a été fondée en 1975, au sein du groupe L’Express.  Bernard Pivot en a assumé la direction jusqu’en 1993, avant  transmettre le relais à Pierre Assouline (1993-2004) puis à François Busnel (2004-2015).

• Ce projet n’a pas manqué de susciter des inquiétudes de la part de  la rédaction du Nouveau Magazine Littéraire au point de conduire la Société des journalistes à lancer une pétition, le 10 mars. Il s’agit d’informer les lecteurs  et, au delà, tous ceux qui ne souhaitent pas sa disparition. Ils demandent aux  écrivains, journalistes, universitaires et professionnels du livre de signer cet appel à Claude Perdriel, pour qu’il étudie d’autres projets de reprise du Nouveau Magazine littéraire.

NouveauMagazineLitteraire_07952_27_2003_2003_200227_Shakespeare_Couverture• Pour le potentiel repreneur, il s’agirait de fusionner les deux revues en une revue unique qui s’intitulerait Lire/Le Magazine littéraire et qui paraîtrait dix fois par an. En outre, seraient publiés des hors série.  Ils porteraient le double titre et, au coup par coup, en fonction des publics visés, soit le titre Lire, soit le titre Le Magazine littéraire. Pour les journalistes, si la fusion se réalisait, c’est l’existence même de la revue qui serait remise en cause, avec le risque pour les deux titres, aux lectorats différents, de perdre des lecteurs sur chacun des deux tableaux. En 2019, Lire a été  diffusé en moyenne à 52 000 exemplaires (- 8,6% par rapport à 2018) tandis que Le Nouveau magazine littéraire affichait une diffusion de 25 300 exemplaires, soit  une chute de 19,7% en un an.

• OUPS ! LA BOULETTE…

• Dans ses trois éditions de l’Allier datées du 12 février, La Montagne avait choisi de mettre à la une la photo d’un couple de seniors, sous le titre : “L’Allier veut prendre soin de ses seniors”. Un titre qui renvoyait à un intéressant dossier de deux pages qui ouvrait le journal en détaillant les mesures existantes et celles envisagées pour l’avenir, afin de faire face au vieillissement de la population bourbonnaise.

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L’édition de Moulins  et celle de Montluçon

• Si la mise en page de l’édition de Vichy n’a suscité aucune réaction, celle de l’édition de Montluçon et de Moulins a  entraîné des dizaines de commentaires sur la page Facebook du quotidien, entre humour, ironie mais aussi, plus rarement, mauvaise humeur…Il est vrai que sous la photo du couple de seniors figuraient des publicités pour…les pompes funèbres Faucheron (Montluçon) et  Krost (Moulins), cette dernière étant même chapeautée par une flèche semblant pointer en direction du couple. Deux Unes qui auraient été dignes de figurer dans une des rubriques du Canard Enchaîné, “les apparentements terribles”.